Difficile d'y résister. Comme la bûche et le sapin, il fait partie de la tradition. Répandu un peu partout sur la planète, le poinsettia demeure la plante la plus vendue dans le temps des Fêtes. Chez nous, il fait souvent son apparition au début de novembre puis c'est l'invasion. On en voit partout: dans les grandes surfaces, les magasins d'alimentation, les restaurants, les fleuristes, les vitrines, les bureaux... On lui voue un attachement indéfectible.

Au grand bonheur des producteurs québécois qui cultivent autour de 900 000 plants annuellement alors que l'Ontario nous en vend environ un million. Si bien que la belle mexicaine figure parmi les plantes les plus vendues au Québec avec les pélargoniums (géraniums), nous dit André Mousseau, président du Syndicat des producteurs en serre. Elle surpasse des plantes très populaires comme les rosiers, les hostas, les miscanthus, de même que de nombreuses espèces et variétés d'annuelles.

 

Le hic, c'est que les poinsettias québécois sont impossibles à distinguer sur les étals de leurs cousins ontariens, une situation aberrante depuis toujours en horticulture. Impossible aussi de mettre un nom sur un plant même si chaque cultivar a son identité propre pourtant bien connue de ceux qui les produisent. La chose est un peu embêtante. J'ai beau vous dire aujourd'hui que le nouveau cultivar «Ice Crystal» est fort joli, qu'il a obtenu la faveur du public lors de tests en Floride et qu'il s'est vendu comme des petits pains chauds chez plusieurs détaillants québécois, vous ne le trouverez jamais sous son nom au magasin. La plupart des vendeurs ignorent malheureusement le nom des variétés qu'ils offrent. Seule une photo vous permettra de reconnaître ses bractées rose foncé avec des reflets plus pâles au milieu de la feuille.

Même situation pour d'autres cultivars qui ont retenu mon attention lors de la récente exposition horticole de Saint-Hyacinthe. C'est le cas du nouveau «Crazy Christmas», dont les bractées roses sont surmontées par d'autres bractées cette fois jaunâtres au centre rouge (il porte bien son nom de «Crazy»), de «Christmas Angel Marble» aux bractées jaunes au centre rose ou encore de «Premium Picasso» jaune et rose lui aussi. Dans l'univers du poinsettia, ces coloris figurent dans une catégorie à part puisque 80 à 85% des plants cultivés dans le monde sont rouges. Aux Serres Sylvain Cléroux, de Laval, le plus important producteur québécois (130 000 plants par année), on explique que la couleur blanche est encore populaire notamment...parce qu'on peut colorer les bractées. Mais s'ils ont fait fureur lors de leur apparition en 2005, les poinsettias aux coloris artificiels, comme le bleu et le doré, ont perdu un peu de leur attrait.

Une belle histoire

Originaire du Mexique et d'Amérique centrale, Euphorbia pulcherrima, de son nom scientifique, est une euphorbe qui fleurit lors de jours courts, quand les nuits sont les plus longues. Ses fleurs minuscules sont situées au centre d'un bouquet de bractées, des feuilles particulières très colorées en vue d'attirer d'éventuels insectes pour féconder la plante. Ce sont elles qui attirent l'attention.

Le poinsettia doit son nom à Joël Robert Poinsette, fils d'un médecin français et premier ambassadeur américain au Mexique. Il fut d'ailleurs le premier à faire connaître l'espèce en dehors du Mexique dans les années 1820.

Le poinsettia est ensuite tombé dans l'oubli pendant presque 100 ans jusqu'au moment où un immigrant allemand du nom d'Albert Ecke en a découvert à l'état sauvage sur la ferme où il s'était installé en Californie. Grand amateur de fleurs et doté d'un sens du marketing peu commun, il estimait que la plante ferait une belle potée fleurie dans le temps des Fêtes. La tradition s'est vite implantée. La famille Ecke est devenue une multinationale du poinsettia avec une production qui a déjà atteint les 100 millions de boutures par année. Aujourd'hui, plusieurs firmes internationales lui font concurrence. Les boutures sont habituellement produites dans les pays en voie de développement pour se retrouver finalement chez votre pépiniériste, qui poursuit leur croissance jusqu'à la vente.

LES SOINS:

> Température idéale: 20 degrés. Éviter les sources de chaleur.

> Pleine lumière, si possible 6 heures par jour, mais sans soleil direct. La plante a poussé en serre et est sensible aux coups de soleil.

> Arroser le plant uniquement quand la surface du terreau est sèche. Vérifier si l'élimination de l'eau n'est pas entravée par une pellicule de plastique d'emballage.

> Éliminer l'eau accumulée dans la soucoupe à la suite de l'arrosage.

> Ne pas oublier qu'un arrosage excessif est la principale cause de mortalité du poinsettia..

> La poinsettia n'est pas une plante toxique, mais la sève peut irriter la peau de certaines personnes très sensibles.

> Le coloris des bractées devrait persister au moins jusqu'en avril. On peut alors tailler la plante jusqu'à 20 cm du sol et la traiter comme une plante d'intérieur (fertilisation aux deux semaines).

> Il peut être installé dehors durant l'été.

> Pour obtenir une nouvelle floraison, en octobre, placer le plant dans une pièce sans éclairage artificiel sans éclairage artificiel ou le placer à la noirceur totale 14 heures par jour durant 8 à 10 semaines.