Les imitations de brique, pierre, bambou et contreplaqué côtoient le vénérable paysage grandeur nature, style coucher de soleil sur la forêt boréale. Si tout est cyclique, le retour du papier peint kitch s'explique-t-il autrement?

Les imitations de brique, pierre, bambou et contreplaqué côtoient le vénérable paysage grandeur nature, style coucher de soleil sur la forêt boréale. Si tout est cyclique, le retour du papier peint kitch s'explique-t-il autrement?

Pierre Cousineau, vice-président de la distribution de Papiers peints Blue Mountain, avance quelques bonnes théories sur la chose. «D'abord, comme toute mode, celle des faux-finis s'essouffle peu à peu. Les gens toujours friands de la texture produite par le faux-fini peuvent la retrouver dans les nouveaux papiers peints texturés», explique-t-il. De plus, le papier peint de vinyle texturé permet aisément et sans ponçage de camoufler le relief donné aux murs par les finis peintures.

Autre aspect non négligeable: le papier peint n'est plus ce qu'il était. Sa réputation d'être difficile à poser et davantage encore à retirer ne vaut plus. «Les nouveaux papiers de vinyle sont tellement faciles à retirer qu'on peut même les apporter avec soi quand on déménage!» dit Patrice Savard, designer intérieur chez Espace Ambiance. De plus, ils sont lavables et camouflent bien les défauts.

Mais qu'en est-il du style? Patrice Savard, qui a réalisé l'aménagement de La Villa du Kashmir, grand attrait du Salon national de l'habitation le mois dernier, a intégré des papiers peints nouvelle génération à sa création. Dans la chambre des enfants, par exemple, il a posé un paysage en papier peint illustrant plage et palmiers. Cela s'inscrit dans la nouvelle mouture de ces pièces murales. «Le paysage triste, les natures mortes comme les forêts dénuées sont out. On s'entoure désormais de vie, de végétation, de couleurs lumineuses. On doit aussi agencer les murs et les meubles. Dans cette chambre avec des meubles en bois exotique, on reprend cet exotisme sur les murs.»

Cet engouement pour les papiers peints de faux matériaux s'explique, selon le designer, par l'envie de s'entourer de riches textures. «Le papier peint donne de l'étoffe aux murs de gypse dont on ne sait plus quoi faire. Ces finis à l'aspect de paille, de cuir, de bois et de pierre s'intègrent à l'environnement familial, mettent de la vie sans être trop extravagants, comme l'étaient les gros motifs fleuris d'antan.»

Et comme il n'est pas donné à tous d'habiter un loft dans le Vieux-Montréal où des murs mitoyens de briques sont presque la norme, on peut en créer l'illusion à coût modique. «Les papiers peints ont toujours été l'art des pauvres, destinés à ceux qui ne pouvaient s'offrir des fresques et des boiseries. Ainsi, on offre désormais un faux mur de briques version vinyle», raconte Pierre Cousineau. Et l'effet est réussi, si on en juge par le nombre de visiteurs qui sont allés toucher au mur recouvert de papier peint à motif de brique au Salon national de l'habitation, histoire de vérifier s'il n'était pas «vrai».

Un décor réussi est une question de dosage, selon Patrice Savard. «On peut recouvrir des détails, comme le mur qu'on voit en entrant dans une pièce, une salle de bains sans intérêt, un vestibule, même les portes ou les plafonds. Si on ne s'y connaît pas, on fait appel à un décorateur, précise-t-il, car il n'y a souvent qu'un centimètre entre le beau et le très laid!»

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Pour plus de renseignements:

> Papiers peints Blue Mountain: 1-800-219-2424

> Espace Ambiance: 514-735-2210