Vous n'en pouvez plus de voir la table des repas servir d'annexe scolaire et le buffet se transformer en étagère pour les trousses, les feuilles, les collages du service de garde et autres «bébelles» brisées. La pièce a toujours l'air d'un capharnaüm et vous êtes à bout.

Vous n'en pouvez plus de voir la table des repas servir d'annexe scolaire et le buffet se transformer en étagère pour les trousses, les feuilles, les collages du service de garde et autres «bébelles» brisées. La pièce a toujours l'air d'un capharnaüm et vous êtes à bout.

Retroussez vos manches et osez devenir parents. Le préado sera peut-être ravi de pouvoir s'enfermer dans son antre. Mais là où ça va faire mal, c'est quand vous lui annoncerez qu'il n'y aura pas de télé dans la pièce, ni de sans-fil, et, tant qu'à y être, pas d'ordinateur non plus. La totale.

Pour la télé, il semble qu'aujourd'hui, plus aucun parent ne peut raisonnablement affirmer qu'elle est utile à la concentration scolaire. Robert Darche, enseignant et consultant en apprentissage scolaire, n'en démord pas. Ces appareils n'ont pas leur place dans les chambres d'enfants. Il souligne que dans son école, des professeurs ont interrogé les élèves de 2e, de 4e et de 6e année. «On s'est rendu compte que beaucoup d'enfants étudiaient devant la télé! Et chez les ados, c'est encore pire», constate M. Darche.

Ces éléments de distraction peuvent avoir une influence négative sur les études. Ainsi, leur utilisation doit être limitée et encadrée. C'est pourquoi bien des professionnels de l'éducation estiment qu'on doit seulement les installer dans les bureaux et les salles de séjour. Récemment, une étude menée par des chercheurs universitaires américains a démontré que les enfants ayant un téléviseur dans leur chambre avaient des résultats scolaires nettement inférieurs aux autres.

Et l'ordinateur dans tout ça?

Pour ou contre l'ordinateur dans la chambre de l'enfant? Deux écoles s'affrontent. Reste que dans les magasins à grande surface, à peu près tous les bureaux sont conçus pour les ordinateurs. Il y a toujours cette fameuse tablette à glissière pour le clavier. Si on préfère garder l'ordinateur dans le bureau ou le séjour, on choisira alors pour la chambre de l'enfant une table de travail simple - style planche sur pattes - ou encore un bureau plus cher dans les magasins spécialisés. Dans certains cas, la tablette à glissière est cachée par un faux tiroir.

La designer Hélène Pelletier, de Saint-Lambert, elle, n'a rien contre l'ordinateur. Au contraire. Pour résumer sa pensée, on pourrait dire: «Ne jetez pas le bébé avec l'eau du bain.» En effet, ce n'est pas parce que certains jeunes abusent ou parce que des parents ont négligé d'encadrer leurs enfants que l'ordinateur dans la chambre à coucher est devenu un poison. «C'est un outil de travail pour les jeunes. Je ne vois pas de mal à le laisser dans leur chambre, à condition de surveiller», estime-t-elle.

Pour sa part, Marie-Claude Béliveau, mère de trois enfants de 8 à 14 ans, orthopédagogue et psychoéducatrice à Sainte-Justine, ne fait pas dans la demi-mesure. Comme il est impossible d'offrir un ordinateur à chacun, elle a décidé de consacrer une pièce au travail de tous. Elle a consenti au téléphone pour la plus grande, «mais sur la même ligne que la maison». Son fils de 12 ans, qui vient de déménager dans le sous-sol, a encore essayé d'avoir un Xbox, mais maman a dit non. «Il ira jouer chez son ami. Il le savait que j'allais encore dire non.»

Par ailleurs, Mme Béliveau a vu dans sa pratique plusieurs enfants et préadolescents extrêmement passifs en bonne partie à cause de la trop grande participation des parents dans les travaux scolaires! Ils ne les lâchent pas d'une semelle pendant qu'ils font leurs devoirs, les étouffent et les empêchent de développer leur autonomie en matière d'apprentissage. «Laissez-les étudier seuls», clame-t-elle.

Pour elle, le principe de base est clair: qu'un enfant ou qu'un ado ne s'isole pas trop dans sa chambre, absorbé par l'ordinateur. C'est aussi le point de vue de la designer Andrée Pellerin-Beck qui se demande si, au cours des années, la chambre n'a pas été détournée de sa raison d'être principale, à savoir le repos et l'intimité.

Une cuisine enfin libérée

Si on ne dispose pas d'assez d'espace pour transformer une pièce en salle de travail familiale, le coin étude a encore bel et bien sa place dans la chambre de l'enfant. Mais il peut y avoir des exceptions. Notamment pour un enfant qui entre à l'école. Il n'est pas toujours indiqué de l'abandonner à son sort dans sa chambre dès la 1re année. Après quelques mois, on peut le faire étudier dans sa chambre, quitte à venir l'encadrer de temps en temps. Pour d'autres parents, plus inquiets, un petit aura sa place dans la cuisine au moins jusqu'en 3e année. «Je pense que pour les 6-8 ans, la cuisine, c'est bien. Le temps que l'enfant prenne réellement de bonnes habitudes de travail», indique Robert Darche.