Qu'elles soient cultivées à la maison, dans votre jardin ou qu'elles poussent par hasard sur votre propriété, de nombreuses plantes sont toxiques, même les plus belles. Pas moins de 962 cas ont été soumis au Centre antipoison du Québec l'an dernier, dont 57 ont exigé un examen à l'hôpital. Explications et conseils

Pas d'étiquetage approprié

Il n'existe pas de règlement sur l'étiquetage des plantes. Les étiquettes d'identification, quand il y en a, indiquent rarement si elles sont toxiques. Une situation que déplore Maude St-Onge, toxicologue et directrice du Centre antipoison du Québec. Si les cas graves sont rares, il n'en reste pas moins que certaines plantes décoratives peuvent être très toxiques. Mastiquer une seule feuille de laurier-rose, par exemple, peut provoquer un empoisonnement. Manger les jolies baies bleues de la vigne vierge et les graines de ricin ou de datura peut être mortel. Selon le Centre antipoison, la grande majorité des signalements, plus de 650, implique des enfants.

Des aiguilles dans la bouche

Les deux tiers des cas soumis au Centre antipoison du Québec en 2017 étaient asymptomatiques, mais la majorité des victimes présentait des signes d'intoxication aux oxalates. La sève de nombreuses plantes, notamment d'intérieur comme les philodendrons, contient en effet de minuscules cristaux qui pénètrent dans la muqueuse de la bouche, ce qui provoque une douleur intense.  L'effet de la capsaïcine, contenue dans la plupart des petits piments décoratifs très populaires en été, est semblable. Ces intoxications sont habituellement sans gravité, car la feuille ou le fruit mangé est rejeté immédiatement à cause de la douleur. Mais une dose importante peut entraîner de sérieuses difficultés respiratoires.

Dangereuses hallucinations 

Comme chaque année, on signale aussi de nombreux cas d'intoxications anticholinergiques, qui se traduisent par une foule de symptômes allant de l'hallucination à la hausse du rythme cardiaque, aux troubles de la vision, aux vomissements, à la sécheresse buccale et même au coma en cas de forte dose. Une des plantes les plus connues pour de tels effets est le datura (habituellement les graines), une annuelle aux fleurs spectaculaires. Au printemps dernier, toutefois, le Centre antipoison a été aux prises avec des empoisonnements du même type attribuables au vérâtre vert, une grande plante sauvage répandue dont les jeunes feuilles printanières avaient été confondues avec celles de l'ail des bois. Cette plante est aussi utilisée en horticulture ornementale. La jusquiame et la belladone font aussi partie du groupe des anticholinergiques, comme c'est le cas du cousin du datura, le populaire brugmansia aux grandes fleurs parfumées.

Des dermatites qui laissent des marques 

Sauf exception, les problèmes causés par les plantes allergènes sont habituellement dirigés vers le personnel d'Info-Santé. Le ministère de la Santé ne dispose toutefois d'aucune statistique sur le nombre de cas qui lui sont rapportés. La progression de la berce du Caucase est une des principales préoccupations de la santé publique en cette matière. La plante envahissante est maintenant présente sur une grande partie du Québec dans les zones habitées. Spectaculaire, elle atteint de 4 à 5 m et ses fleurs en ombelle mesurent 30 cm de diamètre. La sève du monstre provoque des brûlures au premier et au deuxième degré qui laissent des traces durant des années et rendent la peau plus sensible au soleil.

Photo archives La Presse

Plante populaire, le laurier-rose produit de jolies fleurs parfumées. Mais comme toutes les parties de la plante, elles sont très toxiques. Cette plante a déjà causé des morts.

L'herbe à la puce

Les plantes allergènes sont fort nombreuses, mais la réaction allergique varie d'un individu à l'autre selon leur degré de sensibilité. Souvent transportée d'un endroit à un autre par les fientes des oiseaux, l'herbe à la puce est très répandue. Si de rares individus y sont totalement insensibles, la vaste majorité souffrira d'une dermatite plus ou moins sévère au contact de la sève. Elle peut demeurer active longtemps même quand elle a adhéré aux vêtements, bottes ou chaussures qu'il faudra laver avec du savon. Il faut donc apprendre à reconnaître la plante et ne pas la confondre, par exemple, avec l'herbe à poux au pollen maléfique.

Des enfants sous surveillance

Les jeunes enfants découvrent souvent leur environnement en y... goûtant. Plusieurs plantes d'intérieur parmi les plus populaires sont toxiques. Grignoter des feuilles d'azalée, de dieffenbachia, de caladium, d'anthurium, de philodendron ou de croton provoquera une sensation de brûlure intense dans la bouche. La sève des euphorbes (poinsettia et autres), de l'aloès et du pothos donnera des éruptions cutanées plus ou moins graves. Au jardin, les baies attrayantes du houx (verticillé et autres), des actées et du bourreau des arbres sont dangereuses. Goûter aux feuilles d'une digitale, d'un aconit, d'une gloire du matin ou du muguet peut mener aux urgences. Se frotter à l'ortie provoque une brûlure intense mais temporaire sur la peau.

Des listes nombreuses

On trouvera sur l'internet de nombreuses listes de plantes toxiques, mais la plupart n'indiquent pas le type de malaise en cas de contact ou d'ingurgitation. C'est le cas d'ailleurs de la liste du Centre antipoison du Québec (ligne d'urgence: 1 800 463-5060). Par contre, la liste du Centre canadien d'information sur les plantes toxiques présente la plupart du temps des données sur les effets de ces végétaux et indique aussi leur degré de toxicité chez les animaux.

Photo Pierre Gingras, archives La Presse

Les petits piments décoratifs sont très attrayants pour les enfants. Mais la capsaïcine qu'ils contiennent brûle la bouche souvent plus intensément que les piments forts utilisés en cuisine.