Denise et Germain Blanchette, de Varennes, ne manquent pas d'audace. Avec ses conifères à profusion, l'aménagement paysager devant leur résidence a de quoi surprendre les passants.

Devant la façade de la résidence des Blanchette, on découvre une vraie petite forêt qui s'étend jusqu'à la rue, quelques dizaines d'arbres de taille plus ou moins réduites, mais aux formes extravagantes, des conifères originaux, souvent aux origines lointaines. Une végétation inusitée, presque surréaliste. L'aménagement de conifères se prolonge sur le côté de la maison pour occuper toute la place disponible dans la cour arrière.

Cet été, le couple a accueilli des visiteurs dans le cadre d'une tournée des jardins de leur ville. L'aménagement, qui se démarque dans cette rue typique de banlieue, en a impressionné plus d'un.

Imaginez, presque tout le terrain, 100 X 60 pieds, est occupé par des pins, sapins, épinettes, cyprès et surtout des mélèzes, autour de 70 spécimens de collection, pas moins de 55 variétés, tous plantés par les propriétaires. On circule entre les arbres par un ou deux sentiers étroits où l'on aperçoit ici, un petit étang avec des nymphéas, là, des hostas, plus d'une centaine de plants, des hémérocalles ainsi que d'autres vivaces. Un peu partout, on a placé des pots de plantes grasses, souvent fort originales, qui sont entreposées dans la maison chaque automne. Difficile de trouver plus de végétation au mètre carré. Tiens! Là, entre deux mélèzes, un pommier, reliquat d'une autre expérience horticole de Germain Blanchette.

Retraité depuis 1998, aujourd'hui âgé de 73 ans et toujours bien solide malgré une récente opération à un bras, le jardinier est littéralement tombé amoureux des conifères. C'est l'horticulteur Jean-Pierre Devoyault, proprio des Jardins de Jean-Pierre, à Sainte-Christine, près d'Acton Vale, qui lui a transmis sa passion lors d'une rencontre il y a douzaine d'années.

«Sa collection est incroyable. Pour moi, ce fut une révélation. En plus d'être de toute beauté, les conifères exigent moins d'entretien que d'autres arbres, sont moins sujets aux maladies, les insectes y sont moins fréquents et il n'y a pas de feuilles à ramasser en fin de saison. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il n'y a pas de cèdres dans ma cour. Ils perdent une partie de leur feuillage l'automne. Le terrain reste donc attrayant toute l'année», explique-t-il.

Il faut dire que M. Blanchette cherchait à l'époque une solution pour remplacer ses arbres fruitiers dont l'entretien l'épuisait. À cette époque, sa cour ressemblait à un mini-verger où poussaient des pommiers colonnaires, pêchers, abricotiers, pruniers, poiriers et cerisiers à griottes.

«Contrairement à ce que prétendaient plusieurs centres de jardin, il fallait tailler régulièrement les colonnaires et, évidemment, la plupart des autres espèces, dit-il. Je devais aussi arroser fréquemment les pommiers contre la tavelure, me battre contre les maladies et au moment de la récolte, voilà que les oiseaux s'annonçaient. Il nous a fallu quelques années pour comprendre que nous n'étions pas faits pour des arbres fruitiers.»

Auparavant, le couple avait fait l'expérience d'une roseraie, une soixantaine d'hybrides de thé. Encore là, les maladies, l'installation de toiles protectrices pour l'hiver et un taux de mortalité élevé sont venus à bout de leur patience.

Une grande soif

Aujourd'hui, la forêt Blanchette compte un grand nombre de mélèzes européens au feuillage délicat, très doux au toucher, vert tendre passant au jaune vif ou encore à l'ocre en octobre jusqu'à tard en novembre. «Ce sont mes préférés. Chacun d'entre eux a été planté en un lieu précis, en fonction de son allure. Ce sont eux qui protègent mes hostas du soleil.»

Mais il fait aussi l'éloge des sapins de Corée aux aiguilles recourbées, vertes et argentées, de l'épinette naine de Serbie qui revêt elle aussi des teintes argentées ou encore de l'épinette «Cobra» dont les branches légèrement recourbées peuvent rappeler le célèbre reptile. Ses bijoux demeurent toutefois les pins aristés (Pinus aristata) à la forme irrégulière, aux aiguilles disposées de façon si symétrique qu'on dirait parfois un arbre artificiel. Leur croissance est infiniment lente et ils sont un symbole de longévité. En milieu naturel, ils peuvent dépasser les 2000 ans.

Les conifères exigent tout de même un certain entretien. Comme de nombreux amateurs de jardinage, le couple a été confronté cet été au problème de la sécheresse. En dépit de leurs efforts, plusieurs arbres ont souffert de la soif. Devant l'ampleur de la tâche, ils ont fait appel récemment à un spécialiste pour installer un système innovateur d'arrosage goutte à goutte où chaque arbre reçoit sa ration d'eau au moment opportun. Une grosse dépense pour une forêt inestimable.