Peut-on se fier à la zone de rusticité attribuée aux plantes vendues dans nos centres de jardin? En partie seulement.

D'abord parce que la carte des zones climatiques de jardinage du Canada est basée sur de vieilles données. Et puis, de nombreuses variétés de plantes sont mises en marché trop rapidement, sans avoir été testées adéquatement.

Heureusement, le ministère fédéral des Ressources naturelles doit publier dans quelques mois une nouvelle carte sur la rusticité des plantes, a indiqué à La Presse un porte-parole gouvernemental. Il était temps! Les données actuelles datent de... 22 ans. Et ce sont les plus récentes, puisque les rapports météorologiques ayant servi à déterminer les zones climatiques sont ceux de 1961 à 1990. Si bien qu'à la lueur des changements climatiques survenus au cours des dernières décennies, on imagine que la carte publiée en 2000 manque de réalisme. Par exemple, il y a fort à parier que la zone 5, qui regroupe notamment la grande région métropolitaine, la plus douce du Québec, est plus étendue aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a 20 ou 30 ans. C'est ce qui explique aussi que certaines plantes y poussent beaucoup plus facilement que par le passé.

Pour leur part, les États-Unis ont publié une nouvelle carte en janvier dernier en se basant sur des données de 1976 à 2005 provenant de plus de 2000 stations météorologiques. La dernière avait été établie à partir de statistiques datant d'au moins 30 ans. Constat: un réchauffement global d'environ 3ºC. Selon la nouvelle carte, la zone 5 de l'État de l'Illinois, par exemple, a été repoussée de... 96 km plus au nord et la petite zone 4, qui existait à l'époque, est disparue. On a aussi constaté que l'îlot de chaleur que constituait la ville de Chicago avait des répercussions dans les territoires limitrophes.

La nouvelle délimitation des zones de rusticité au Canada pourrait nous surprendre, car la dernière année de validation est 2010. D'ailleurs, les études du groupe Ouranos (Consortium sur la climatologie régionale et l'adaptation aux changements climatiques) et du ministère québécois du Développement durable et de l'Environnement démontrent que de 1960 à 2005, la température globale dans le sud du Québec a augmenté sensiblement. On parle d'une moyenne de 1,2 ºC. Les nuits sont moins fraîches et les journées, plus chaudes. Les unités thermiques nécessaires à la croissance des plantes ont aussi augmenté, parfois jusqu'à 20%, ce qui a des conséquences importantes en agriculture et dans nos jardins.

Cela étant dit, la carte de rusticité est encore utile, surtout que la prochaine ne sera pas appliquée par toutes les entreprises et publications horticoles avant un long moment. On tient donc pour acquis qu'une plante classée rustique en zone 5 ne peut théoriquement résister au climat plus frais des zones 4, 3 et 2. À l'inverse, une plante nordique peut vivre sans trop de problèmes dans le Sud, dans la mesure évidemment où la chaleur n'est pas un obstacle à sa croissance.

On peut cependant s'interroger sur l'utilité des subdivisions présentées dans la carte actuelle (zones 5a et 5b; 4a et 4b, la partie b du territoire étant la plus chaude). À mon avis, trop de facteurs sont susceptibles d'influencer la rusticité d'une plante sur votre terrain: couvert de neige, couloir de vents, obstacles naturels ou artificiels, ensoleillement, humidité ambiante, îlot de chaleur urbain, etc. Que faire, alors?

La meilleure façon de connaître la rusticité d'une plante est d'en faire l'essai dans son jardin. À mon grand étonnement, plusieurs plantes carnivores, classées non rustiques dans la région métropolitaine, poussent allègrement chez moi depuis des années, sans protection. J'ai même réussi à garder au jardin un plant de thé, Camellia sinensis, qui en est à son troisième printemps. Le jardinage demeure une science inexacte.

Le ministère fédéral des Ressources naturelles offre aussi un site internet permettant de découvrir l'aire de distribution de 2376 espèces de plantes au Canada.

Il s'agit d'un site interactif, et chaque amateur peut y apporter sa contribution en indiquant quelles plantes poussent dans son patelin. L'adresse: https://planthardiness.gc.ca. On clique sur l'onglet «français».

Si les informations sont intéressantes, la plupart des plantes cartographiées sont malheureusement indigènes et les variétés horticoles, relativement rares. Il faut dire que les données sur la flore locale sont beaucoup plus abondantes en raison de nombreux travaux scientifiques réalisés à leur sujet. Par ailleurs, les variétés horticoles sont innombrables et des centaines de nouveaux hybrides font leur apparition chaque année. Seule une participation plus grande des horticulteurs amateurs et professionnels pourrait améliorer la situation.

Photo: André Karewath, Wikimedia Commons

Les primevères obtiennent beaucoup plus de succès en climat frais (zone 4) que dans la grande région métropolitaine.

Il fait plus chaud

La nouvelle délimitation des zones de rusticité au Canada pourrait nous surprendre, car la dernière année de validation est 2010. D'ailleurs, les études du groupe Ouranos (Consortium sur la climatologie régionale et l'adaptation aux changements climatiques) et du ministère québécois du Développement durable et de l'Environnement démontrent que de 1960 à 2005, la température globale dans le sud du Québec a augmenté sensiblement. On parle d'une moyenne de 1,2 ºC. Les nuits sont moins fraîches et les journées, plus chaudes. Les unités thermiques nécessaires à la croissance des plantes ont aussi augmenté, parfois jusqu'à 20%, ce qui a des conséquences importantes en agriculture et dans nos jardins.

Cela étant dit, la carte de rusticité est encore utile, surtout que la prochaine ne sera pas appliquée par toutes les entreprises et publications horticoles avant un long moment. On tient donc pour acquis qu'une plante classée rustique en zone 5 ne peut théoriquement résister au climat plus frais des zones 4, 3 et 2. À l'inverse, une plante nordique peut vivre sans trop de problèmes dans le Sud, dans la mesure évidemment où la chaleur n'est pas un obstacle à sa croissance.

On peut cependant s'interroger sur l'utilité des subdivisions présentées dans la carte actuelle (zones 5a et 5b; 4a et 4b, la partie b du territoire étant la plus chaude). À mon avis, trop de facteurs sont susceptibles d'influencer la rusticité d'une plante sur votre terrain: couvert de neige, couloir de vents, obstacles naturels ou artificiels, ensoleillement, humidité ambiante, îlot de chaleur urbain, etc. Que faire, alors?

La meilleure façon de connaître la rusticité d'une plante est d'en faire l'essai dans son jardin. À mon grand étonnement, plusieurs plantes carnivores, classées non rustiques dans la région métropolitaine, poussent allègrement chez moi depuis des années, sans protection. J'ai même réussi à garder au jardin un plant de thé, Camellia sinensis, qui en est à son troisième printemps. Le jardinage demeure une science inexacte.

Photo Archives La Presse

La sarracénie «Judith Hindle» est une plante de zone 6 à 8, un climat beaucoup plus chaud qu'au Québec. La plante pousse dans mon jardin sans protection hivernale depuis fort longtemps. Un autre exemple de classification inadéquate.

2376 plantes cartographiées

Le ministère fédéral des Ressources naturelles offre aussi un site internet permettant de découvrir l'aire de distribution de 2376 espèces de plantes au Canada.

Il s'agit d'un site interactif, et chaque amateur peut y apporter sa contribution en indiquant quelles plantes poussent dans son patelin. L'adresse: https://planthardiness.gc.ca. On clique sur l'onglet «français».

Si les informations sont intéressantes, la plupart des plantes cartographiées sont malheureusement indigènes et les variétés horticoles, relativement rares. Il faut dire que les données sur la flore locale sont beaucoup plus abondantes en raison de nombreux travaux scientifiques réalisés à leur sujet. Par ailleurs, les variétés horticoles sont innombrables et des centaines de nouveaux hybrides font leur apparition chaque année. Seule une participation plus grande des horticulteurs amateurs et professionnels pourrait améliorer la situation.  

Photo: Archives La Presse

Les hibiscus vivaces comme ceux de la lignée Disco Belle doivent théoriquement être protégés dans la région métropolitaine au cours de l'hiver. Mes plants n'ont jamais eu droit à ces soins et sont en pleine forme depuis des années.