Les orchidées vandas impressionnent toujours. D'abord parce que de nombreuses variétés offertes dans le commerce sont bleues ou dans des tons de violet, des coloris plutôt rares chez les orchidées. Mais le plus étonnant, c'est qu'elles poussent souvent dans leur plus simple appareil, c'est à dire... toutes nues.

Il arrive parfois que l'amas de racines dénudées soit concentré dans un minuscule panier de plastique, mais il s'agit habituellement du reliquat d'un repiquage ou d'une transplantation. Mais peu importe, le réceptacle en question ne contient habituellement aucun milieu de culture. Cet exhibitionnisme s'explique par le fait que les racines charnues sont protégées par un épais velamen, cet épiderme plus au moins transparent recouvrant les racines aériennes des orchidées. D'après certaines études physiologiques, nous dit l'auteur Bernard Ayotte, dans son Glossaire de botanique, si la couche de cellules permet d'absorber l'eau, elle jouerait avant tout un rôle de protection mécanique et, paradoxalement, de réduction des pertes d'eau.

 

C'est justement cette nudité qui fait des vandas un véritable défi pour les amateurs.

Il faut les arroser constamment. C'est ce qui explique aussi qu'elles sont souvent difficiles à trouver car les marchands éprouvent eux-mêmes des difficultés à les conserver en bonne santé avant de les vendre, comme c'est parfois le cas dans les grandes surfaces. Le Paradis des orchidées, à Laval, refuse d'en vendre. «Nous n'en offrons pas tout simplement parce que le défi est trop grand, notamment en hiver quand l'humidité ambiante fait défaut dans nos maisons surchauffées, explique le proprio Laurent Leblond. Nous allons d'ailleurs expérimenter dans les semaines qui viennent une nouvelle technique de culture pour savoir comment la plante va réagir si ses racines poussent dans de la sphaigne.» Cette méthode est d'ailleurs utilisée avec succès en Floride.

Huit semaines de floraison

Mais il ne faut pas se décourager pour autant. Mon collègue de Radio-Canada, Pierre Rainville, qui compte à peine quelques années d'expérience en matière d'orchidées, a vu son hybride vanda fleurir durant un bon deux mois l'été dernier après deux ans de patience. La plante qui comptait plusieurs feuilles mais pas de hampe florale, lors de l'achat, est bassinée trois à quatre fois par semaine et elle a droit à sa dose d'engrais une fois à toutes les deux semaines. Le plant est suspendu à l'extérieur durant tout l'été sans soleil direct, de juin jusqu'aux nuits fraîches de septembre.

À l'intérieur, les hybrides de Vanda caerulea (l'orchidée bleue) aiment une lumière vive, sans soleil direct, plus vive que celle exigée par les phalaenopsis, notamment en hiver. Évidemment, il est conseillé de vaporiser les racines de temps à autre en plus des bassinages hebdomadaires. Comme chez plusieurs autres espèces d'orchidées, la floraison est souvent déclenchée par les écarts de température entre le jour et la nuit, variations qui peuvent se situer entre 16 et 30C. Les vandas fleurissent habituellement une fois par année, rarement l'hiver, mais en serre, il est fréquent que la floraison se produise deux fois, en fin d'été et en fin d'hiver et elle s'étale habituellement sur six à huit semaines. Les fleurs sont plutôt grandes chez les hybrides de V. caeruela, souvent plus de 5 cm de diamètre, mais des croisements de certaines autres espèces peuvent en donner de plus imposantes.

Originaire de l'Inde, du Sud-Est asiatique et du sud de l'Australie en passant par les Philippines, les orchidées vandas comptent une quarantaine d'espèces (le double selon certains auteurs) qui poussent surtout en milieux montagneux, habituellement à une altitude variant de 1000 à 1500 m. Leur nom vint d'un terme sanskrit qui désigne une espèce du groupe. Quant aux cultivars, ils sont innombrables comme le sont d'ailleurs leurs coloris.

Attention! À partir d'un semis, ils exigent normalement de cinq à sept années de croissance pour donner une première floraison et parfois même jusqu'à neuf ans, les plantes en fleurs ou dotées de bourgeons floraux vont coûter quelques dizaines de dollars. Mais il est possible d'obtenir de très bons prix lors des expositions, à plus forte raison si le plant n'a pas de hampe florale. Dans ce cas, il faudra juste être un peu plus patient pour assister au spectacle.