Même l'univers du design, grand adepte du monochrome et peu porté sur les envolées fantaisistes, s'y est mis. L'avant-gardiste société Moroso avait ouvert la voie lors du Salon de Milan 2003, en confiant à Michael Lin le soin d'habiller plus gai ses stricts fauteuils et canapés en cuir.

Même l'univers du design, grand adepte du monochrome et peu porté sur les envolées fantaisistes, s'y est mis. L'avant-gardiste société Moroso avait ouvert la voie lors du Salon de Milan 2003, en confiant à Michael Lin le soin d'habiller plus gai ses stricts fauteuils et canapés en cuir.

Connu pour ses fleurs acidulées tendance pop, dont il a couvert le sol du palais de Tokyo à Paris, l'artiste taïwanais s'en est donné à coeur joie. Coup de marketing! Feu de paille! s'écrièrent les concurrents. Ils avaient tout faux. Dès l'année suivante, il fallut se rendre à l'évidence: Mère Nature gagnait des adeptes, jusqu'à se hisser en bonne place au palmarès des tendances 2005.

Chaque créateur de la mode maison interprète l'inspiration végétale à sa façon. Au-delà du choix presque illimité d'espèces, fleurs et plantes peuvent être rendus de manière stylisée ou hyperréaliste, naïve ou abstraite, psychédélique, romantique, impressionniste ou japonisante, se faire discrets ou envahissants.

Chez les éditeurs de textiles français, J. Pansu parsème ses tissus de bouquets, d'herbes folles et de papillons, Boussac décline oiseaux du paradis et autres belles exotiques aussi précises que dans un traité de botanique, Dominique Picquier, la designer textile qui commence à faire parler d'elle, s'oriente vers les camélias dont la silhouette est mise en valeur par des fonds couleur kaki, anis ou grenadine.

Côté Londres, Nina Campbell ose de grandes têtes de coquelicots stylisés sur un lin demi-transparent ou d'extravagants hortensias sur fond de soie. Pendant ce temps en Italie, la très renommée marque Missoni transforme les dessins floraux en une sorte d'imprimé camouflage pour des couvertures, coussins, serviettes de toilette aux couleurs intenses.

Au baromètre des tendances, c'est cependant la rose qui remporte les suffrages. Les Brésiliennes Sophie et Céline Fakhouri lui donnent la place de choix dans leur collection de papiers peints réalisés à main levée. Spécialiste du beau linge de maison, Yves Delorme s'est lui laissé prendre aux charmes d'une espèce ancienne, la Pompadour, qu'il a traité en motif surdimensionné, géométrique et voluptueux.

Sarah Wells, fondatrice de la société Les Bucoliques, reproduit sur des coussins et des cabas la photo de buissons en fleurs voire d'une roseraie entière. Les abat-jour des lampes signées Studio 307 servent de toile de fond au détail agrandie de la reine des fleurs dans tous ses états, en bouton, épanouie, feuilles ou tige épineuse.

La rose refleurit aussi sur le papier peint, où le fin du fin est d'associer des lés de motifs différents, posant côte à côte un papier semé de rosettes naïves, un autre représentant des bouquets à l'ancienne, entrecoupés de frises verticales à fleurs stylisées. Si après ça, on ne voit pas la vie en roses...