La question revient souvent : connaissez-vous une plante qui peut cacher rapidement une thermopompe, un poêle barbecue, servir d'écran pour éviter le regard indiscret du voisin ou dissimuler un coin moins attirant de sa cour ?

Je suggère souvent de planter une belle graminée genre miscanthus, ou encore une des innombrables variétés d'arbustes vendues en pépinière. Mais une autre solution s'annonce intéressante, notamment pour les petits terrains. C'est la clôture vivante.

Le concept a été mis en marché cet été par la Pépinière Villeneuve de l'Assomption (www.pepinierevilleneuve.com). Il s'agit tout simplement de branches de saule attachées en treillis et plantées directement dans le sol. Les tiges fines d'environ 2 m de longueur s'enracinent facilement et produisent très vite du feuillage. La maison offre les tiges en paquet ou encore, comme c'était le cas lors du Rendez-vous horticole du jardin botanique fin mai, de fines branches déjà plantées dans un bac qui peut se déplacer à volonté ou encore s'installer directement en pleine terre. La clôture n'aura qu'une vingtaine de centimètres de largeur et environ 120-150 cm de hauteur. Il faudra tailler le feuillage une à trois fois par année, à partir du 1er juin.

« Si on ne taille pas, explique l'horticulteur Denis Bernard, de la pépinière Villeneuve, la structure devient trop vite opaque et le treillis végétal disparaît rapidement. Mais inévitablement, la clôture vivante deviendra très dense avec le temps, ce qui est aussi l'effet recherché. Mais l'automne, elle retrouve son charme original une fois les feuilles tombées. »

Longévité de 15 ans

Selon M. Bernard, la clôture en saule garde sa belle apparence durant plus de 10 ans. Avec le temps, les branches deviennent relativement grosses, craquelées et perdent leur écorce lisse. La base a aussi tendance à se dégarnir comme c'est souvent le cas d'un arbre qui prend de l'âge. D'un point de vue esthétique, l'horticulteur fixe la longévité de l'écran végétal à 15 ans.

S'il est conseillé de planter les tiges au printemps, il est aussi possible de le faire maintenant, car les branches devraient s'enraciner avant les grands gels, du moins dans la grande région métropolitaine.

La clôture vivante pousse dans un sol ordinaire, mais exige un arrosage régulier au cours de ses premières années de croissance. Rappelons que le terme scientifique de saule, salix, est d'origine celtique et signifie près de l'eau, une allusion évidemment à une foule d'espèces qui poussent en milieu riverain.

S'il existe une quarantaine d'espèces de saules au Québec, ce sont deux espèces européennes, mais souvent naturalisées qui sont utilisées à cette fin. Il s'agit de Salix vaminalis et surtout de Salix miyabeana, beaucoup moins sujette aux attaques d'insectes que la précédente. Incidemment, S.vaminalis sert beaucoup en vannerie. Rappelons que les jeunes tiges de saule de l'année portent le nom d'osier.

Si les clôtures vivantes ne sont offertes que depuis quelques mois, elles ont connu un bon succès, indique Denis Bernard. Parions qu'au printemps prochain, d'autres pépiniéristes tenteront la même expérience.

Un mythe

Contrairement à la croyance populaire, un écran végétal a peu d'impact sur le bruit ambiant. Une haie de thuyas, par exemple, n'atténuera jamais le volume de la radio du voisin. Seule une structure faite en béton ou autre matériau peut limiter la propagation du son. La clôture vivante ou le mur végétalisé ont un rôle principalement esthétique qui vise à cacher la structure antibruit.

Saviez-vous que l'écorce de saule produit de la salicyline (le terme vient de salix), un composé chimique analgésique qui est à l'origine de l'aspirine.