Âgé de 35 ans, Xavier Lust est la star de cette dynamique délégation bruxelloise. Il se pointe au Québec avec la consécration du Designer's Club de Londres qui l'inclut dans sa liste des 100 meilleurs designers au monde. Assis à son stand sur l'«Extra Chair» de polypropylène qu'il a lui-même créée, il se lève en déployant deux mètres d'élégance pour jaser timidement avec les visiteurs. «Cette chaise éditée par Driade est un produit de grande diffusion qui se vend à peine 100 euros», souligne-t-il avec satisfaction.

Âgé de 35 ans, Xavier Lust est la star de cette dynamique délégation bruxelloise. Il se pointe au Québec avec la consécration du Designer's Club de Londres qui l'inclut dans sa liste des 100 meilleurs designers au monde. Assis à son stand sur l'«Extra Chair» de polypropylène qu'il a lui-même créée, il se lève en déployant deux mètres d'élégance pour jaser timidement avec les visiteurs. «Cette chaise éditée par Driade est un produit de grande diffusion qui se vend à peine 100 euros», souligne-t-il avec satisfaction.

«Le banc» de Xavier Lust est fabriqué avec une unique feuille d'aluminium.

Il estime que ce n'est pas son rôle de mousser ses propres créations, mais il le fait de bonne grâce en insistant sur la somme de travail qu'il a dû abattre pour atteindre cette notoriété internationale. «Tout a commencé en nonante-neuf (99) avec la mise au point du Banc, qui a ensuite été édité par l'entreprise italienne MDF», raconte-t-il. Ce meuble monochrome sculptural, d'apparence si simple, est fabriqué avec une unique feuille d'aluminium. «Mon approche du design est technique», résume-t-il.

Son compatriote Danny Venlet propose aux Québécois une chaise qu'on devine inspirée des marchettes de bébé. Baptisée Easy Rider, montée sur des roulettes, elle se prête à l'utilisation du téléphone et du portable. Ludique et fort jolie, elle est aussi instable et d'un bizarre...

L'Extra Chair de Xavier Lust est faite de polypropylène.

Michaël Bihain, 29 ans, nous arrive avec des porte-fruits pas piqués des vers. Le premier, mural et de forme hexagonale, est composé d'un assemblage d'anneaux de plastique, juste assez grands pour retenir une orange ou une pomme, par exemple. Le deuxième, longiligne et légèrement recourbé, est en bois. Les fruits peuvent y être alignés sans rouler les uns sur les autres, grâce à une fente au milieu, qui les retient bien en place.

Canapés

L'an dernier, le SIDIM avait eu l'idée de jumeler des designers à des fabricants, dans la section du salon nommée Mobilier d'ici à demain. En fin de semaine dernière, les couples de créateurs présentaient le fruit de leur collaboration.

C'est ainsi que le designer industriel Claude Mauffette, plus à l'aise avec les tire-bouchons et les tapis sauve-pantalons, a levé le voile sur le canapé qu'il a développé avec Nick Amendola, de l'entreprise Italdivani. «C'était un peu comme sauter dans le vide, a-t-il commenté. Car on était jumelé à quelqu'un qu'on n'avait pas choisi. J'ai aimé l'expérience, même si je l'ai trouvée difficile» Les deux hommes ont conçu, «sans honoraires», un canapé inusité et «spécial», aux lignes obliques et sans angle droit. «Je me suis moins soucié de l'ergonomie que du look, convient Claude Mauffette. Mais ce n'est qu'un prototype. Je suis content qu'il suscite la curiosité.»

Le fameux canapé Slideshow de Normand Couture s'expose en turquoise éclatant au SIDIM. Il est la simplicité même avec sa base, ses deux dossiers, ses deux bras et ses deux sièges qui peuvent être agencés de toutes les manières, selon les caprices de l'utilisateur. Il ne porte pas ombrage à sa dernière création, le sofa Jeu de société, qu'il a conçu dans le même esprit avec la designer Nancy Bergeron et qui leur a valu un deuxième prix du SIDIM dans la catégorie nouveau produit.

Le designer industriel Charles Godbout, lui, avait été associé au fabricant William. Ils ont créé le sofa XYZ, au siège rembourré, au recouvrement de laine et au système structural de plate-forme en aluminium et en acier, qui se rapproche de la philosophie du design utilisé dans l'industrie automobile (premier prix, nouveau produit).

Tables

Le jeune designer Jean-Michel Gauvreau, de GAU Designs, a fait tourner bien des têtes avec les tables qu'il offrait aux regards pour la première fois au SIDIM. Il utilise le bois et le métal avec beaucoup d'originalité. Il a inventé des tables qui servent de petits bancs, d'autres qui permettent de ranger des magazines dans des fentes découpées sur le dessus, ou cette inusitée composée de bandes de laque et de panneaux amovibles troués pouvant recevoir un vase ou un bol. Il a remporté un troisième prix (nouveau produit) avec une table fabriquée à même le bois d'une vieille poutre sur laquelle il a planté deux tubes d'acrylique polis intégrant un système d'éclairage LED sans fil. Et il est reparti avec une bourse de recherche et de développement de 5000 $.

Que dire de cette table d'appoint signée Sandra Taddeo! Présentée dans la section Éco Design, elle a la particularité d'avoir été fabriquée avec des disquettes de toutes les couleurs assemblées sur une structure métallique. Une lampe suspendue a été bricolée avec les mêmes matériaux inusités.

Chaises

Patrick Messier a fait sensation avec sa berceuse Mamma (ligne Éditorial), louangée dans les plus grands magazines internationaux de design. «Elle est fabriquée en Italie, évidemment», a statué un curieux fort impressionné. «Non, en Beauce, évidemment, car c'est la capitale mondiale de la fibre de verre», a répliqué du tac au tac le jeune créateur. «Et elle coûte combien?», s'est enquis le visiteur. «Six mille dollars, a répondu Messier. Et on en vend!» Elle a mérité un premier prix du SIDIM, en plus de valoir à son concepteur une bourse de commercialisation de 5000 $.

L'ingénieuse chaise Flip Flop d'Alexandre Lapointe.

La chaise Flip Flop d'Alexandre Lapointe a moins de panache. Mais elle est si pratique. Elle se plie, comme une chaise d'appoint traditionnelle. Et elle se replie sur elle-même, dossier contre dossier, afin d'être suspendue, sur un pôle de garde-robe par exemple. Avis aux investisseurs qui auraient envie de donner un coup de pouce au garçon pour l'aider à commercialiser son invention.

Encore

L'ébéniste montréalais Denis Korak a conçu une étagère fort ingénieuse, avec des blocs carrés modulaires qui peuvent être agencés de 1001 façons sur des montants de contreplaqué en merisier russe. Ces blocs peuvent rester ouverts ou être fermés avec des panneaux aux finis variés (érable, chêne, verre opalin, inox, acier perforé, cuir texturé, etc.). À son stand, son étagère bigarrée avait une allure à la fois pimpante et sophistiquée.

Marie-Eve Proteau et Nicolas St-Pierre, de l'entreprise trifluvienne Sarbacane, ont dévoilé les meubles fonctionnels et esthétiques qu'ils créent en couple, forts des talents d'artiste de la jeune femme et des compétences en ébénisterie du conjoint. Que voilà des meubles de rangement étranges, qui marient l'art, l'audace, l'originalité et le pratico-pratique.

Fabienne Tardif, une finissante de l'École nationale du meuble de Montréal, a mis la main sur un premier prix avec un banc d'église surmonté de vitraux. Mario Lafrenais, de la jeune entreprise Moine urbain, a séduit les visiteurs avec ses comptoirs de pierre naturelle québécoise qui lui ont valu un deuxième prix. «J'aime dépolir le trop léché», a-t-il résumé.