Elles ont commencé à fleurir il y a une dizaine de jours, un moment que j'attends toujours avec bonheur. Des dizaines de petites fleurs roses délicatement découpées, une odeur exquise d'épices un peu piquante, qui n'est pas sans rappeler le clou de girofle, effluve facilement perceptible à trois ou quatre mètres de distance. Voilà les azalées d'été.

Habituellement, elles se mettent à l'oeuvre la dernière semaine de juin, mais elles sont hâtives cette année. Comme par le passé, la floraison est abondante. Malheureusement, elles sont peu connues au Québec.

Les azalées sont habituellement cultivées pour leur floraison printanière au début du mois de juin. Pourtant, les variétés à floraison estivale assurent brillamment la relève surtout si elles sont plantées côte à côte. Cette saison, chez moi, il restait même encore quelques fleurs de l'azalée printanière «Golden Lights» au parfum vif, alors que les bourgeons de sa cousine estivale «Pink&Sweet» commençaient à éclater.

L'azalée d'été se manifeste normalement au moment où on commence à oublier l'exubérante floraison des belles de la série «Lights». Une agréable surprise qui dure environ deux semaines.

Les azalées estivales se distinguent peu des variétés printanières, mais leurs feuilles sont habituellement plus lustrées et leur parfum, très prononcé. L'automne, leur feuillage devient rouge foncé, pourpre ou encore orangé. De toute beauté. Leurs exigences sont identiques: sol acide, mi-ombre, terreau humide en tout temps en période de croissance. Comme c'est le cas de tous les rhododendrons (dans le langage botanique, les azalées sont des rhodos qui perdent leurs feuilles l'automne), les azalées qui manquent d'eau en pleine canicule peuvent mourir assez rapidement. J'ai vécu la pénible expérience lors de vacances loin de la maison.

Je cultive trois variétés d'azalées estivales depuis des années et elles résistent sans peine à nos conditions hivernales. La plupart sont rustiques en zone 4 et certaines, comme «Weston Lemon Drop», qui commence à fleurir vers la première semaine de juillet, peuvent survivre en zone 3.

L'éternelle question maintenant: où en trouver?

Curieusement, plusieurs pépiniéristes à qui j'ai parlé m'ont dit ne pas connaître ces azalées. Il faut dire qu'au Québec, bon nombre de centres de jardin ont déjà réalisé le plus gros de leurs revenus annuels avant le 1er juillet, ce qui ne les incite guère à faire des efforts pour offrir des plantes à floraison tardive.

Une brève tournée téléphonique d'une dizaine de centres de jardin m'a permis de constater que seuls quelques-uns vendent ces arbustes et souvent en quantité limitée. Pourtant, certains grossistes en offrent plusieurs hybrides.

On peut notamment en trouver à la Pépinière Jasmin, boulevard Henri-Bourassa Ouest; au centre de jardin Cléroux, à Pierrefonds; au Centre de jardin Granby, ainsi qu'à la Pépinière Villeneuve, à l'Assomption, une entreprise qui fait aussi de la vente en gros et offre probablement le plus grand choix à l'heure actuelle. Évidemment, vous pourrez en dénicher ailleurs. Mais à défaut de mettre immédiatement la main sur ces bijoux, pourquoi ne pas demander à votre pépiniériste d'en commander pour les planter d'ici à l'automne, et de profiter de leurs couleurs automnales, ou encore de s'en procurer pour le printemps prochain.

Des noms à retenir

> «Pink & Sweet», rose au parfum très épicé, une de mes préférées

> «Popsicle», aux pétales dotés d'une tache jaune

> «Innocence», toute de blanc vêtue

> «Lemon Drop», aux fleurs jaunâtres

Ce sont les quatre variétés les plus fréquemment mentionnées dans les catalogues de grossistes québécois, parfois avec le préfixe Weston. Une petite visite sur le site de la Weston Nurseries (www.westonnurseries.com) vous en fera découvrir d'autres qui pourraient aussi être vendues chez nous puisque la maison américaine distribue ses produits au Québec.

Si les azalées vous sont totalement inconnues, il est toujours temps de planter une des variétés printanières, beaucoup plus faciles à trouver. Les hybrides Lights demeurent mes favoris. Insistez pour avoir des fleurs odorantes. Ces arbustes peuvent atteindre de 2 à 3 m dans des conditions idéales. Dans mon jardin, ils atteignent 1,5 m après plusieurs années.

Pour obtenir du succès

> Ombre légère.

> Sol légèrement humide, mais bien drainé.

> Paillis pour protéger les racines au cours du premier hiver.

> Fertilisation annuelle avec un engrais à rhododendrons.

> Fosse de plantation adéquate: creuser une tranchée de 30 à 60 cm de profondeur sur environ 30 cm de largeur. Combler avec un mélange à parts égales d'un terreau léger ou de terre sablonneuse et de tourbe horticole (peat moss). Cette méthode s'applique à tous les rhododendrons et azalées.

De la Lettonie au Massachussetts

L'histoire des azalées d'été est inusitée puisque la plupart des hybrides ont été créés par la famille Mezitt, propriétaire depuis quatre générations de la Weston Nurseries, de Hopkinton, dans le Massachusetts.

Le patriarche, Peter John Mezitt, est né en Lettonie, puis il a étudié l'horticulture à Moscou pour ensuite travailler dans des jardins en Roumanie et en Allemagne, avant d'immigrer aux États-Unis en 1911 et d'ouvrir sa pépinière. Son fils Edward s'est découvert une vocation d'hybrideur et a créé au début des années 1940 le célèbre rhododendron PJM, du nom du père, variété rustique et florifère, très populaire au Québec. La série PJM compte maintenant plusieurs rhodos obtenus par la famille Mezitt.

Les travaux d'Edward ont aussi permis d'obtenir une bonne quinzaine d'hybrides à floraison estivale, des arbustes particulièrement rustiques regroupés sous le nom de série Weston.