Les variétés de fines herbes se multiplient. Les endroits où les faire pousser aussi. Appréciées lorsqu'elles sont fraîches, elles se taillent de plus en plus une place à l'extérieur, mais aussi à l'intérieur de la maison.

Des fines herbes à portée de la main

Carole Dagenais adore cuisiner et essayer de nouvelles recettes. La monotonie dans l'assiette? Ce n'est pas pour elle. Son sens de l'aventure culinaire l'amène à explorer du côté des fines herbes. Elle en fait pousser à l'extérieur, mais aussi à l'intérieur de la maison.

Dans un coin de sa cour, à Châteauguay, elle réserve un espace de choix à une grande variété de plantes aromatiques. 

Cet été, pour la première fois, des feuilles de céleri côtoient du basilic, du romarin, du persil frisé et plat, de l'origan, du thym et de la coriandre, que ce soit directement dans la terre ou dans un bac surélevé, fort pratique. À l'avant de la maison, on remarque aussi des plants de ciboulette et de menthe.

À l'intérieur, Mme Dagenais tente également des expériences. Elle observe comment se comporte la menthe mexicaine, qu'elle a plantée à côté du basilic et de la lavande dans un système fort original, qui combine un aquarium à l'eau limpide et un bac pour faire pousser des plantes, selon le principe de l'aquaponie. Les deux sections étant interreliées, les plantes et les poissons tirent profit les uns des autres pour croître en symbiose.

«C'est de toute beauté, s'exclame Mme Dagenais, qui a acquis le système Brio, il y a trois ans. C'est vivant. Et cela n'exige vraiment pas de soin. On ne change jamais l'eau. Il faut juste tenir le pH équilibré.»

Elle n'est pas la seule chez elle à apprécier la double présence des poissons et des plantes, qui poussent allègrement sous une lampe. Comme son conjoint Nelson Elliott et elle regardent des émissions de télé différentes, chacun profite de la présence d'un tel système, le soir venu. Elle, dans le boudoir et lui, dans le salon.

Différentes options

Les options pour s'entourer de fines herbes fraîches se multiplient. Le système Brio 35, conçu par le designer Robin Plante, de Sainte-Barbe, en Montérégie, en est une. Chaque système, préparé afin que l'aquarium constitue déjà un milieu de vie et que les plantes aient commencé à faire des racines, est livré clés en main à Montréal et dans les environs. Le prix? 1500 $.

Ceux qui désirent manger des pousses et des fines herbes d'une fraîcheur extrême à longueur d'année et adorent jardiner peuvent aussi installer un appareil Urban Cultivator dans leur cuisine. 

Raccordé à l'eau et à l'électricité, comme un lave-vaisselle, il est préprogrammé pour donner aux végétaux la bonne dose de lumière et d'humidité. Mieux vaut toutefois avoir le pouce vert et être prêt à consacrer du temps à cette activité. À l'automne, lorsque les cuisines de son magasin de Saint-Basile-le-Grand seront rénovées, Maison Éthier le mettra en valeur. Le prix? 3150 $.

Dans les îlots

L'engouement pour les fines herbes attire l'attention des concepteurs de cuisines, tant intérieures qu'extérieures.

Depuis trois ans, Station Grill propose d'en intégrer dans les îlots des cuisines extérieures qu'elle réalise, indique Marc Lacroix, l'un des deux frères fondateurs de l'entreprise. 

«Cette année, 80 % des soumissions que l'on a faites comportent un bac pour des fines herbes. Si les gens en ont à portée de la main, ils vont s'en servir. C'est aussi un bel élément décoratif.»

On peut apprécier l'effet produit dans la boutique District BBQ, que viennent d'ouvrir conjointement Station Grill et Nergiflex, dans l'arrondissement de Saint-Laurent.

Dans sa cuisine, à un endroit bien éclairé, la designer d'intérieur Karyne Beauregard a de son côté réservé une partie d'un mur pour y mettre de la verdure. Le jardin urbain vertical, réalisé avec un système de l'entreprise californienne Urbio, lui permet de placer bien en évidence plantes et fines herbes.

«J'aime beaucoup les murs végétaux, mais ils sont chers et demandent un système de drainage, indique la présidente de l'agence Entre 4 murs. Une touche de verdure dynamise l'espace, lui donne de la vie. Chez nous, c'est présenté de façon architecturale, mais ce peut être tout simple. On peut juste mettre des fines herbes dans des pots de terre cuite au bord de la fenêtre.

«À ceux qui cuisinent beaucoup, on propose souvent d'intégrer un bac à fines herbes. Pour le côté visuel, mais aussi pour le côté olfactif. Cela ajoute beaucoup.»

Chez des clients, elle a par exemple intégré un bac à fines herbes dans le dossier d'une banquette stratégiquement située sous une fenêtre. La propriétaire aurait pu mettre des pots, mais elle a choisi de planter directement les végétaux dans de la terre.

Lors de sa visite au Salon international du meuble de cuisine Eurocucina 2016, à Milan, François Levesque, président de Richard & Levesque Cuisines/Salles de bains a vu plusieurs manufacturiers réserver un espace privilégié à la verdure. «Une tendance fort rafraîchissante, qui gagne en popularité», a-t-il alors constaté. Ici? Des clients de Québec ont intégré notamment du basilic dans la table réalisée sur mesure jouxtant l'îlot. Le concept, constate-t-il, suscite beaucoup d'intérêt.

PHOTO Martin Chamberland, LA PRESSE

Dans un coin de sa cour, à Châteauguay, Carole Dagenais réserve un espace de choix à une grande variété de plantes aromatiques.

Un intérêt grandissant

Il y a une quinzaine d'années, lorsqu'elle a commencé à travailler dans l'entreprise familiale, Sophie Jasmin pouvait compter sur les doigts de ses deux mains les variétés de fines herbes offertes. Aujourd'hui, une centaine de plantes aromatiques pourraient se retrouver en magasin, s'il y avait suffisamment d'espace.

Aux persil frisé, persil plat, basilic à grosses feuilles, romarin et estragon se sont ajoutées des variétés plus exotiques, comme de la coriandre vietnamienne et de la menthe mexicaine.

«Par les questions qu'on me pose, je vois que les gens ont le goût d'explorer et d'essayer de nouvelles choses», indique l'horticultrice, dont l'expertise profite à ceux qui se dirigent vers le département des végétaux saisonniers et tropicaux, à la Pépinière Jasmin, à Montréal.

Selon elle, plusieurs facteurs contribuent à favoriser l'essor de fines herbes inconnues ici il n'y a pas si longtemps encore : la venue de nouveaux arrivants, la formation accrue de couples interculturels, la multiplication des voyages, ainsi que la popularité des reportages, des magazines et des émissions de télé culinaires, qui amènent ceux qui aiment bien manger à sortir de leur zone de confort.

«Le goût se développe aussi chez les enfants, constate-t-elle. Cela me fait sourire quand j'en entends qui recommandent à leurs parents d'acheter de la coriandre mexicaine ou du basilic thaï.»

Des classiques à la fenêtre

Le basilic

De toutes les fines herbes, le basilic est sans conteste la plus populaire. À l'intérieur, il finit toutefois par s'étioler, souffrant de la faible luminosité, indique Mme Jasmin. On se sert de ses feuilles dans la cuisine, puis on se départit d'un plant si la production de nouvelles feuilles se révèle difficile.

Le romarin

Le romarin est la plante aromatique qui se comporte le mieux dans la maison, estime Sophie Jasmin. Si on le place près d'une fenêtre et qu'il est bien éclairé, il n'a pas besoin d'une lampe pour se développer.

La coriandre, le persil

Comme la plupart des fines herbes, le manque de lumière et le taux d'humidité trop bas, l'hiver, affectent leur croissance dans la maison. Mieux vaut alors les considérer comme des plantes éphémères, précise Mme Jasmin. À l'instar des bouquets de fleurs, on les jette après une dizaine de jours.

Photo Pierre Gingras, archives la presse

Basilic nufar, de type genovese