Non seulement son rhizome charnu est facile à entreposer et à conserver durant l'hiver mais il se multiplie à grande vitesse. Planter un canna dans votre jardin et vous en aurez assurément pour votre argent. Un collègue de La Presse a déjà produit autour de 600 plants en cinq ans à partir de deux grosses racines. Des plants qu'il distribuait gracieusement aux amateurs de jardinage du journal.

Les cannas fleurissent une grande partie de l'été, souvent dès le mois de mai s'ils ont été forcés à l'intérieur, et à la fin d'août, la plupart sont encore au devoir dans le jardin. Le canna possède aussi un autre trait de personnalité remarquable: il est ambivalent. Il pousse aussi bien dans l'eau qu'en pleine terre.

Copropriétaire de la maison les Serres Aquafolia, à Mirabel, un des plus importants producteurs de plantes aquatiques au Québec, Céline Gaouette, produit des cannas depuis des années. «Certains cannas sont considérés comme de vraies plantes aquatiques alors que les autres variétés peuvent aussi vivre dans l'eau mais dans des conditions particulières», précise-t-elle. Par exemple, le grossiste offre les cultivars «Endeavour» de couleur rouge, «Erebus» aux jolies teintes de rose ou encore «Flaccida « aux fleurs jaunes. Trois «cannas d'eau» qui peuvent pousser dans un étang ou un bassin à la condition que le collet de la plante soit à peine submergé. L'automne venu, Mme Gaouette conseille de conserver la plante dans son pot, de couper la tige et de l'entreposer au frais en maintenant le sol humide mais jamais détrempé. On procède à la division des racines au printemps.

Pour éviter la noyade

Quant aux cannas «terrestres», il en existe des centaines de variétés sur le marché, on peut aussi les placer dans un bassin en mettant seulement la moitié ou les trois quarts du pot dans l'eau. Le collet de la plante ne doit jamais être submergé, fait valoir, Mme Gaouette. Mais attention! Avant de mettre un canna «terrestre» dans l'eau, il faut absolument que les racines et le feuillage soient bien développé. Sinon, c'est la noyade. «Si vous déposez dans l'eau un rhizome qui commence à peine à germer, il va pourrir rapidement.»

Originaires de l'Amérique tropicale ou d'Asie, les cannas doivent leur nom scientifique à un terme latin signifiant «roseau» en raison de leur forme élancée. En français, on utilise aussi le terme «balisier» d'origine antillaise. On en compterait une cinquantaine d'espèces mais le nombre de cultivars atteindrait des milliers. Ces dernières années, les hybrideurs ont mis beaucoup d'efforts pour obtenir une longue floraison ainsi que des plants de petite taille, de 60 à 100 cm, avec des résultats plus ou moins heureux dans certains cas, à mon avis. Par contre, les floraisons sont de plus en plus prolongées, souvent jusqu'aux premiers gels.

Attention au froid

En dépit de son caractère ambivalent, le canna «terrestre» apprécie un sol riche retenant l'humidité mais toujours bien drainé. Paradoxalement, il faut éviter de trop arroser. Il est souvent conseillé de fertiliser fréquemment, aux deux semaines, mais en cessant tout apport d'engrais dès le mois d'août pour permettre au plant de faire des réserves dans ses racines plutôt que de produire du feuillage. En fin de saison, on déterre les rhizomes délicatement (ils sont comestibles, soit dit en passant) et on les laisse à l'air libre dans un abri afin qu'ils sèchent durant quelques jours. Ensuite, on les dépose dans de la mousse de tourbe pour les placer dans un endroit frais. Si les racines sont trop humides lors de l'entreposage, elles risquent de pourrir.

En avril, on divise les rhizomes pour les planter en pot afin de les mettre en terre au jardin à la fin mai ou en juin. Si la température est trop fraîche lors de la transplantation (jamais en bas de 40 C), les plants risquent d'accuser un retard de croissance considérable.

Trois cannas exceptionnels

Voilà plusieurs années que je cultive les cannas. Faciles d'entretien, ils fleurissent abondamment et souvent leur feuillage est spectaculaire. Cette année, trois d'entre eux se sont particulièrement démarqués au jardin.

Je vous ai parlé de la variété «Orange Punch» à l'occasion de la présentation des Exceptionnelles 2010. Il mérite grandement cet honneur. Non seulement a-t-il produit une foule de tiges mais sa floraison est extrêmement abondante et continue depuis le début de l'été. Dans mes platebandes, il atteint 1,5 m.

Quant à «Australia», il fait presque 2 m. Ses fleurs sont rouges et son feuillage est d'un pourpre incroyable. Ses feuilles sont extraordinaires dans un bouquet de fleurs coupées. Si vous découvrez ces deux variétés dans un centre de jardin, n'hésitez pas à les acheter. Vous aurez des fleurs pour le reste de la saison et lors de l'entreposage, vous constaterez que vos rhizomes auront pris une ampleur considérable. Un achat rentable.

Enfin, je vous présente «Hello Yello» qui lui aussi a démontré un entrain hors du commun jusqu'ici. Sa fleur est jaune vif et sa hauteur d'environ 1,5 m. Difficile sinon impossible toutefois de mettre la main sur cette plante cette saison car c'est l'an prochain qu'elle fera son entrée officielle au Québec. «Hello Yello», un nom à retenir.