En dépit des chaleurs et du temps souvent sec à cette période-ci de l'année, c'est vers la mi-juillet que le jardin prend son second souffle grâce aux annuelles bien sûr, mais aussi à plusieurs espèces de vivaces.

Au nombre de ces floraisons de mi-été figurent notamment les hémérocalles, les lis, les hostas, les lavandes, les filipendules, les roses, plusieurs variétés d'hortensias, les gaillardes, les phlox paniculés et bien d'autres. Parmi ce lot, une famille se distingue particulièrement: les échinacées.

Leurs fleurs s'épanouissent dans une gamme de coloris considérable, du rose vif en passant par le blanc, le pourpre, l'orange, le jaune ou le même le vert. Très grandes, souvent autour de 15 cm de diamètre, elles sont parfois parfumées. La floraison s'étale sur des semaines, souvent jusqu'à la fin d'août. Faciles d'entretien, les échinacées sont peu sujettes aux maladies et peu ou pas affectées par la sécheresse. De plus, elles attirent plusieurs papillons dont le fameux monarque et en fin de saison, les chardonnerets jaunes viennent grignoter le capitule.

Le monde des échinacées a connu une effervescence sans précédent au cours des récentes années. Plusieurs nouveaux cultivars sont apparus sur le marché, tous plus beaux les uns que les autres. D'ailleurs, le meilleur endroit pour voir toutes ces nouveautés est le Centre de la nature de Laval. On y trouve la plus grande collection d'échinacées au Québec, autour de 70 cultivars sans compter plusieurs espèces comme la spectaculaire Echinacea paradoxa à l'origine de créations aux orangés exceptionnels.

Photo: François Roy, La Presse

«Marmalade»

Vous y trouverez de grands bosquets de la merveilleuse «Tiki Torch» orangée, de l'extravagante «Hot-Papaya», de «Tomato Soup», rouge il va sans dire, de «Sunrise» jaune soleil, de «Marmalade», toutes des nouvelles venues qui rivalisent de beauté. Vous y découvrirez aussi des variétés moins connues comme «Pica-Bella» ou encore «Pink Truffle» une version améliorée de la belle et étrange «Razzmatazz». Toutes les fleurs sont très bien identifiées.

Vous verrez aussi quelques dizaines de plants de «PowWow Wild Berry», échinacée primée en janvier dernier par la célèbre organisation All-America Selections, une plante que je ne vous ai pas encore présentée parce qu'elle n'est toujours pas offerte au Québec. On pourra cependant se procurer des semences cet hiver et des plants le printemps prochain. Le nouveau cultivar se distingue par le coloris de ses fleurs, un rose très foncé; leur dimension est de 8 à 9 cm de diamètre. Les tiges sont nombreuses et sa taille réduite est d'une trentaine de centimètres.

Photo: François Roy, La Presse

«Hot Papaya»

Une promenade inspirante



Une visite au Centre de la nature vous permettra d'admirer les hybrides anciens et nouveaux afin de déterminer celui qui conviendrait le mieux à votre jardin si vous êtes amateur d'échinacées. Il ne faut pas oublier que la plupart de ces fleurs sont l'objet d'une mise en marché internationale et que les photos promotionnelles, celles des catalogues, sont parfois peu conformes à la réalité. Rien de mieux que de se promener dans un jardin d'échinacées pour s'inspirer.

C'est en 2008 qu'a débuté l'aménagement de celui-ci, raconte Sylvain Vaillancourt, responsable du Centre de la nature de Laval. À l'origine, on voulait consacrer l'endroit à une roseraie, mais ce projet a été abandonné en raison notamment des soins attentifs et des pesticides qu'exige ce type de plantation. Un choix judicieux quand on pense aussi à la baisse considérable de popularité des roses au cours de la dernière décennie.

Les échinacées doivent leur nom à un terme grec signifiant hérisson, une allusion au coeur de la fleur, le capitule bombé, plutôt piquant. On en compte une dizaine d'espèces, toutes originaires des prairies nord-américaines. Des dizaines de cultivars sont sur le marché et la plupart sont rustiques en zone 4 et même 3. Bon nombre peuvent fleurir quelques mois après un semis. Au Québec, il suffit de les ensemencer à l'intérieur en février pour obtenir les premières fleurs en juillet ou en août. Les échinacées jouissent d'une bonne longévité et peuvent donner des fleurs durant plusieurs années. Elles apprécient un sol léger et le plein soleil. Les chevreuils, les écureuils et les lapins à queue blanche ne s'y intéressent généralement pas, bien que chez moi, depuis plusieurs semaines, un joli lapereau, s'est malheureusement délecté de plusieurs plants bien touffus, sans égard à la documentation officielle sur le sujet. Vilain gourmand!

Une halte estivale

Il n'y a pas que des échinacées au Centre de la nature de Laval.

Créé dans une ancienne carrière le long de l'autoroute 25, le parc municipal fête son 40e anniversaire cette année et offre au public plusieurs aménagements qui n'ont rien à envier aux autres grands jardins publics du Québec. À inscrire dans vos projets de vacances.

Au fil des ans, les arbres ont pris de la maturité et les jardins de l'ampleur. Les plantations évoluent autour d'un petit lac et d'un étang, fort jolis, où nagent tortues, grenouilles, poissons et plusieurs oiseaux aquatiques. Des jardins originaux où on sent l'influence de l'ethnobotaniste Daniel Fortin, auteur de plusieurs volumes sur les plantes et horticulteur au centre.

Jardins de rhododendrons, de sous-bois, de vivaces (on y trouve entre autres un magnifique bronze du sculpteur André Langevin), d'arbustes, d'annuelles, le Centre de la nature présente aussi les plantes primées de la All-America Selections et un des jardins d'essai de la firme Norseco, proprio du catalogue Horticlub. Un jardin où les zinnias sont en vedette cette saison.

On y trouve aussi quelques jardins d'arrière-cour où poussent des plantes résistant à la sécheresse, ainsi qu'un toit vert, en plus d'une serre de plantes tropicales, minuscule certes, mais offrant aux visiteurs des spécimens de plantes alimentaires intéressants, de même que plusieurs oiseaux de compagnie en cage qui attireront l'attention des petits comme des grands.

Le Centre de la nature offre aussi une occasion aux urbains de se familiariser avec les animaux de la ferme, du dindon au porc en passant par les faisans, les chevaux et les boeufs, en plus d'un parc de cervidés. La visite des jardins est gratuite, seul le stationnement est payant (7$), sauf pour les Lavallois qui possèdent une carte spéciale. On exige toutefois des frais pour la location de certains équipements comme les canots.

Un immense et surprenant jardin à un pont de Montréal. C'est à voir!

Centre de la nature de Laval, 901, avenue du Parc (sortie boulevard Saint-Martin Est à partir du pont Pie IX). Pour plus d'information: 450-662-4942 ou cherchez Centre de la nature de Laval sur Google.

NOTE: La chronique Jardiner fait relâche pour les deux prochaines semaines. De retour le 7 août.

Photo: François Roy, La Presse

Echinacea paradoxa