Avec le début septembre vient le temps des prunes.

Précisons tout de suite qu'il s'agit de la récolte des pruniers de types européens, des arbres très rustiques aux fruits relativement petits par rapport aux grosses prunes vendues aux étals des épiceries, des variétés très productives qui s'autofécondent. Parmi ces européennes, la «Mont-Royal», originaire de l'île de Montréal et enregistrée en 1894, probablement la plus populaire avec ses fruits bleu foncé; la «Stanley» qui est aussi d'un bleu très prononcé; la «Reine-Claude Montmorency» et autres hybrides apparentés, aux petits fruits jaunes tachetés de rouge; la «Damas « jaune ou bleu, produite presque exclusivement à Saint-André-de-Kamouraska. Il y a encore de nombreuses variétés de «Mirabelle» à la peau jaune et rouge.

«Le prunier est probablement l'arbre fruitier le plus facile à cultiver avec les cerisiers à griottes. Il se contente de peu et produit habituellement beaucoup», explique Paul-Louis Martin, un historien qui a réhabilité un verger de pruniers de « Damas « à Saint-André-de-Kamouraska, une des premières variétés typiquement québécoises, un verger où l'on retrouve aussi la Maison de la prune qui vend une douzaine de produits faits sur place.

 

Doté de racines traçantes, l'arbre exige un sol riche en humus retenant bien l'humidité ; mais une terre argileuse comme on en retrouve dans la grande région métropolitaine lui convient cependant très bien. Il exige le plein soleil, comme la grande majorité des arbres fruitiers, et appréciera un apport de fumier bien décomposé au cours de l'automne. De plus, si on veut une récolte abondante, il faudra le tailler au printemps, en mars ou en avril. On doit toujours avoir en mémoire qu'une bonne saison de production sera suivie par une année beaucoup moins généreuse.

La majorité des espèces de pruniers de types européens sont offertes en pépinière et comme elles sont vendues en pot, on dispose encore de quelques semaines pour les planter. Une visite dans un marché public devrait vous permettre de goûter à la plupart des variétés, exception faite peut-être de la prune de «Damas» souvent vendue sous de fausses représentations. Son fruit est unique : la partie supérieure où se rattache la queue présente une forme proéminente, celle d'un téton, disent les gens du Bas-du-Fleuve.

Il existe aussi de nombreuses variétés de lignées américaines, habituellement aux fruits un peu plus gros que les européennes et plus hâtives, la récolte se déroulant vers à mi-août. Elles sont habituellement moins productives et exigent souvent un deuxième prunier comme pollinisateur. Toutefois, des recherches menées ces dernières années indiquent que si on plante en même temps un prunier de lignée américaine avec Prunus americana, une espèce indigène au Québec, la production de fruits augmentera considérablement en raison d'une meilleure pollinisation. Le grossiste Dominique Savio doit mettre en marché le pollinisateur dès l'an prochain.

Les hybrides de lignées américaines sont nombreux. Signalons notamment «Stanley», un cultivar très productif au fruit allongé et savoureux;»Pembina», extrêmement rustique, au fruit rouge; «Superior», au fruit rouge et sucré ; «Crescent» au fruit jaune et «Kahinta» au fruit rouge et sucré.