De nouvelles vedettes

Le programme des Exceptionnelles est unique en Amérique du Nord parce qu'il met à contribution le grand public. Les visiteurs du Jardin Daniel A. Seguin, à Saint-Hyacinthe, sont donc invités à faire un choix parmi les nouvelles annuelles présentées dans les jardins d'essais, des plantes qui en principe résistent aux bibittes et aux maladies, sont peu exigeantes et très productives. Une fois la sélection terminée, un comité d'experts regroupant entre autres des représentants du Jardin botanique de Montréal et du Jardin Van den Hende de Québec où sont aussi exposées les nouveautés, est appelé à se prononcer sur le classement du public. Ce choix ultime vise tout simplement à sélectionner des plantes qui peuvent se produire aisément et à un coût abordable pour les amateurs de jardinage.

Voici la suite de notre palmares initié samedi dernier.

Belle prétentieuse

Cacher ce nom que ne saurais lire, devrait-on dire en parodiant le grand Molière, au sujet de Lobularia maritima «Snow Princess».

 

Cette Exceptionnelle 2010 sélectionnée l'an dernier par les visiteurs du Jardin Daniel A. Seguin, de Saint-Hyacinthe, répond au nom officiel de lobulaire, à la demande expresse de ceux qui en font la mise en marché.

Lobularia et alyssum sont synonymes mais le second terme est largement utilisé pour désigner le premier, autant en anglais qu'en français d'ailleurs. Question de marketing, les stratèges commerciaux ont donc éliminé l'appellation alyssum ou alysse, trop ordinaire à leur goût, pour bien distinguer leur produit.

Heureusement, à part ses relents de snobisme, il faut dire que «Snow Princess» a du caractère. Voilà donc un alyssum extrêmement vigoureux au point d'envahir ses compagnes plus timides qui pourraient cohabiter dans la même jardinière. Dès la mise en terre, chaque plant se ramifie rapidement, même par temps frais, et peut atteindre une largeur de 60 cm. De plus, il est tolérant à la chaleur et formera un joli tapis blanc jusqu'en octobre, nous disent les responsable des jardins où il a été testé. Plus encore, la plante conserve le parfum suave de ses parents, un trait de caractère qui a fait des alyssums une de mes annuelles préférées.

Sa personnalité s'est d'ailleurs déjà fait remarquer dans mon jardin où j'ai transplanté quelques spécimens dès le 23 avril, histoire d'éprouver notre vedette. Eh! Bien, les plants n'ont pas bronché et ont pris de l'ampleur malgré du temps très frais et de... la neige. Une princesse sans les exigences princières.

 

Une chaude brésilienne

Le feuillage de la nouvelle alternanthera «Brazilian Red Hots» attire le regard. Panaché de pourpre et de rose, il s'enflamme littéralement.

Comme ses cousines, cet alternanthère denté est cultivé pour ses feuilles aux couleurs spectaculaires qui conservent leur luminosité tout l'été.

La plante aime la chaleur, se cultive au soleil comme à la mi-ombre et peut aisément pousser en pot ou en jardinière. Mais elle ne souffre pas de la sécheresse. «Brazilian Red Hots» atteint autour de 30 cm mais peut s'étendre sur 50 à 75 cm.

Le plus gros bégonia au monde!

C'est la dernière vedette des Exceptionnelles 2010 mais pas la moindre. D'abord son nom: Begonia x benariensis Big Red with Bronze Leaf, rien de plus court. Les éloges des promoteurs américains frôlent le délire. Le semencier Park Seed, par exemple, parle «d'un nouveau jour pour les bégonias. Celui qui germe le plus rapidement, le plus gros et le plus vigoureux jamais vu dans le monde». Gardons notre calme.

Il n'en reste par moins que le coloris de son feuillage est intéressant et qu'il contraste bien avec ses abondantes grappes de fleurs rouges volumineuses, d'un diamètre de 5 cm. Ses très grandes feuilles de couleur foncée sont lustrées. Le plant atteint une cinquantaine de centimètres et environ 60 cm d'envergure. Sa vigueur est considérée comme exceptionnelle par les experts québécois qui ont eu à se prononcer sur le sujet. Reste à voir s'il tiendra ses promesses.

Un dernier mot: les Exceptionnelles 2010 et les candidates 2011 seront en montre au Jardin botanique de Montréal, au jardin Van den Hende, de Québec, de même qu'au jardin Daniel A. Seguin de Saint-Hyacinthe, l'endroit où les visiteurs sont appelés à voter pour leur préférées au cours de l'été.

Escargot tenace

Plusieurs bégonias vendus ces dernières années comme annuelles en pot sont fort jolis et valent la peine d'être conservés à l'intérieur à partir de l'automne. C'est le cas des hybrides des Begonia rex, notamment le bel «Escargot» qui doit son nom à ses feuilles particulières rappelant la forme du mollusque.

Non seulement mon plant a-t-il bien poussé tout l'hiver mais il a fleuri à maintes reprises. Une floraison peu spectaculaire il est vrai mais qui démontre que la plante est en bonne santé.

«Escargot» est en vente un peu partout dans les centres de jardin.

Le grand Rendez-vous du Jardin botanique

C'est vendredi, samedi et dimanche prochains que se tient l'activité incontournable de la saison pour une foule d'amateurs de jardinage: le Rendez-vous horticole du Jardin botanique de Montréal où de nombreux de producteurs spécialisés renouent directement avec leurs clients. Une occasion unique de consulter des experts et de découvrir de nombreuses nouveautés, surtout des plantes vivaces et des arbustes. L'an dernier, sous la pluie, 11 000 personnes s'y sont présentées, mais l'année précédente, sous le soleil, ils étaient plus de 18 000.

On comptera autour de 90 stands d'exposition à ce 13e Rendez-vous, un peu moins que la saison dernière, des absents probablement victimes de la récession. De nouveaux venus seront toutefois présents, notamment une entreprise qui répond au nom de Fleurs rares et exotiques et une autre, Québec Carnivores, qui ne vend pas, il faut le dire, d'équipement de cuisine ni ne traite d'alimentation. On pourra aussi y rencontrer Suzanne Puech, la proprio du Jardin des curiosités à Saint-Ours, qui nous présentera quelques-unes de ses trouvailles originales.

Par ailleurs, le Jardin botanique mettra en vente plus de 10 000 plantes de 250 espèces et variétés différentes. Sans oublier des plants d'une cinquantaine de potagères intéressantes, souvent méconnues, nouvelles ou inusitées, un choix exceptionnel.En voici une liste partielle: le melon-poire, fruit étonnant qui se cultive comme la tomate mais qui a le goût de la poire, dit-on; un artichaut pourpre; plusieurs nouvelles variétés de laitues, de piments (on y offrira aussi la variété dite d'Espellette); de l'origan de Syrie, du thym de Provence, de la marjolaine; plusieurs types de basilic et de laitue dont la «Freckles», une romaine tachetée de rouge et quelques variétés de type feuille de chêne.

S'ajoutent à la liste un nouveau calendula, une herbe japonaise étrange et croquante, (Salsola soda) pour salade ou sushis, le cosmos «Rubenza» utilisé comme répulsif à insectes dans le potager, trois variétés de capucines, la coriandre «Delfino» au feuillage de fougère ou encore le fraisier «Aroma» qui produit tout l'été