Couper un brin d'origan sur le mur et le balancer aussitôt dans la marmite. Ajouter quelques champignons récoltés sur le comptoir. En à-côté : une laitue cueillie devant la fenêtre. Le potager intérieur vous branche ? Quelques notions, pour ne pas faire chou blanc.

Lumière et savoir-faire

Pourquoi cultiver des fines herbes et petits légumes dans sa maison ? Outre la fraîcheur inégalée du basilic, du kale et des pleurotes ainsi obtenus, le jardinier d'intérieur tire satisfaction d'avoir produit des aliments sains de façon écologique, et en plein hiver, qui plus est !Mais attention ! Dilettantes s'abstenir ! « Beaucoup d'investissements - en temps et en argent - ont été suivis de déceptions, rappelle Nicolas Sainte-Marie, propriétaire du magasin de Longueuil des Urbainculteurs. Si on veut des résultats, c'est-à-dire une production viable, il faut utiliser les outils adaptés, les produits appropriés et les procédés adéquats. »

Bonnes pratiques

Nicolas Sainte-Marie recommande un néon horticole de type T-5, capable de fournir une grande intensité lumineuse (4500 lumens) sans dégager de chaleur ni brûler le plant qui pousse vers lui. Autre impératif : un terreau de qualité, avec mycorhizes, pour la culture bio et ne contenant que 20 % de compost. La mycorhize est un champignon qui s'associe avec les racines et favorise la santé d'un plant.

Il faut également de bons engrais pour potager, du sel d'Epsom pour rétablir l'équilibre calcium-magnésium, un ciseau de taille fine et un arrosoir à long bec. 

« Le ciseau de taille fine, par sa précision, permet de cueillir le basilic sans laisser un bout de tige nue qui va s'étioler, explique Nicolas Sainte-Marie. Ou de couper près du sol quelques brins de thym en bosquet, laissant ainsi le bosquet se régénérer. Quant à l'arrosoir au long bec, il permet de mouiller la terre sans mouiller les feuilles. »

Enfin, on arrose le matin, au moment où la plante aspire l'eau. « Le besoin d'arrosage se vérifie avec le poids du pot, indique M. Sainte-Marie. Les plantes sont souvent trop arrosées. »

Culture en gouttière

M. Sainte-Marie cultive ses fines herbes dans une gouttière déposée sur le comptoir de la cuisine. Il les arrose avec de l'eau « reposée » toute une nuit, qui est donc à la température de la pièce, le chlore évaporé.

Il cultive également des champignons, avec la trousse de culture de Champignons maison, laquelle utilise le marc de café comme substrat. Cette récupération des résidus du café est un double bon coup, écologique autant qu'économique.

Les Urbainculteurs offrent des formations en jardinage intérieur dans ses locaux de Québec et de Longueuil, ainsi qu'un service-conseil gratuit par courriel.

Lumière, lumière, lumière!

Les gens sous-estiment très souvent le besoin en lumière des plantes potagères, dit Julien Yensen Martin, cofondateur, avec son frère Joachim, de BioCité, entreprise de jardins verticaux hydroponiques faits de bouteilles de vin récupérées.

Bricoleurs sophistiqués

La culture hydroponique n'est pas pour tout le monde, avertit Julien Yensen Martin. Il faut être bricoleur. En outre, à la complexité de l'installation s'ajoute celle du jardinage hydroponique, en lui-même sophistiqué. « Il faut s'adapter aux variations des conditions de lumière et d'humidité au fil des saisons », souligne ce passionné d'agriculture urbaine. En hiver s'ajoutent les défis reliés au chauffage et au taux d'humidité. Enfin, si un insecte ravageur se pointe, il peut occasionner beaucoup de pertes, ne rencontrant pas de prédateur dans la maison. »

Le jardin hydroponique de BioCité vise trois types de clients : le gastronome, qui apprécie les fines herbes fraîches ; l'écolo, qui veut diminuer son empreinte environnementale et manger sainement ; et l'amateur de design, enfin, qui apprécie l'aspect rideau et artisanal donné par les colonnes de verre.

À chacun son jardin

Le secret de la réussite, c'est de jardiner en fonction de son niveau d'expérience et de « choisir un système adapté à l'endroit », indique Nicolas Sainte-Marie, des Urbainculteurs. Souvent, la température de la maison est trop élevée et l'air trop sec. Un thermomètre et un hygromètre aideront à contrôler ces paramètres. Regard sur six installations pour jardiner dans la maison.

Jardin en pot

Après quelques expériences avec ses murs verts, la biologiste Julie Bussières, de Vert métal, conseille maintenant de cultiver les fines herbes dans une jardinière suspendue près de la fenêtre. « Ça marche mieux que dans un mur végétalisé », dit-elle. Un simple pot de terre cuite fera tout aussi bien l'affaire.

Système mural Flowall

Flowall, un système mural distribué par Les Urbainculteurs, est une unité de plastique contenant 16 petits compartiments, dans lesquels on dépose un peu de terreau et de fertilisant. L'arrosage se fait par le haut, et la gravité se charge d'acheminer l'eau à chaque niveau. 79,99 $ l'unité.

Jardin vertical Liberty



Liberty, d'Envirozone, permet de moduler à volonté la hauteur entre les étagères. L'eau circule par des tubes du plus haut étage au plus bas. Des bouchons peuvent séparer les sections aux besoins différents. Les pots, inclinés à 45 degrés, sont munis d'une mèche pour que la plante pompe l'eau suivant ses besoins. « Le rendu esthétique est très réussi, commente Erwan Jameron. Et j'ai le plaisir de mettre des fines herbes dans tout : les sandwichs, les salades, les soupes... » M. Jameron utilise une lampe horticole à DEL six heures par jour. Environ 650 $ pour cinq étagères de 36 pouces.

Potager vertical hydroponique

Depuis trois ans, l'entreprise montréalaise BioCité offre des systèmes hydroponiques verticaux inspirés du système Windowfarms américain. La particularité de BioCité : l'utilisation de bouteilles de vin récupérées, ce qui procure une ambiance unique, utilise moins de plastique et permet de donner une seconde vie à une bouteille qu'on désire mettre en valeur. Une tuyauterie élaborée amène l'eau nutritive goutte à goutte, du réservoir à chaque bouteille, par le truchement d'une petite pompe électrique. BioCité offre l'installation du système et un entretien aux trois mois aux clients de la région de Montréal. Elle offre également une assistance technique à vie. 350 $ pour le kit de base, soit deux colonnes de quatre bouteilles, avec paniers et billes d'argile, tout inclus sauf les semis.

Culture en gouttière

Le comptoir de cuisine peut se convertir en potager de fines herbes, au moyen de gouttières emplies de terreau et d'une lampe horticole fixée sous les armoires. Une trousse pour champignons fournira au choix des pleurotes, des shiitakes ou des reishis. 195 $, pour un ensemble comprenant deux néons T5 de 4 pieds, huit pieds de gouttière emplie de fines herbes et terreau biologique avec mycorhizes, les ciseaux horticoles et l'arrosoir.

Jardin vertical Statio

L'horticultrice Josée Joanette a installé, près de la porte-fenêtre de son ancien logement, un système Statio d'Envirozone, soit trois longs bacs superposés, en métal, emplis de terre, qu'on arrose par le haut. « J'avais alors toujours une plante fraîche à portée de la main, moi qui adore cuisiner, relate-t-elle. Alors qu'un plant en pot du supermarché me dure une semaine, j'en avais pour quatre mois avec le Statio. » Mme Joanette n'a pas eu besoin de lumière artificielle. Ayant récemment déménagé, elle a démonté son système et n'a pas encore eu le temps de le remonter.





Du plus facile au plus difficile

Voici des exemples de culture potagère intérieure, de la plus facile à la plus difficile.

Dans tous les cas, il faut porter attention aux problèmes courants, tels que l'air asséché par le chauffage ou le manque de lumière.

« On veut de la lumière non seulement pour que la plante survive, mais aussi pour qu'elle produise, explique M. Sainte-Marie. Placer un pot près de la fenêtre ne suffira pas à la rendre assez forte pour porter des légumes-fruits. »

Des ateliers de jardinage intérieur sont offerts par Les Urbainculteurs, à Québec et à Longueuil.

1. Niveau facile

Faire tremper et germer des graines dans un pot Mason est une façon facile d'obtenir des germinations d'une grande qualité nutritive. Voici la recette vitalité, riche en protéines et enzymes, de la famille Sainte-Marie : un mélange à parts égales de graines de radis, de trèfle, de brocoli et de luzerne. Recouvrir d'eau et laisser tremper cinq heures dans un endroit sombre. Couvrir l'ouverture du pot d'une moustiquaire en plastique et jeter l'eau de trempage. Rincer deux fois par jour les graines et laisser égoutter à 45 degrés. Manger quand les racines atteignent entre 1 et 4 centimètres : dans les salades, vinaigrettes, soupes, sauce à spaghetti, sandwichs, etc.

Encore plus facile : acheter un plant de fine herbe en pot à l'épicerie.

2. Assez facile

On cultive plusieurs plants de fines herbes dans le même pot. Ce n'est pas plus difficile que d'entretenir une plante décorative.

3. On se lance

On installe un système simple, comme une gouttière sur le comptoir avec un néon horticole fixé sous l'armoire ou un support mural Envirozone. On se limite aux fines herbes et aux légumes-feuilles. On s'assure d'avoir les bons outils et les bons produits (lampes, ciseaux, arrosoir, terreau, engrais...). Un hygromètre et un thermomètre sont utiles. « Il ne faut pas s'attendre à avoir une production dans les deux premières semaines, dit Nicolas Sainte-Marie. À compter de la troisième semaine, on en a pour trois ou quatre mois, et même une année. »

4. On a de l'ambition

On maîtrise avec aisance et plaisir les systèmes simples ? On est mûr pour les ligues majeures : l'hydroponie ou les légumes-fruits, comme les tomates, poivrons et aubergines... Pour ces derniers, on place un pot devant une porte-fenêtre, avec au-dessus une bonne lampe horticole sur poulies, qui sera facile à remonter chaque fois qu'on s'occupera de la plante. « Avec un terreau riche en mycorhizes, avec de bons engrais et en n'arrosant ni trop ni trop peu, il est possible de réussir ! », assure Nicolas Sainte-Marie.