J'ai cru un moment qu'ils seraient tous remplacés par l'internet. Mais la popularité des catalogues horticoles ne se dément pas. À chaque année, aussi fidèles que les oiseaux qui nous reviennent du Sud, ces catalogues nous apportent leurs images de la belle saison dès le mois de janvier. Je passe des heures à les feuilleter en rêvant à tout ce que je voudrais faire pousser, ignorant les limites de mon jardin recouvert de neige.

À vrai dire, au lieu de leur nuire, la venue de l'internet a même contribué à hausser la rentabilité des comptoirs postaux. Si bien que l'an dernier, plus de la moitié des ventes par catalogue ont eu lieu en ligne sur le site web de chaque comptoir, une première aux États-Unis, explique Randal Schultz, porte-parole de la Mailorder Gardening Association, le plus important regroupement de compagnies horticoles spécialisées dans la vente postale. Toute une évolution quand on sait qu'il y a 10 ans à peine, les commandes se faisaient uniquement par téléphone ou par courrier.

 

«Les catalogues sont gratuits, ils présentent d'innombrables photos et toutes les nouveautés. Les amateurs y font leur choix et commandent ensuite par l'internet. C'est beaucoup plus rapide et plus facile», dit-il.

Même son de cloche de la part de Claude Lemieux, PDG de Norseco-Horticlub, la firme qui offre le plus important catalogue postal au Québec. «L'internet est venu compléter le catalogue. Les amateurs aiment toujours la sensation du papier glacé, voir des photos, découvrir les nouveautés et consulter leur catalogue où et quand bon leur semble. Le catalogue papier n'est pas près de disparaître.» Mieux encore, contrairement à un site web, on peut avoir sous les yeux plusieurs catalogues à la fois et comparer les produits et leurs prix. La maison Horticlub publie annuellement 150 000 catalogues et le tiers de ceux qui les utilisent commandent par le site internet (www.horticlub.com).

M. Lemieux explique par ailleurs qu'Horticlub a abandonné la version papier de son catalogue d'automne, l'an dernier, parce que l'opération n'était pas rentable. Des clients se sont plaints. Selon lui, plusieurs usagers de catalogues deviennent aussi des abonnés du site web des comptoirs. «Le client peut alors recevoir immédiatement l'information sur une nouveauté qui vient d'apparaître sur le marché et commander immédiatement. Dans le passé, il fallait attendre au moins un an pour que cette information soit diffusée, le temps que le nouveau catalogue soit livré.»

La révolution potagère

Autre fait marquant dans le domaine de la vente postale: la popularité des plantes potagères est plus grande que jamais. Randal Schultz indique que la vente de semences ou de plants pour le potager a atteint un sommet, en 2009, et que les premiers mois de 2010 démontrent que l'engouement sera aussi grand cette année. Signe des temps, pour la première fois, les deux pages couvertures du catalogue Horticlub sont consacrées uniquement aux plantes potagères. On y voit notamment des cerises, des poires asiatiques, des prunes, des poivrons et des tomates cerises en pot. La raison: Horticlub vend aujourd'hui plus de semences et de plants de potagères que de vivaces ou d'annuelles. Les petits fruits (fraises, cerises, bleuets, framboises, etc.) sont particulièrement populaires en raison de leur haute teneur en antioxydants.

Chez nos voisins du Sud, on aurait tort d'attribuer l'enthousiasme pour les plantes uniquement à la récession économique, d'après la Mailorder Garnening Association. (Les comptoirs postaux se comptent par centaines aux États-Unis). «Les gens veulent manger des produits locaux qui n'ont pas été traités avec des pesticides, insiste M. Schultz. Et les nouveaux venus en horticulture commencent toujours par des plantes potagères.»

Selon un sondage mené pour la compte de la Garden Writers Association, 42 millions de ménages avaient un jardin potager aux États-Unis en 2009 soit 7,7 millions de plus que l'année précédente et 37% d'entre eux comptaient cultiver davantage de légumes en 2010. Allez, à vos catalogues!

CATALOGUE 101

> La presque totalité des catalogues sont gratuits. Les plus importants comptent des dizaines de pages et des centaines de photos.

> Vous trouverez la liste la plus intéressante (environ 80 adresses) sur le site de Manon Collard (www.jardinpotager.com), mis à jour régulièrement. Les adresses des firmes québécoises y sont nombreuses et offrent la plupart du temps un lien internet. Malheureusement, le site de la Mailorder Gardening Association ne donne que des numéros de téléphone.

> Vous pouvez habituellement commander un catalogue papier sur l'internet.

> Mise en garde: les photos des catalogues représentent les plantes dans des conditions optimales. Souvent on embellit la scène, notamment en présentant des bouquets pour obtenir un effet de masse, plus beau mais loin de la réalité quotidienne.

> Les nouveautés sont rarement offertes en grande quantité. Commandez tôt si vous voulez être certain de les obtenir.

> Souvenez-vous que les maisons américaines ne vendent habituellement pas de matériel vivant (bulbes, racines, rhizomes, boutures, plantes en pot) à leurs clients canadiens, histoire d'éviter les contraintes phytosanitaires imposées par les gouvernements.

> À variété identique, les bulbes vendus dans les catalogues canadiens sont souvent beaucoup plus coûteux que ceux offerts dans les centres de jardin.

> Attention: ce qui est considéré comme nouveau pour un comptoir postal est parfois vendu depuis un bon moment par un concurrent.

> Magasinez d'un catalogue à l'autre. Vous serez surpris de constater que les prix varient parfois beaucoup.

> Si on fait exception des potagères, les plantes en pot vendues par catalogue sont de taille beaucoup plus modestes que celles que vous trouverez en pépinière.

> Les plantes en pot sont habituellement livrées au moment opportun, c'est-à-dire lors de la période normale de transplantation dans votre région.

> On fait ses propres semis par satisfaction, évidemment, mais surtout pour obtenir des nouveautés ou encore des plantes difficiles à trouver en pépinière.

> Évitez de faire vos semis trop rapidement: les conditions de culture à la maison ne ressemblent en rien à celles que l'on retrouve en serre, même si l'on dispose d'un éclairage artificiel. Produites trop tôt en saison, vos plantes seront plus faibles, plus fragiles et souvent étiolées avant la transplantation. Surtout pas de semis de tomates avant avril!

MES PRÉFÉRÉS

Toutes catégories

Horticlub: le plus important au Québec. On y trouve notamment les sélections All-America Selections, les Exceptionnelles, plusieurs pages de plantes potagères et des dizaines de nouveautés.

Thompson&Morgan: le plus important comptoir postal du monde existe depuis 150 ans. Il compte 130 pages et plus de 1500 photos. Il est préférable de faire affaire avec la succursale américaine. Mais on peut aussi voir une version française électronique sur le site français.

Garden Import: maison ontarienne. Pour la beauté de son catalogue et plusieurs plantes originales.

Park Seeds: maison américaine. Grand éventail de variétés.

Plantes potagères

Johnny's Selected Seeds: du Maine. Le meilleur pour les plantes potagères. Plus de 140 pages consacrées au potager; un choix incroyable: 65 variétés de tomates, 50 de laitues, 30 d'oignons, 25 de basilic, etc. Plus de 70 variétés nouvelles de légumes et de fruits cette année. Conseils détaillés de culture.

William Dam Seed: maison ontarienne. Beaux choix et conseils de plantation.

Stokes: maison ontarienne. Très grand choix. Une des plus importantes firmes au Canada à faire affaire avec des producteurs commerciaux. Conseils de culture.

Catalogues québécois: potagères inusitées et bios

Jardin du Grand Portage, la Société des plantes, Mycoflor.

Fleurs originales

Enfin des fleurs: petite entreprise de Boucherville qui offre une foule de plantes inusitées ou méconnues.

Fraser's Thimble Farm: Colombie-Britannique. Choix étonnant: orchidées sauvages, trilles, etc.

Garden North: Ontario. Très grande variété de semences de plantes rustiques.

Rappelons par ailleurs que plusieurs pépiniéristes québécois spécialisés possèdent un site web où l'on retrouve un catalogue électronique. C'est le cas notamment de Champs fleuris (lis et iris), des Jardins Osiris (pivoines, iris et hostas), Vivaces nordiques (hémérocalles) et du Jardin de Jean-Pierre (plantes inusitées et rares).