Une belle fin de printemps

On a beaucoup parlé de température, depuis le coup de chaleur du mois de mars. Tous les jardiniers craignaient un dérèglement horticole. Quelques observations.

Jamais jardinier n'a été aussi comblé. Des grappes de fleurs d'un bleu délicat et d'un parfum exquis couvrent le mur arrière de ma grange, miracle de notre hiver très doux. La dernière fois que cela s'est produit, c'était en 2002. Cette fois, c'est plus extraordinaire que jamais chez moi. Et sans doute aussi chez plusieurs d'entre vous.Plante presque mythique sous nos climats, la glycine se fait souvent prier pour fleurir, mais donne rarement suite à nos supplications. Cette saison, c'est l'apothéose: 79 grappes de fleurs. Je les ai comptées une à une. Des grappes de 30 à 40 cm de longueur embaument cette partie du jardin.

Au printemps 2011, ma glycine «Blue Sapphire» n'avait pas fleuri en raison, semble-t-il, des pluies diluviennes que nous avions alors connues. Par contre, à partir de la mi-juillet, j'ai commencé à couper toutes les tiges nouvelles qui s'allongeaient exagérément, et chaque extrémité a produit une fleur précisément au point de coupe, soit une trentaine. «Blue Sapphire» est rustique en zone 5 (grande région métropolitaine). Il existe évidemment d'autres variétés de glycines rustiques dans la même zone.

Cet hiver exceptionnel a aussi été bénéfique pour plusieurs plantes. Les bulbeuses comme les tulipes, par exemple, se sont montrées particulièrement généreuses, du moins jusqu'à maintenant. Mes fritillaires impériales rouges sont devenues géantes - 1,15 cm - et ont produit des fleurs d'une taille que je n'avais jamais vue.

La beauté d'Andromède

Rares sont ceux qui résistent à la beauté d'andromède.

À vrai dire, l'histoire a commencé dans la mythologie grecque. Sa beauté ayant été vantée haut et fort par sa mère, la belle Andromède a été enchaînée sur un rocher en pleine mer à la suite d'un mauvais sort. La perfide Méduse à la chevelure de serpents s'apprêtait à lui faire un mauvais parti quand Persée s'est empressé de sauver la jolie victime et de décapiter la méchante Méduse.

Le plus étonnant, c'est que le Suédois Carl von Linné, père de la classification moderne des plantes a fait un lien entre la légende et le végétal de l'Europe nordique qui répond aujourd'hui au nom d'Andromeda polifolia. Lorsqu'il découvre la beauté végétale sur le bord d'un étang, il réalise du même coup que l'eau est peuplée par des têtards. Ayant une imagination particulièrement fertile, Linné imagine la plante menacée par ces créatures peu invitantes. Andromède, la végétale, venait de naître.

Heureusement, mon andromède vit des jours beaucoup plus calmes dans mon jardin. Après des années d'échecs, je viens tout juste de l'apprivoiser. Cette plante offerte par de nombreux pépiniéristes est habituellement en fleurs à ce temps-ci de l'année. Des petites fleurs en formes de clochettes rosâtres qui émergent d'un feuillage argenté délicat. Plantez à la mi-ombre, dans un sol acide et en vous assurant que le terreau soit toujours humide, m'avait-on dit. En dépit de mes soins, la belle rendait l'âme à la fin de l'été.

Le hic est le mot humide. L'andromède est une plante de tourbière qui a souvent les pieds tout près de l'eau. J'ai donc installé le plant près de mon bassin d'eau, dans un mélange de terreau et de mousse de tourbe de façon à ce que les racines ne touchent pas directement à l'eau, mais puissent y puiser par capillarité. La plante a passé l'hiver sans problème et elle vient tout juste de fleurir. Un autre petit bonheur.

On pourra obtenir l'effet étang ou tourbière en installant le plant dans un contenant en plastique installé dans un trou creusé dans la platebande. Mais faites un trou le long de la paroi de façon à ce que l'eau ne s'accumule pas plus que sur 4 ou 5 cm de hauteur.

N'ayez crainte par ailleurs, têtards, grenouilles ou crapauds ne s'intéressent pas à l'andromède et la belle n'est pas sujette aux maladies ni aux attaques d'insectes.

Andromède en bref

Nom

Andromède polifolia «Blue Ice»

Type

Arbrisseau de 20 à 30 cm de hauteur; envergure, environ 

40 cm.

Feuillage

Argenté tirant sur le bleu. Persistant toute l'année.

Ensoleillement

Mi-ombre ou plein soleil si la plante a les pieds sur le bord de l'eau.

Rusticité

Zones 5, 4, 3 et 2 (nordique)

Culture

Au jardin ou en pot en enterrant celui-ci dans le sol l'hiver.

Malheureuses pivoines

Rien n'est parfait dans la nature. Le temps chaud de mars et les périodes froides, venteuses et pluvieuses qui ont suivi ont affecté de nombreuses pivoines dans mon jardin. À mon grand désespoir. Imaginez des plants en pleine forme, dotés de nombreux boutons floraux, autant de promesses de beauté. Puis, sans crier gare, voilà des tiges qui commencent à s'affaisser et à s'écraser au sol.

Je n'avais jamais vécu pareil drame horticole.

Diagnostic: pourriture du col de la tige, une maladie fongique. Remède proposé par Serge Farfard, des Jardins Osiris à Saint-Thomas- de-Joliette: une solution d'iode, la même que l'on appliquait sur nos bobos à l'époque. Il suffit de verser le produit dans de l'eau de façon à ce que le mélange atteigne la coloration d'un thé fort. On arrose ensuite les plants malades pour que les racines des pivoines soient bien mouillées par la solution. Et on croise les doigts...

Je n'ai pu récupérer les tiges malades, mais tous mes plants ont été sauvés. Cependant, dans certains cas, comme chez les pivoines «Itoh», une lignée coûteuse et de plus en plus populaire, la production de fleurs sera grandement affectée. Selon le pépiniériste, les variétés hâtives sont habituellement les plus touchées. Toutefois, même si toutes les tiges meurent à la suite du fléau, le plant se remet habituellement de son expérience et peut fleurir à nouveau l'année suivante.