Il n'en revient pas qu'aux villes de lutter contre les îlots de chaleur. Les propriétaires aussi peuvent mettre la main à la pâte. Il faut toutefois s'y prendre tôt et patienter parfois deux ou trois étés, voire plus, avant d'en tirer pleinement les bénéfices.

David Garant, conseiller en aménagement au Centre d'écologie urbaine de Montréal, y va de quelques conseils aux propriétaires.

Des plantes grimpantes le long d'un mur

Une solution simple et peu coûteuse pour bloquer le rayonnement du soleil direct dans les habitations consiste à planter des végétaux près d'un mur ou d'une fenêtre. S'il y a peu d'espace au sol, on se contentera de plantes grimpantes ou d'arbustes. De même, on pourra rafraîchir l'air ambiant en habillant les clôtures, le long des allées pavées, avec du lierre ou des clématites.

Planter des arbres près du stationnement

Les propriétaires pensent à planter des feuillus sur leur terrain, mais oublient trop souvent les abords du stationnement, pourtant exposés de manière directe et soutenue aux rayons intenses. Il faut compter entre 100$ et 400$ pour l'achat d'un arbre de trois à quatre mètres de hauteur. «Si on ne dispose que d'un espace gazonné restreint, il est possible de planter un arbrisseau ou un arbuste, comme le bel amélanchier qui donne des fleurs magnifiques», souligne David Garant. Il invite toutefois à être prudents avant d'aller de l'avant. «Il faut s'informer des caractéristiques du terrain et de la réglementation municipale.»



Des bacs d'agriculture sur la terrasse

Le concept est intéressant et applicable non seulement aux résidences privées, mais aussi aux immeubles à condos, tient-il à préciser. Ainsi, le Groupe Prével serait un des premiers à mettre de l'avant un plan d'agriculture urbaine pour le toit-terrasse du 21e arrondissement, dans le Vieux-Montréal. David Deschênes, responsable du marketing pour le promoteur, a fait savoir qu'un espace de 4000 pi2 y serait consacré. «Nous avons prévu qu'une partie du toit de la phase 2 sera exploitée par une entreprise bio pour de l'agriculture urbaine.» Les résidants auraient ainsi la possibilité de recevoir des paniers de légumes frais!

Une entrée de garage alvéolée

On sait que les entrées asphaltées se transforment en four l'été venu. Un propriétaire qui envisage de refaire son entrée de garage pourrait considérer l'option des dalles alvéolées. «Si vous êtes soucieux de bien gérer les eaux pluviales, c'est une option à considérer», souligne David Garant. Une entreprise québécoise justement, les Dalles vertes, distribue des pavés alvéolés faits de plastique recyclé, un matériau qui, contrairement au béton, ne se fissure pas, selon M. Garant.

«Il y a un bon taux de compaction. Pour un stationnement individuel, c'est intéressant», ajoute-t-il. Il faut cependant être vigilant en hiver, pour ne pas accrocher les dalles au moment du déneigement.

Installer une pergola

Si on possède une cour très ensoleillée, il serait bon d'envisager l'installation d'une pergola. Le cadre extérieur devient plus intéressant, surtout quand on plante au pied des colonnes, directement dans le sol ou dans des bacs, des végétaux grimpants, assure M. Garant. «On peut planter de la vigne vierge, bien sûr, mais aussi du lierre de Boston ou du bourreau des arbres», précise le conseiller. Après cinq ou six ans, les végétaux seront déployés pour venir recouvrir la pergola.

Un toit en bardeau pâle

Il ne s'agit pas ici de verdir, mais plutôt de blanchir! On sait que les couleurs pâles comme le blanc ou le gris clair attirent beaucoup moins la chaleur. À Montréal, au moins trois arrondissements obligent les propriétaires d'immeubles à opter pour le toit blanc au moment des rénovations. Mais, selon David Garant, les propriétaires de résidences avec un toit en pente devraient aller dans le même sens. Il suggère de penser à cette option au moment de la réfection du toit. «On voit que ça fait une bonne différence du côté des toits plats, en terme de chaleur. Pour les propriétés individuelles avec un toit en pente, il existe maintenant des bardeaux de couleur très pâle qui peuvent être utilisés.»

Le Centre d'écologie urbaine de Montréal vient de publier le guide Aménager des îlots de fraîcheur et améliorer les espaces de vie, offert gratuitement sur le site www.ecologieurbaine.net.

Il existe une carte des îlots de chaleur 2012 sur le site de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), permettant de constater l'ampleur des îlots de chaleur dans les différentes municipalités du Québec.

www.inspq.qc.ca

Photo Digital/Thinkstock

Il faut s'y prendre tôt et patienter parfois deux ou trois étés, voire plus, avant de tirer pleinement les bénéfices lorsqu'on s'attaque aux îlots de chaleur.