«Je ne sais rien! Je crée, c'est tout», lance avec fraîcheur la designer qui fait partie de l'équipe de Décors Price Amyot Price. Attablée sur la terrasse ensoleillée du restaurant Panache de l'Auberge Saint-Antoine, dans le Vieux-Québec, elle se surprend de l'intérêt qu'elle suscite auprès du Soleil. «Les gens se font une image tellement romantique de notre travail...»

«Je ne sais rien! Je crée, c'est tout», lance avec fraîcheur la designer qui fait partie de l'équipe de Décors Price Amyot Price. Attablée sur la terrasse ensoleillée du restaurant Panache de l'Auberge Saint-Antoine, dans le Vieux-Québec, elle se surprend de l'intérêt qu'elle suscite auprès du Soleil. «Les gens se font une image tellement romantique de notre travail...»

Pourtant, avec 25 ans de métier à son actif et une réputation qui n'est plus à faire, ici comme ailleurs, Monique Amyot pourrait facilement pavaner. Mais ce serait mal la connaître. Pour elle, tout est dans l'être et non le paraître. D'une discrétion absolue quand vient le temps de parler de ses récents projets, elle préfère ramener la conversation sur son travail qui, à son avis, n'en est pas vraiment un, tellement elle s'y sent bien.

Pour les curieux, il y a bien cet univers éclectique, parfois rigolo qu'elle a su mettre en place avec sa partenaire, dans les murs de l'auberge Saint-Antoine et qui illustre son boulot. Notamment son intérêt à mélanger les genres, les meubles et les accessoires sans retenue. «La présence de ceux-ci est toujours plus importante que leur provenance», juge Monique Amyot, catégorique. «Et ce n'est pas nécessaire de dépenser une fortune.»

«C'est un meuble du XVIIIe?», questionne-t-elle le nez en l'air sur un ton emprunté. «Mais je m'en fous», s'esclaffe la dame qui cache bien ses 72 ans.

C'est justement pour cette capacité à découvrir et à jumeler «ce qui marche ensemble», en faisant fi de toute règle établie, qu'on fait appel à ses services. «On le sait tout de suite», insiste Monique Amyot, en pointant nos chaises en plastique blanc, signées Philippe Starck, d'un pur modernisme sur la terrasse. Pourtant, elles s'agencent à merveille avec l'architecture des murs d'un autre âge de l'auberge. «Vous voyez, ça fonctionne», s'enthousiasme-t-elle.

«Je suis là pour orienter», poursuit la designer. Dans sa démarche très spontanée, elle défend l'importance de l'esthétisme. «C'est dans tout!» Une sensibilité qui lui vient de sa mère, raconte-t-elle. «Elle aimait les belles choses. Tout devait être beau et sobre, même dans les moindres détails.» Sans doute, un legs qui explique son plongeon dans cette carrière, sur le tard, une fois les enfants élevés. «Je n'avais simplement pas envie de me mettre au bridge!»

Inspiration

Mais ne parlez pas de «tendances» avec la spécialiste. «C'est absurde comme concept! Ce qu'il y a, c'est le beau!» Une puissante source d'inspiration qui la guide, souligne celle qui a suivi notamment des ateliers avec le peintre Jean-Paul Lemieux.

Puis il y a son intérêt envers le travail de Starck. «Lui, il sait s'amuser!» Nul doute dans son esprit que les atomes crochus seraient présents, si elle avait la chance de rencontrer le designer français. «J'aimerais bien dîner avec lui. Je suis certaine qu'on s'entendrait bien.»

Un côté ludique et flyé qui doit être présent dans les lieux qu'on habite et qui stimule Monique Amyot au plus haut point. «Dans la vie, il faut s'amuser!» Une façon de voir le design d'intérieur avec un grain de sel qui garantit qu'il ne deviendra jamais banal.

Une approche à ne pas négliger, avise l'artiste. Surtout à une époque où Internet met à la portée de tous, les produits et les inspirations du monde. Bien de son temps, la femme apprécie le Web et le rapprochement qu'il procure. Mais, du coup, elle craint le risque d'uniformisation des genres, à moyen ou à long terme, par cette «mondialisation» du design.

Malgré ses nombreux voyages où elle puise de nouvelles inspirations, c'est à Québec, sa ville natale, qu'elle vibre. «C'est une magnifique ville. Tous les jours, je me dis que je suis comblée.» Et où ce bonheur contagieux la mènera-t-elle? Nul ne le sait, pas même la principale intéressée.

«Où je vais? Je ne le sais pas... mais j'y vais avec joie!»