L'arbre idéal existe-t-il? Question simple, réponse complexe. La zone climatique, la grandeur du terrain, la dimension ultime du végétal, sa vitesse de croissance et la couleur du feuillage sont autant de facteurs à considérer. Voici quelques suggestions, avec le concours d'experts.

Une visite à la pépinière

Responsable des collections extérieures du Jardin botanique de Montréal et grand amoureux des arbres, Robert Mineau ne peut s'empêcher de sourire quand on lui demande de désigner un arbre idéal. «Un arbre sans entretien, sans maladie, beau à l'année, au joli feuillage d'automne, produisant de belles fleurs, ni trop gros ni trop grand, ça n'existe pas. Il faudra faire des compromis», dit-il. Un avis partagé par l'horticulteur Bertrand Dumont, auteur de plusieurs ouvrages sur les arbres et arbustes du Québec, dont le petit dernier, Des arbres pour les jardins paysagers, publié chez Multimondes. Il existe néanmoins certaines variétés qui regroupent de nombreux avantages, selon eux. Mais avant de faire un choix définitif, il est préférable de visiter une ou des pépinières. Un spécimen bien vivant sous les yeux vaut toujours mieux qu'une photo.

7 à 15 m de haut, zone 4

Notre arbre «idéal» atteint habituellement de 7 à 15 m en plusieurs années, voire en quelques décennies. On plante un arbre pour longtemps, aussi faut-il prendre le temps de faire le bon choix. Il pousse sans peine en zone 5 (la grande région métropolitaine) et sera aussi rustique en zone 4, plus froide, et parfois même en région plus nordique. Ces arbres présentent aussi peu de maladies ou de prédateurs et évidemment exigent peu d'entretien, si ce n'est parfois une taille de temps à autre pour réduire leur envergure. Attention: si vous plantez votre arbre trop près de la propriété du voisin, vous vous exposez à d'éventuels conflits.

Des variétés qui se distinguent

- Ginkgo biloba: un choix unanime. Très rustique (zone 3), il pousse assez vite si on l'arrose quand il est jeune. C'est le seul arbre à avoir résisté à la bombe atomique d'Hiroshima. Feuilles en éventail, jaunes l'automne si elles ne tombent pas à la suite d'un gel hâtif. Arbre mâle seulement, car les fruits sont nauséabonds.

- Chêne des marais: le préféré de Bertrand Dumont. Feuillage rouge carmin à rouge vin l'automne. Il produit des glands et garde ses feuilles séchées jusqu'au printemps. Pour sa part, le chêne rouge, une espèce indigène, perd son feuillage rouge clair tardivement et donne aussi des glands.

- Amélanchier: le préféré de Robert Mineau. Belle floraison blanche au printemps, feuillage rouge l'automne. Production de petits fruits délicieux. Écorce grise et lisse décorative.

Les spectaculaires

- Les magnolias à fleurs jaunes: encore méconnus, il en existe plusieurs variétés rustiques (zone 3). Au printemps, fleurs jaune vif ou verdâtres, parfois très grandes. Floraison magnifique notamment chez le «Yellow Bird».

- Bouleau noir: sol argileux, aime l'eau, pousse vite et forme un grand parasol. Très belle écorce rougeâtre, effilochée. Feuillage jaune l'automne. Peu sensible à l'agrile du bouleau. Robert Mineau conseille «Crimson Spire», plus petit.

- Mélèze européen: très rustique si greffé sur un mélèze indigène. Branches secondaires retombantes. Feuillage jaune vif à doré, selon la variété tombant tardivement (novembre). Des variétés présentent des branches tortueuses. Cônes très jolis au printemps.

Photo Thinkstock

Selon Robert Mineau, l'arbre idéal est «sans entretien, sans maladie, beau à l'année, au joli feuillage d'automne, produisant de belles fleurs, ni trop gros ni trop grand». Mais bien-sûr, cela n'existe pas. «Il faut faire des compromis», dit-il.

Les autres

• Févier: les variétés sans épines et à feuilles vertes sont plus résistantes que celles à feuilles jaunes ou pourpres. Le feuillage apparaît tardivement. Fruits sous forme de longues gousses persistantes l'hiver.

• Caryer à noix douce: espèce indigène. L'écorce se détache un peu avec l'âge, ce qui lui donne un aspect unique. Très beau lorsque les bourgeons ouvrent au printemps. Noix comestibles, mais très dures.

• Les ormes nouveaux: plusieurs cultivars à croissance rapide résistent à la maladie hollandaise.

• Chez les conifères: l'épinette du Colorado compte de nombreux cultivars. Feuillage bleuté. Forme élancée.

• L'épinette blanche: indigène, très rustique, 20 m.

• Épinette de Norvège: nombreuses variétés, dont certaines de 25 m.

Les arbres à problèmes

• Peuplier deltoïde (femelle): il pousse souvent spontanément sur les terrains. Une nuisance durant de deux à trois semaines en raison de ses fruits qui tombent comme neige au sol. Objet de nombreux litiges entre voisins. Variétés mâles offertes en pépinière.

• Les arbres fruitiers: floraison souvent magnifique, mais exige un entretien soutenu contre les maladies. Taille annuelle nécessaire pour une belle récolte de fruits.

• Arbres fruitiers décoratifs: les pommetiers sont sujets à la tavelure, une maladie fongique très difficile à traiter qui touche le feuillage. Les pruniers, dont le populaire prunier de Shubert au feuillage estival pourpre, sont attaqués par le nodule noir du cerisier.

• Les érables de Norvège: invasifs. Une plaie sur le mont Royal. Parfum agréable lors de la floraison, mais pluie de fleurs et de samares au sol par la suite.

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Avant de faire un choix définitif pour l'achat d'un arbre, vaut mieux visiter une pépinière.