L'imposante statue de Madeleine de Verchères n'est plus seule à attirer l'attention au coeur du vieux village de la Rive-Sud. Près de l'église, à l'arrière d'une maison victorienne de 1890 se découvre un ravissant jardin privé et sa volière, ouverts au public.

Une agréable halte parfumée sur la route des vacances

Réjean Courchesne, architecte-paysagiste, mais surtout amoureux des plantes, a redonné vie à cette propriété acquise d'une succession en 2000 en transformant son jardin qui avait été délaissé. Son hésitation devant l'ampleur de la tâche et des coûts s'est vite dissipée lorsqu'il a découvert sur le terrain une pergola qu'il avait réalisée dans le cadre d'un projet de fin d'études en horticulture ornementale. «Un signe du destin, raconte-t-il. Cette maison m'attendait. Elle avait besoin d'un nouveau jardinier pour prendre soin de son patrimoine.»

Le propriétaire précédent était un antiquaire passionné de théâtre et d'art visuel.

Le jardin était comme un décor rempli de statues et de végétaux de toutes sortes, une mise en scène à l'image de ses concepteurs, se souvient Réjean Courchesne.

«Il fallait faire un grand ménage, éliminer les excès, redessiner les platebandes pour essayer de retrouver le romantisme de l'époque victorienne. Rééquilibrer le tout. Le résultat: un cottage garden avec une touche de modernité.»

Un vrai délice...

Le nom Jardins&Des Lys est un jeu de mots, une allusion aux nombreux lis odorants dans les platebandes, mais aussi aux délices que procure la promenade qui va de surprise en surprise. "À l'époque victorienne, le lis était très présent. J'en ai fait une sorte de symbole», précise le propriétaire, qui a introduit plusieurs variétés aux fleurs souvent flamboyantes et au parfum puissant. Il a aussi fait une place de choix au lis du Canada qui pousse avec d'autres plantes indigènes comme les actées et petits prêcheurs.

La maison d'influence coloniale française est joliment restaurée. Mais pourquoi avoir mis de gigantesques hostas dans des urnes de chaque côté des escaliers? «Parce que c'était la tradition à cette époque, si je me fie à une photo de la maison datant de 1932 quand la famille du banquier Pigeon l'occupait», explique notre guide.

Visite guidée

À l'entrée du jardin, une remarquable volière, une réplique de celle du passé en jatoba, un bois exotique. Elle abrite des pinsons colorés.

Sa coupole d'origine est en cuivre. Tout près, un splendide magnolia de Siebold, une variété qui fleurit plus tardivement que les autres, donnant une fleur d'un blanc pur au coeur rouge foncé. «Regardez le bourgeon floral. On dirait un oeuf fraîchement pondu. Vous comprenez pourquoi ce magnolia est près de la volière», dit le jardinier à l'imagination fertile.

Au centre, un bassin d'eau, dont la complexité a causé bien des soucis, permet au propriétaire de se rafraîchir tout en admirant l'éclatant rosier Ballerina, les nombreux iris, notamment ceux du Japon et de Louisiane qu'on croirait peints à la main, les fougères et une foule de plantes en pot dont ce volumineux gunnera qui ressemble à une rhubarbe alimentée aux stéroïdes.

L'eau du bassin est entièrement filtrée par des plantes.

Alors que le visiteur croit avoir déjà fait le tour du jardin, Réjean Courchesne, comme s'il poussait une porte imaginaire, nous fait entrer dans le deuxième tableau. L'effet est saisissant. On a une vue plongeante sur cette autre partie du jardin en terrasses composé de nombreuses platebandes luxuriantes au milieu desquelles trône un imposant vitrail. Des roses trémières, un plantureux bignone, une grimpante aux fleurs orangées en forme de flûte; sur un mur, le faux hortensia grimpant aux fleurs blanches et, le bijou du jardinier, un hêtre tricolore aux feuilles vertes et roses, planté il y a quelques années, illumine littéralement le jardin.

Dans un coin inaccessible, la spectaculaire et maléfique berce du Caucase se mire dans un deuxième étang. Jadis importée d'Europe par les horticulteurs, elle est aujourd'hui une ennemie publique à cause des brûlures au deuxième degré provoquées au contact de sa sève. Une curiosité que les visiteurs peuvent apprécier de loin.

À plusieurs reprises au cours de la visite, Réjean Courchesne utilise l'expression «jouer dans mon jardin» qui démontre son plaisir d'expérimenter. Les platebandes comptent de nombreuses plantes rares ou inusitées qui donnent toute son originalité au jardin. «J'ai éliminé volontairement plusieurs plantes trop répandues. Pas facile aujourd'hui de communiquer l'amour des jardins où les plantes dominent. Le mouvement contemporain accorde beaucoup plus de place aux structures et matériaux qu'à la verdure.»

Le patriarche de la propriété est un peuplier deltoïde géant d'une centaine d'années sur lequel s'agrippe un hortensia grimpant.

Tout au long de la promenade, on peut contempler les lieux en se reposant sur un récamier, un divan ou un banc. Avec ses quatre arches inspirées de l'époque victorienne, un bâtiment ouvert qu'il a lui-même dessiné fait le lien entre plusieurs parties du jardin. Il attire parfois des nouveaux mariés qui recherchent un décor paisible et fleuri.

Jardin pour tous

Réjean Courchesne a ouvert son jardin au public en 2009 pour partager son amour du lieu. Une façon aussi de réduire ses frais d'entretien et d'achat de plantes. «Au printemps et à l'automne, j'organise des corvées avec des amis pour étendre le compost et nettoyer, dit-il. Les plantes en pots doivent être entreposées dans un bâtiment chauffé. Ouvrir son jardin au public exige un entretien minutieux et une évolution constante dans les compositions végétales.» Un jardin, poursuit-il, c'est un tableau vivant qui change selon la lumière, les saisons et l'inspiration du peintre. «Amour et douce folie» sont la signature de ce jardin.

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JARDINS & DES LYS

23, rue Sant-Pascal, Verchères

www.jardinsetdeslys.com

Ouvert: du mercredi au dimanche inclusivement jusqu'au 15 septembre, sur réservation (six participants minimum).

Frais d'entrée: 10$