Les multinationales du jardinage rivalisent d'efforts pour nous offrir des centaines de créations chaque année, à tel point qu'au bout de deux ou trois ans, ce qui nous avait été présenté comme la merveille du siècle est déjà oublié.

L'exemple des Exceptionnelles, choisies annuellement par le public et des experts au jardin Daniel A. Séguin de Saint-Hyacinthe, est assez intéressant à cet égard. Dans certains cas, un été après leur couronnement, ces annuelles n'étaient déjà plus disponibles. Voilà d'ailleurs ce qui a probablement amené les responsables de ce programme promotionnel à nous présenter cette saison les Classiques, soit cinq variétés toujours en vedette depuis leur nomination, un choix contestable d'ailleurs puisque l'une d'elles n'a figuré parmi les élues que l'an dernier. Nous en reparlerons.

En attendant, je vous présente quelques plantes qui ont retenu mon attention ces dernières années et qui ont... une double vie. Souvent vendues pour la durée d'une saison, elles se transforment en plantes d'intérieur l'hiver ou se reposent au frais dans la cave avant de revenir à la vie le printemps suivant.

C'est le cas du bégonia «Escargot» facilement reconnaissable à ses feuilles rappelant effectivement la forme de l'animal. Une plante enregistrée en 1998 mais qui avait été vendue à grande échelle au Québec il y a trois ou quatre ans comme annuelle. Ce Begonia rex, comme les centaines d'autres issus de la même espèce, pousse très bien en pot sur un balcon ou une terrasse ombragée. Mon spécimen en est à son deuxième hiver à la maison et il fleurit abondamment, bien qu'on le cultive principalement pour ses feuilles. Il a pris beaucoup d'ampleur depuis son premier été et tout indique qu'il pourra vivre encore longtemps. On le trouve presque partout dans les centres de jardin.

Le canna «Orange Punch» figurait parmi les Exceptionnelles l'an dernier. Extrêmement prolifique, il produit des fleurs orangées magnifiques. De la vitamine dans le jardin. Le hic, c'est qu'il est plutôt rare parce que les grossistes ont de la difficulté à s'approvisionner. Par exemple, seulement autour de 4000 plants seront offerts ce printemps pour l'ensemble du Québec. Notez ce nom lors de vos achats.

Par chance, j'avais obtenu quelques plants avant sa consécration officielle. Comme tout bon canna, les rhizomes ont été conservés facilement au frais dans de la mousse de tourbe au cours de l'hiver et j'ai pu les diviser le printemps dernier. Le même scénario devrait se produire en mai prochain. Ce canna pourrait aussi se garder comme plante d'intérieur durant la saison froide et se diviser au printemps.

C'est aussi le cas de l'extravagant colocasia «Mojito» qui fait partie de la cuvée 2011 des Exceptionnelles. Cette plante vendue comme annuelle est assez coûteuse. Aussi, est-il rentable de l'installer à la maison, si on a de la place évidemment, en position bien éclairée, la base du pot dans l'eau.

Il va sans dire que la multitude de coléus qui font leur apparition chaque saison à titre d'annuelles peuvent aussi être considérés comme des plantes d'intérieur. Non seulement se reproduisent-ils facilement à partir de boutures, mais il suffit de tailler le plant à une ou deux reprises au cours de l'hiver pour lui donner une belle forme. Les tiges récupérées lors de l'opération pourront devenir autant de nouveaux plants pour la platebande à la fin du printemps.

Un petit anthurium

Découvert à la foire horticole de Saint-Hyacinthe, à l'automne 2009, cet anthurium de petite taille manifeste une endurance exceptionnelle. Lancé par la maison Marsolais, un des plus importants grossistes en fleurs coupées au Canada, il pousse dans un cylindre de verre où l'on voit ses racines évoluer jusqu'à la réserve d'eau. La plante produit de jolies petites spathes rouges et elle est toujours en vente notamment dans certaines grandes surfaces. Le spécimen que je m'étais procuré à l'époque se porte bien. Même si la fertilisation a été négligée, cela ne l'a pas empêché de fleurir presque continuellement. On conseille, normalement une solution de 15-30-15 à tous les arrosages mais diluée au tiers ou au quart. Évidemment, il n'y a pas des tonnes de fleurs mais leur apparition est un beau clin d'oeil à l'hiver. Un investissement rentable puisque son prix est d'environ 30$.