Autant vous le dire tout de suite: c'est un monstre.

Ses feuilles vert foncé en forme de coeur, qui rappellent la rhubarbe, sont immenses, parfois jusqu'à 50 cm de diamètre. Un seul plant peut atteindre un bon mètre d'envergure, souvent 150 cm. À l'arrière d'une platebande, il forme un véritable rideau de verdure. Vers la troisième semaine de juin, le géant vert produit des hampes florales pouvant atteindre un autre mètre de hauteur.

Ces tiges se ramifient à l'infini et sont parsemées de milliers de petites fleurs blanches, aussi délicates que les larmes de bébé, celles des gysophiles. Elles sont tellement denses qu'on dirait un nuage, un nuage de miel. Car notre monstre dégage un puissant parfum, sucré, perceptible à des mètres à la ronde, un parfum de miel, un peu comme si on ouvrait une ruche bien garnie ou encore un énorme pot de miel. Voilà Crambe cordifolia.En anglais, on l'appelle chou géant ou gysophile géant, mais dans la langue de Molière, on dit crambé ou crambe à feuilles en coeur ou encore crambe du Caucase en raison de son origine. Dans mon jardin, les crambes poussent depuis plusieurs années dans un sol riche et bien drainé, doté d'un apport de compost annuel, en position ensoleillée.

Considérée comme plante de zone 4 ou 5 (plusieurs catalogues américains indiquent zone 6 et plus), elle n'a jamais été protégée en hiver. Et en dépit de sa hauteur, le nuage blanc n'a jamais eu besoin d'être soutenu par des tuteurs. La floraison odorante persiste durant trois bonnes semaines, parfois plus. Ensuite, on coupe simplement les hampes florales vides pour que le feuillage redevienne la vedette du lieu. Crambe cordifolia fait partie de la grande famille du chou (son nom scientifique de crambe vient du terme grec signifiant chou) et certains soutiennent que ses feuilles sont comestibles mais je n'ai jamais tenté de les cuisiner.

Maintenant la grande question: où acheter le crambe? Un rapide examen des catalogues de grossistes indique que la plante n'est pas vendue sur une grande échelle. Je sais néanmoins que certaines pépinières réputées en ont quelques plants, parfois même de belle taille. Évidemment, il faut avoir l'espace approprié pour l'implanter, d'autant plus que crambe peut vivre des années et qu'il serait difficile à transplanter, bien que j'en aie fait l'expérience à une reprise avec succès. Les amateurs de jardinage qui font preuve de patience pourront faire des semis. La maison Thomson&Morgan (www.thompsonmorgan.com) notamment vend des semences.

Des feuilles comestibles

On compte une vingtaine d'espèces de crambe, des annuelles ou des vivaces originaires d'Asie, d'Afrique ou d'Europe, des plantes de milieux ouverts comme les prairies, les flancs de montagne ou encore les dunes de sable près de la mer. C'est d'ailleurs des rives de l'Atlantique de l'Europe et du bord de la Mer Noire que nous vient Crambe maritima, une plante qui pousse très bien dans nos jardins et qui offre une rusticité semblable à celle de son cousin Crambe cordifolia. Son comportement et ses exigences sont les mêmes. Elle donne aussi des fleurs en forme de nuage mais moins dense, au parfum mellifère lui aussi. Par contre, celles qui ont été fécondées produisent d'étranges mais jolis fruits, petits, ronds et verdâtres.

Le crambe maritime ou chou marin produit justement des feuilles bleutées et lisses qui rappellent plusieurs de nos choux qui se retrouvent sur la table. Elles se mangent mais là encore, je n'ai jamais tenté l'expérience. Elles sont plissées, sinon frisées, ce qui leur donne un aspect décoratif très particulier. Ses dimensions sont beaucoup plus modestes que celles du crambe du Caucase. Disons qu'il est deux fois plus petit. Ses conditions de culture sont identiques. Deux plantes à odeur de miel dans le jardin et sans avoir à devenir apiculteur.

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

Le Crambe cordifolia

Les azalées de juillet

Habituellement considérées comme des plantes printanières, les azalées fleurissent généralement autour du 10 juin, du moins dans la grande région métropolitaine.

Mais il en existe aussi plusieurs autres variétés qui sont en fleurs un peu plus tard, habituellement vers la fin juin, des plantes qui ont été obtenues pour la plupart par les hybrideurs de la Weston Nursery, une pépinière du Massachusetts qui s'est fait d'ailleurs une spécialité des azalées tardives.

Ces plantes restent encore méconnues ici même si elles sont en marché depuis des décennies. Pourtant, elles donnent de nombreuses fleurs qui émergent du feuillage, donnant ainsi à l'arbuste un charme particulier. Bon nombre d'azalées hâtives, en effet, commencent à fleurir avant que les feuilles ne fassent leur apparition. Plus encore, ces cultivars tardifs émettent un parfum exquis, perceptible à plusieurs mètres de distance.

Ces arbustes atteignent autour de 1,5 m vers l'âge de 10 ou 15 ans, résistent bien à l'oïdium (le blanc) et leur feuillage devient rougeâtre ou orangé au cours de l'automne. Rustiques en zone 4, chez moi, sur la Rive-Sud, ils n'ont jamais été protégés depuis qu'ils sont au jardin, voilà 10 ou 15 ans. Cette année, ils ont commencé à fleurir vers le 25 juin mais «Lemon Drop» a présenté ses premières fleurs le 5 juillet.

Obtenu dans les années 60, le cultivar «Pink and Sweet» est particulièrement prolifique et ses innombrables grappes de fleurs émettent un parfum envoûtant. Ses fleurs sont roses avec un trait plus foncé au centre du pétale. «Lollipop», ma préférée en raison de ses fleurs rose foncé dotées de taches jaunes, a été enregistrée en 1963 tandis que «Lemon Drop», aux fleurs jaunâtres parfois verdâtres, date de 1975. Des plantes que vous trouverez actuellement en pépinière. Fait aussi partie du même groupe le cultivar «Innocence» aux fleurs blanches que je n'ai pas encore planté au jardin.

Toutes ces azalées poussent à la mi-ombre, dans un sol riche mais pas nécessairement acide. Comme c'est toujours le cas des rhododendrons (les azalées sont une catégorie de rhododendrons), elles exigent un terreau légèrement humide en tout temps et une longue sécheresse peut leur être fatales.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Les fleurs de l'azalée «Lollipop» sont roses parsemées de tons de jaune.

Le tour de jardin

Que de pluie !

Les platebandes sont saturées d'eau. Chez moi, certaines plantes éprouvent de sérieux problèmes. J'ai perdu deux touffes de Yucca filamentosa même si elles avaient traversé plusieurs hivers jusqu'à maintenant, et deux de mes plants arborent une belle hampe florale de 1,5 m dont les boutons floraux ont commencé à jaunir, ce qui n'augure rien de bien. Je crains que les fleurs n'avortent. Quelques échinacées ont subi un flétrissement majeur en raison aussi de l'abondance de pluie (cette plante apprécie un sol relativement sec). Ailleurs, ce sont les pélargoniums (géranium zonal), les calibrachoa, les pervenches de Madagascar ou encore les bégonias tubéreux qui éprouvent des difficultés. Les annuelles, elles, cherchent éperdument la chaleur. Par contres, les rosiers arbustifs ne se plaignent pas. Un dernier mot: trois bulbes d'amaryllis que j'avais achetés l'automne dernier ont refusé catégoriquement de fleurir. Mais depuis qu'ils sont en pleine terre, il y a un mois, des feuilles et une hampe florale ont fait leur apparition. Décidément, le jardinage est plein de surprises.

Quelle fraise !

Je vous en ai parlé il y a quelques semaines parce qu'elle est nouvelle et étonnante. Mais jusqu'ici, je n'avais pas encore goûté à la fraise la Clé des Champs. Eh bien! c'est fait. Nous avons été une dizaine à participer à la dégustation dans la cuisine de Ricardo. Le commentaire unanime: un pur délice.

Et c'est sans parler de sa couleur rouge vif et de sa peau lustrée comme si elle avait été cirée. Malheureusement, la production est très limitée cette année et elle sera presque impossible à trouver en kiosque. À moins que vous ayez pu vous en procurer quelques plants en pépinière au Rendez-vous horticole du Jardin botanique.

Photo: Le Quotidien