Gorgées de soleil et de vitamines, plusieurs plantes doivent maintenant faire leur entrée dans la maison.

On oublie parfois que de nombreuses annuelles peuvent passer l'hiver à l'intérieur. Bien sûr, elles seront moins exubérantes et leur allure pourra laisser à désirer au cours de la saison froide. C'est la rançon des jours courts, de l'ensoleillement plus rare et de l'atmosphère souvent trop sèche de nos maisons.

Mais quand on débourse 20 ou 25$ pour un plant de colocasia ou un bananier décoratif, et à peine moins pour des papyrus, des cordylines ou des cannas, cela vaut la peine de faire des efforts pour tenter de les conserver jusqu'à la prochaine saison. Et puis, il y a toujours ce sentiment de satisfaction quand, l'été suivant, notre plant atteint une taille beaucoup plus grande ou produit une floraison spectaculaire, justement parce qu'il est plus mature.

Évidemment, la rentrée est beaucoup plus simple pour les plantes bulbeuses. Chez les dahlias, les cannas ou encore les eucomis, il suffit de prélever les bulbes dès que le feuillage fane en raison du gel, d'éliminer la terre sans utiliser d'eau, de les faire sécher dans un endroit bien aéré pour ensuite les enfouir dans la mousse de tourbe. On entrepose le tout au frais, dans une chambre froide ou un garage, par exemple, si possible dans un contenant fermé. Vérifiez de temps à autre l'état des rhizomes ou tubercules pour éliminer ceux qui présentent des moisissures.

Dans le cas des variétés récentes de cannas, celles reproduites en laboratoire, les racines peuvent sembler plutôt chétives à la fin de l'été. Ces hybrides fleurissent si abondamment durant la belle saison que les réserves accumulées dans leurs rhizomes sont souvent minimes. Peu importe. Cela vaut la peine de les conserver. Au printemps prochain, ils mettront plus de temps à démarrer et la floraison sera plus tardive. Par contre, le plant sera très florifère. Et, autre avantage, la taille du rhizome aura cette fois considérablement augmenté, au point qu'il pourra être divisé. Rappelons que l'on peut aussi conserver les cannas à l'intérieur, tels quels dans un pot, en les plaçant dans un endroit bien éclairé et en évitant de trop les arroser. Même s'ils ne donneront pas de fleurs, la beauté de certains feuillages mérite de faire l'expérience. Si, malgré tout, les feuilles viennent à flétrir, coupez le plant à 10 ou 15 cm du sol. Il devrait bientôt former une nouvelle tige.

Quant aux glaïeuls, ils doivent aussi être hivernés, même s'il arrive que plusieurs bulbes survivent dans la platebande en hiver. Dans le cas des jolis crocosmias, j'ai pris l'habitude de les laisser dans le jardin. Non seulement sont-ils rustiques, mais ils se multiplient facilement, du moins dans la grande région métropolitaine (zone 5).

Une question de dimension

Le cas des colocasias et des bananiers est un peu plus complexe parce la plante est souvent imposante. Il faut les hiverner avant le premier gel. Chez les premiers, faute de place, on coupera toutes les grandes feuilles pour ne conserver que les petites, même si l'opération provoque un pincement de coeur. Placé dans un terreau riche, devant une fenêtre orientée vers le sud-est, et arrosé régulièrement, votre colocasia devrait pousser lentement. Si tout va bien, il pourra être transplanté à la fin du mois de mai dans la platebande ou transféré sur le balcon ou la terrasse. Même traitement pour les bananiers. Coupez les grandes feuilles en maintenant le plant à environ 90 cm de hauteur.

Les brugmansias posent aussi problème en raison de leur grande taille. Vous devez couper les branches radicalement en conservant le tronc principal et quelques bouts de branches secondaires. Le plant survivra dans un endroit frais (10 à 15° C) en arrosant seulement de temps en temps pour éviter que le terreau ne devienne complètement sec. En mars, placez-le en pleine lumière.

Même s'ils poussent naturellement en milieu très humide, voire les pieds dans l'eau, les papyrus vivent très bien au jardin avec un arrosage modéré. À l'intérieur, ils se conservent sans trop de difficulté dans la mesure où on leur donne à boire régulièrement. S'ils profitent d'un éclairage vif, ils resteront beaux et apporteront un peu d'exotisme au cours de l'hiver.

Pour leur part, les cordylines s'adaptent sans peine à la vie en appartement. Vivement colorées, elles gardent leur beauté si on les place en pleine lumière tout en les arrosant de temps à autre. J'ai des amis qui ont conservé leur plant des années durant, la cordyline se retrouvant sur le balcon l'été et devant une grande fenêtre l'hiver.

Le pennisetum secatum «Rubrum» et plusieurs de ses cousins aux coloris pourpres sont aussi des plantes relativement coûteuses qu'on peut avoir avantage à garder dans la maison si l'on dispose d'un espace assez grand. Il faut les tailler jusqu'à hauteur de 7 ou 8 cm et les placer devant une fenêtre, mais dans un endroit très frais, ou encore dans une chambre froide à environ 10ºC comme chez les pépiniéristes. Attention à l'excès d'humidité. Vers la fin du mois de février, vous devez mettre la plante à la lumière, mais toujours au frais.

Il est impératif de traiter les plantes que l'on veut hiverner contre les bestioles de tout acabit. Trois ou quatre jours avant le déménagement, il faut les vaporiser généreusement avec une solution (20 ml de savon insecticide et 20 ml d'alcool par litre d'eau), en n'oubliant pas le dessous des feuilles. Il est préférable de recommencer le traitement une semaine plus tard, à l'intérieur. Pour éliminer les bestioles indésirables dans le terreau, vous pouvez aussi baigner entièrement le pot dans la même concoction.

Il est très difficile de faire pousser des fines herbes à la maison pendant l'hiver, à moins de disposer d'un système d'éclairage adéquat. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas profiter de leurs derniers parfums en les plaçant sur le bord d'une fenêtre bien éclairée, dans un endroit frais. Sauf le basilic qui, lui, aime la chaleur. Habituellement, en raison de la lumière insuffisante, les plants dégénèrent rapidement. Mais vous aurez profité de votre jardin quelques semaines de plus.