Tout le monde connaît la Société protectrice des animaux et le rôle important qu'elle joue auprès des bêtes, notamment quant à la sensibilisation de la population au traitement adéquat des animaux et à la prévention des abus. Mais les plantes aussi subissent des abus. Faut-il une société pour les protéger?

Je pense aux végétaux maltraités dans le commerce et vendus dans un état lamentable aux consommateurs. L'échec est garanti, car la plante ne peut pas survivre telle qu'elle est vendue. Je m'explique.

 

Cultivées dans de la colle

Depuis quelque temps, on nous vend des «bonsaïs» (en fait, ce ne sont pas des bonsaïs, mais des plantes vertes cultivées dans des pots d'inspiration orientale) qu'on a littéralement collés dans leur pot. Le producteur empote la plante dans du terreau normal, puis recouvre complètement le terreau d'une couche de gravier fin mélangé avec de la colle. Le résultat est un bouchon permanent qui empêche la plante de se développer et qui rend son entretien impossible.

Pourquoi une telle torture sur une plante? Pour qu'elle soit la plus belle possible au moment de la vente, bien sûr. Comme le gravier bien collé ne peut pas se déplacer, il n'y a aucun risque que la plante tombe de son pot lors du transport ni que du terreau ne ressorte du pot et le salisse. Donc la plante paraît toujours impeccable en magasin. Très tentante, donc.

Comment sauver une «plante collée»?

Le mal est déjà fait et vous avez acheté une telle plante? Que faire alors?

Vous rencontrerez un gros problème assez rapidement. Comment arroser une plante collée dans son pot? Vous ne pouvez pas voir si le terreau est sec, puisque les pierres collées le cachent complètement. Il faut donc arroser à l'aveuglette, sans savoir si la plante a besoin d'eau ou pas. Les pots dans lesquels on les vend n'ont pas de trou de drainage, donc si vous arrosez trop par mégarde, le surplus d'eau ne peut pas s'évacuer et la plante mourra noyée. Et même si vous arrosez adéquatement, la plante sera étranglée par le bouchon de pierres.

La seule option est donc de sortir la plante de son pot et de la replanter. Pour ce faire, glissez l'extrémité d'un tournevis à bout plat entre le pot et le bouchon de pierres, utilisant le tournevis comme levier, et cassez une première section du bouchon. Il se brise assez facilement, révélant du terreau. Répétez jusqu'à ce que le bouchon soit enlevé.

Puis, tournez le pot à l'envers et tapez sur son fond pour libérer la motte de racines. Il ne reste qu'à empoter la plante dans un pot de taille appropriée muni de trous de drainage et de bien arroser pour tasser le terreau autour des racines.

Plantes sur la liste noire

Parmi les plantes que j'ai vues vendues collées dans leur pot, il y a le «bambou porte-bonheur» (Dracaena sanderiana), le cycas du Japon (Cycas revoluta) et le châtaignier d'Australie ou «lucky bean» (Castanospermum australe). Toutes ces plantes peuvent faire d'excellentes plantes d'intérieur... si elles sont cultivées dans un pot qui se draine et sans bouchon pour les étrangler.

Plaignez-vous!

Je trouve épouvantable que des marchands ayant autrement une bonne réputation cèdent à l'appât du gain et vendent des plantes de toute évidence vouées à la mort. Je vous suggère donc de vous plaindre de cette situation. Si vous avez acheté une telle plante, retournez-la et demandez un remboursement. Si vous voyez de telles plantes en magasin, mentionnez votre horreur au marchand. Si on gueule assez, peut-être qu'ils changeront leurs tactiques.

Et formons au plus vite une S.P.P.!