Crépi, acier, fibres de bois pressées, céramique grise, le tout sonne et résonne plutôt commercial à l'oreille. Et c'est exactement ce qu'elle voulait, pour pouvoir ensuite y apposer une touche colorée et très personnelle.

Crépi, acier, fibres de bois pressées, céramique grise, le tout sonne et résonne plutôt commercial à l'oreille. Et c'est exactement ce qu'elle voulait, pour pouvoir ensuite y apposer une touche colorée et très personnelle.

Çà et là, on retrouve des poutres structurales en bois aggloméré laissées nues.

Dès l'entrée, Mme Rhéaume nous accueille les deux pieds sur une grille métallique reliée à l'égout. Comme au magasin. L'escalier métallique, avec des tenseurs en acier, ajoute au cachet industriel. «Ça fait un peu paquebot», précisera l'architecte qui a conçu la maison, France Laberge.

Dans la cuisine, les panneaux d'armoire en simple MDF (fibres de bois de densité moyenne) ont été peints en rouge, en orangé et en rose pimpant. Cela procure une cure bonne mine tout à fait surprenante. Çà et là, on retrouve aussi des poutres structurales en particules de bois agglomérées laissées nues. Au sol, une céramique grise au touché brut a remplacé un plancher qu'on voulait en béton, mais «cet essai a été infructueux», indique la propriétaire.

«Nous, on tripait sur les matériaux, on voulait les montrer», explique Mme Rhéaume. Une mission que France Laberge a remplie avec plaisir en s'amusant à embellir des éléments composites abordables. «Ce projet, c'est du bonbon», lance l'architecte en regardant le produit fini.

Ce projet de maison a gagné un prix Nobilis en 2004.

À l'extérieur, la maison très cubique est recouverte de crépi et de bois. Forme et matière lui donnent une allure particulière mais la maison s'intègre toutefois bien au quartier. Mme Laberge explique que dans les années 30 et 40, en plein mouvement moderne, l'architecte suisse Robert Blatter a instauré ce type de construction plus épurée, plus abstraite dans la haute ville de Québec.

Construite sur un reste de lot étroit, cette demeure semble plus large à l'intérieur que ses 25 pieds de façade. Pour un effet d'ouverture tout en subtilité, l'architecte a incliné un mur à cinq degrés. Une coquetterie qui a fait pester tous les corps de métier.

«Quand tu fais du hors-standard, tu te bats avec tout le monde pour obtenir ce que tu veux. C'est toujours un bras de fer et il ne faut pas être pressé», a pu constater Mme Rhéaume. Mais il n'était pas question de déroger à leurs idées. Et au final, le projet a gagné un prix Nobilis en 2004.

Pour cette nouvelle demeure, les propriétaires ont voulu le salon à l'arrière de la maison et au niveau du sol. Un palier spécial a été rabaissé et d'immenses fenêtres laissent croire qu'on se trouve au jardin. Dans un coin, près du foyer, un petit salon de thé prend place sur un présentoir.

Les pièces, moins nombreuses, gagnent en grandeur. Certains murs ont été transformés en placards. «On ne voulait pas de walk-in, c'est une perte d'espace.»

À l'étage, Mme Laberge a imaginé une salle de bains en enfilade. Celle des maîtres, appelée «wet room», avec sa grande douche ouverte d'où «on peut arroser partout sans problème», est séparée par une porte coulissante du cabinet de toilette, lui-même isolé de la salle de bains d'Isaac, qui aura bientôt six ans. Cela constitue un arrangement idéal pour superviser la toilette matinale des enfants, assure Mme Rhéaume.

La touche d'Isaac

Le petit Isaac a aussi mis sa touche dans la maison. On retrouve sa trace notamment près de l'entrée. Sous trois horloges indiquant trois heures différentes, il a inscrit de sa main d'enfant Québec - Rome - Tokyo. Lui-même est déjà un grand voyageur.

Un petit salon de thé surélevé prend place dans cette grande salle de séjour abaissée au niveau du sol.

Toute la décoration de la maison est à l'avenant. Des souvenirs de l'étranger, il y en a partout. D'abord des photos, surtout d'Asie du Sud-Est, où la famille a séjourné un bon moment. Mme Rhéaume était photographe dans une autre vie. On retrouve aussi des «bibittes».

Sous verre, rassurez-vous. Puis des divinités, comme ces Bouddhas qui nous accueillent à l'entrée. Mme Laberge a imaginé une section en trois niveaux pour les mettre en valeur.

Dans la chambre principale, un voilage ramené de Bali définit voluptueusement le lit. C'est là presque l'unique touche décorative de la pièce. Avec l'accès au balcon et à la salle de bain privée, on se croirait à l'hôtel, souligne avec satisfaction Mme Rhéaume.

Juste à côté, se trouve la chambre d'Isaac, où trône une superbe batterie, toute colorée malgré ses murs blancs.

Étonnamment, les murs immaculés dans toute la maison ne refroidissent pas l'ambiance. Le plancher en bois huilé vient les réchauffer à l'étage, les petits blocs de verre insérés comme des tableaux dans certains murs diffusent leur lumière, les poutres en fibres de bois ont un petit je-ne-sais-quoi. Joyeux contraste, l'escalier en métal rouge donne aussi du teint à l'entrée.

Mme Rhéaume explique simplement le sentiment général: «La déco, c'est l'architecture de la maison».