Elle porte le nom de primerose, un terme datant du XIIe siècle qui pouvait signifier rose fine. Certains parlent plutôt de passerose, une appellation qui remonte presque aussi loin dans le temps et voudrait dire «supérieure à la rose», nous dit le Petit Robert. De nos jours, on utilise plus souvent le nom de rose trémière, une déformation de «rose d'outremer» souligne encore le dictionnaire.

Pourtant les roses trémières sont bien originaires de l'Europe et de l'Asie, ce qui laisse croire que les premiers spécimens à attirer l'attention étaient importés. Les alcea regroupent une soixantaine d'espèces vivaces et de bisannuelles dont Alcea rosea qui a donné d'innombrables cultivars. (Le terme scientifique althea désigne maintenant des espèces très voisines, mais de taille beaucoup moins grande.)

Souvent associée aux jardins anciens, la rose trémière connaîtrait un certain regain de popularité ces dernières années, en raison du retour à la mode des fleurs doubles aux coloris multiples. Le hic, c'est que la plante est souvent attaquée par une rouille spécifique, une maladie fongique qui colore les feuilles de spores orangées avant qu'elles ne fanent, rendant le plant particulièrement laid même s'il n'en meurt pas.

Il existe cependant une espèce de rose trémière vivace qui résiste beaucoup mieux à la rouille: Alcea rugosa ou passerose de l'Ukraine aux jolies fleurs simples, jaune citron, très abondantes. La floraison continue s'étale sur six à huit semaines, à partir de la mi-juillet. Ses feuilles sont lobées, un peu comme celles du figuier, ce qui lui a valu en anglais le nom de passerose jaune aux feuilles de figuier (Yellow fig-leaved holleyhock).

Originaire de la Russie, de l'Ukraine et de la Géorgie, Alcea rugosa atteint facilement 2 m, et souvent plus dans mes platebandes, si bien que le tuteurage est nécessaire. Sa longévité est d'environ trois ans, mais elle se sème spontanément à la base, si bien qu'on a l'impression qu'elle vit beaucoup plus longtemps.

La rose trémière de l'Ukraine se contente d'un sol ordinaire mais bien drainé, une position ensoleillée et un arrosage régulier par temps sec. Les plants doivent être suffisamment éloignés les uns des autres pour permettre une bonne aération, sinon l'humidité ambiante sera propice à l'apparition de maladies. Bien que plus résistante à la rouille, il faut toutefois éviter d'arroser le feuillage, ce qui peut favoriser le développement du fongus.

Dans les cas de rouille chez les roses trémières, l'important est d'éliminer les feuilles atteintes. Certains auteurs conseillent un traitement préventif avec des fongicides mais sans préciser les résultats. Rappelons que les spores de la rouille peuvent «voler» sur des dizaines de kilomètres grâce aux vents.