L'automne venu, les asters sauvages aux doux coloris s'épanouissent un peu partout: le long des clôtures, dans des terrains vagues et des parcs naturels. Pourtant, au jardin, ils se font rares. D'ailleurs, ils ne figurent même pas au catalogue postal Horticlub. C'est tout dire. «Ça ne se vend pas», explique un représentant de la maison.

Il suffit de jeter un coup d'oeil dans les catalogues des producteurs grossistes qui n'en tiennent que quelques espèces et variétés, exception faite de la Pépinière Charlevoix, dont le choix est relativement grand, pour constater cette désaffection du milieu horticole envers la fleur étoilée selon son appellation scientifique.

Selon Michel Corbeil, propriétaire des Jardins Michel Corbeil à Saint-Eustache (www.jardinsmichelcorbeil.com), les asters subissent le même sort que la plupart des plantes à floraison tardive, à plus forte raison celles qui attendent la fin de septembre avant de s'épanouir. Toujours très populaire en Europe, notamment parce que l'automne se prolonge beaucoup plus que chez nous, la plante est négligée au Québec, déplore-t-il. «Pourtant, la floraison des asters s'étend sur plusieurs semaines et ils peuvent résister à plusieurs gels successifs. On aura souvent des fleurs jusqu'à la fin d'octobre et parfois plus longtemps. Certains coloris, comme celui du Purple Dome, sont exceptionnels», poursuit M. Corbeil.

L'horticulteur, qui offre probablement le plus vaste choix d'asters au Québec parmi les détaillants, ajoute qu'il est cependant difficile de maintenir un aster en santé sur une longue période dans un centre de jardin. La plante devient facilement victime de l'oïdium. Ce qui pourrait expliquer son manque d'attrait auprès des jardiniers qui fréquentent les pépinières.

Heureusement, certains dé-taillants profitent encore de l'automne pour mettre en vente des asters en pleine floraison, des plants qui ont souvent été pincés ou taillés au cours de l'été pour obtenir une potée fleurie bien garnie. Il suffit de la mettre en terre au jardin pour qu'elle fleurisse ensuite année après année. Mais dans ce cas, l'aster retrouvera sa taille originale, qui est souvent de 70 à 100 cm.

D'ailleurs, Denis Thibodeau, de la maison Québec Multiplants, un grossiste, conseille de tailler les plants à une hauteur de 15 ou 20 cm, avant le 15 juin. Non seulement cela n'affectera pas la période de floraison, mais en septembre, au moment de son épanouissement, l'aster sera plus compact et ne dépassera guère les 60 cm.

Faciles à cultiver, les asters poussent dans un sol ordinaire, en plein soleil ou dans des endroits plus ou moins ombragés comme à l'orée des sous-bois. Certains cultivars, notamment de la lignée des asters de New York (novae-angliae) ou de la Nouvelle-Angleterre (novea-belgii), devraient être divisés aux deux ou trois ans afin de maintenir leur vigueur. Les asters d'automne se présentent dans une infinité de tons de rose, de blanc de bleu. Leur rusticité varie d'un cultivar à l'autre, mais la majorité résiste sans peine aux hivers de la zone 4.

Mon préféré? Aster x frikartii «Mönch», issu d'un hybride naturel, d'un bleu magnifique. Extrêmement florifère, il commence à s'épanouir au début de septembre et reste coloré jusqu'à la mi-novembre même après plusieurs gels légers. Ses tiges sont solides et résistent aux grands vents sans tuteur.

La nature s'invite

Ma «collection» d'asters se limite à six espèces. Mais le plus étonnant, c'est que trois d'entre elles ont migré du parc tout près pour s'installer au jardin. Elles forment de jolies touffes blanches, roses et bleues qui n'ont rien à envier avec celles que l'on trouve dans le commerce.

De quoi en perdre son latin

Les asters ont toujours posé un casse-tête aux experts en nomenclature. Ces dernières années, des études d'ADN ont permis de définir davantage la personnalité de chacun. Si bien qu'aujourd'hui, nombre d'asters ne le sont plus.

C'est le cas de toutes les espèces nord-américaines, environ 150, la moitié que compte le genre dans le monde, qui répondent désormais à des noms peu connus même chez les jardiniers d'expérience.

Ainsi, en mai dernier, lors du Rendez-vous horticole du Jardin botanique, j'ai été surpris de constater que la plante sur laquelle j'avais jeté mon dévolu, et qui avait bien un feuillage d'aster, était identifiée sous le nom de Syphyotrichum novi-belgii «Brigitte». Certains autres ont été classés sous l'appellation Canadanthus, Sericocarpus, Encephalus... De quoi y perdre son latin. Mais le terme scientifique n'est pas disparu pour autant, mais il s'applique uniquement aux espèces d'Europe et d'Asie. C'est le cas d'Aster alpinus, qui nous vient des Alpes. Cette espèce printanière de petite taille fleurit avant le 15 mai au Québec.

Heureusement pour les amateurs de jardinage, le terme générique est là pour rester.