Cette ancienne dépendance du célèbre manoir de Saint-Jean a jadis servi de chalet d'été à Léopold, puis à son fils Guy, aujourd'hui âgé de 85 ans. Marc, de la lignée suivante, avait envie d'en tirer un chalet habitable à l'année. C'est ce qu'il a entrepris de faire, à l'automne 2003, en déclouant tout le vieux bois pour isoler le vétuste bâtiment, puis en remettant à leur place les petites lattes peintes, les larges planches naturelles et le plancher de madriers.

Cette ancienne dépendance du célèbre manoir de Saint-Jean a jadis servi de chalet d'été à Léopold, puis à son fils Guy, aujourd'hui âgé de 85 ans. Marc, de la lignée suivante, avait envie d'en tirer un chalet habitable à l'année. C'est ce qu'il a entrepris de faire, à l'automne 2003, en déclouant tout le vieux bois pour isoler le vétuste bâtiment, puis en remettant à leur place les petites lattes peintes, les larges planches naturelles et le plancher de madriers.

«Avant, il ventait dans la maison, mais aujourd'hui, c'est une enveloppe étanche», raconte Marc Blouin, qui travaille à Montréal, mais qui passe le plus de temps possible à l'île, avec ses adolescents, Alex et Juliette, et sa conjointe, Francine Dépatie.

Grand écart

La demeure ancestrale de l'île d'Orléans.

La famille fait régulièrement «le grand écart» entre la ville et la campagne, entre le plateau Mont-Royal et le village de Saint-Jean, entre le contemporain et le rustique. Ils vivent en effet tous les quatre dans une maison de Montréal dessinée par Marc Blouin, qui a mérité un prix d'excellence de l'Ordre des architectes, en 1993. «Nous tenions à rester sur le plateau, explique-t-il. C'était important pour nous de trouver un habitat familial en milieu urbain.»

Le terrain n'avait que 21 pieds de largeur. L'architecte a donc traqué la lumière où elle se trouvait, c'est-à-dire à l'arrière et à l'avant, ainsi que dans une ouverture aménagée naturellement dans le toit grâce aux demi-niveaux. «C'est mon style», a-t-il simplement commenté.

Salmigondis d'objets

Lorsqu'il se retrouve à deux enjambées du fleuve, dans la bicoque de ses aïeux, sur la terre où il a passé son enfance, il se sent tout autant dans son élément. Tout lui parle, à l'île d'Orléans. «Ne cherchez pas de cohérence historique dans notre ameublement ici», badine l'architecte. Le rez-de-chaussée, en effet, combine un salmigondis d'objets glanés ici et là. Quatre caisses de beurre montées sur une base de bois forment une table à café. Un fauteuil art déco, un buffet fatigué, des chaises antiques et un poêle à bois cohabitent dans cet ancien hangar.

L'esprit contemporain s'exprime dans l'îlot, les armoires et le comptoir de cuisine neufs, en pin. Le thermostat domotique, lui, n'est pas contemporain, il frise le futurisme. «On peut le régler à distance, par téléphone», mentionne Francine, la responsable de cette acquisition.

L'étage est tout aussi rustique et confortable. À la campagne aussi, la lumière est chez elle. Le plancher est croche, une poutre est en partie calcinée, des anciennes caisses de fruits servent d'étagères. «Mon grand-père était épicier dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, précise Marc Blouin. Ces caisses nous suivent depuis des années.»

Une touche contemporaine dans la salle de bain rustique.

Il s'est approprié un élégant volet du manoir Mauvide Genest qu'il a transformé en porte d'armoire à pharmacie. Elle semble anachronique dans la salle de bains, dont le comptoir carré, le puits de lumière et les «spots» métalliques témoignent du parti pris contemporain du proprio.

Marc Blouin est abonné aux gros chantiers. Il était chargé de projet de la Tohu (la Cité des arts du cirque), à Montréal. Il a participé à la conception de l'esplanade, en face du parlement de Québec. Mais quand il est question de son chalet, il se satisfait de travaux «de l'envergure d'une fin de semaine». Pas question de s'imposer un chantier perpétuel. Les projets doivent répondre à une condition: aboutir sans stress, en toute simplicité.

Alex et Juliette ont aidé leur père à «domestiquer» le chalet d'été. Mais c'est Guy, leur grand-père, qui a trouvé trace de son propre père, Léopold: il avait signé son nom derrière une planche. Marc a conservé ce vestige et y a ajouté son propre nom. Ses enfants l'ont imité ensuite.

«On a atteint le niveau de base du confort», se réjouit Marc Blouin, qui n'aurait jamais passé à travers cette aventure sans la collaboration de Claude Gagnon, un entrepreneur de Saint-Jean. «Chaque jour, il avait à résoudre 1000 questions, poursuit-il. Il a vraiment compris l'esprit de ces rénovations que je supervisais souvent à distance.» C'est la rançon du grand écart entre la ville et la campagne.