J'ai fait la rencontre de Joséphine il y a deux semaines, à Chambly, chez un ami. À l'entrée du jardin, elle s'élevait souverainement sur un treillis, attirant tous les regards.

«Joséphine» est une clématite exceptionnelle à bien des égards. À ma demande, son propriétaire, fier de sa conquête, a mesuré une de ses fleurs: 23 cm de diamètre. Vous avez bien lu, 23 cm, de grands pétales, habituellement au nombre de huit, d'un rose délicieux. Puis quand elle évolue, son coeur s'ouvre tout grand pour laisser apparaître une foule de petites feuilles modifiées (on parle de tépales, en botanique), colorées de rose et formant une sorte de pompon.

 

Lorsque les pétales tombent, environ trois semaines ou un mois après le début de la floraison, selon la température, le pompon persiste toujours en s'ouvrant encore davantage, comme si une seconde fleur poursuivait son cycle durant quelques jours, parfois plus longtemps. La floraison s'étend normalement sur cinq ou six semaines. (En Europe, on parle de 9 à 10 semaines.) Plus encore, si vous êtes chanceux, disons très chanceux, «Joséphine» vous donnera quelques fleurs supplémentaires en septembre. Mais cette fois, elles seront simples, sans pompon.

«Joséphine» de Chambly en est à son troisième été dans le jardin. Comme c'est le cas de toutes les autres clématites, elle a mis un certain temps à s'établir. Au cours des deux années précédentes, elle n'a offert qu'un modeste bouquet de fleurs. Mais cette saison, c'est l'explosion. Si on se fie aux jolis boutons qu'elle portait lors de notre rencontre, elle devrait donner de 60 à 70 fleurs avant de faire relâche pour le reste de l'été.

Cette clématite introduite sur le marché québécois il y a six ou sept ans gagne en popularité. Elle n'exige aucune protection hivernale en zone 4 ou 5, bien qu'elle apprécie un paillis sur ses pieds durant les deux premiers hivers. Pas besoin de taille. La plante atteint environ 3 m sur un treillis.

Drôle d'histoire que celle de «Joséphine». Elle aurait été découverte par hasard dans les années 80 par une certaine Josephine Hill qui avait acheté le plant avant qu'il ne soit en fleur dans un marché de Londres. La jardinière a tenté durant plusieurs années de trouver l'identification exacte de sa plante extravagante, sans succès. Jusqu'au moment où un expert lui a indiqué que sa clématite était unique. Mutation ou hybride naturel? Impossible de répondre à la question.

«Josephine» a été présentée pour la première fois au grand public à l'exposition florale de Chelsea en Angleterre, la plus importante au monde, où elle a raflé les grands honneurs. La commercialisation (par boutures) a commencé au début du nouveau millénaire et, aujourd'hui, la belle fait la cour à d'innombrables jardiniers un peu partout dans le monde, dont mon ami de Chambly. J'avoue que je suis un peu jaloux.

Un coup de coeur de Dominic Angers

La grande «Josephine» est un des coups de coeur de Dominic Angers, le proprio de la pépinière L'Avenir, de la petite municipalité du même nom, près de Drummondville. (www.pepinierelavenir.com) C'est le plus important producteur de clématites au Québec; il en vend autour de 60 000 par année, environ 70 espèces et variétés. L'expert, qui compte une quinzaine d'années d'expérience dans ce domaine, nous donne ici quelques conseils sur la culture de ces belles grimpantes.

> Sol: riche, qui retient l'humidité, mais bien drainé, jamais détrempé. Si une poignée de terreau compressée dans la main suinte, c'est que le sol est trop humide.

> Position: ensoleillée: floraison abondante, mais le soleil fera ternir progressivement les coloris. Mi-ombre: floraison moins abondante, fleurs plus grandes, coloris plus vifs.

> Fertilisation: engrais spécifique à clématites, granulaire (genre So-Green: 5-9-8 avec fer), deux fois par été; un engrais balancé ou un bon apport de compost peut convenir.

> Les racines: les clématites aiment avoir les racines au frais. On les protège du soleil avec une pierre, un arbuste, une vivace ou un paillis.

> Taille: les plants n'ont pas besoin d'être taillés. On élimine les tiges mortes au printemps. La plupart des tiges non protégées par la neige sont desséchées.

> Rusticité: la grande majorité des clématites sont rustiques sans protection en zones 3 et 4.

> Tuteur: on fait grimper les tiges sur un tuteur de bois ou de métal. Au printemps, il faut parfois les aider avec une ficelle ou un bas de nylon. ATTENTION: les clématites sont vendues en pot où un petit tuteur est déjà en place. Il ne faut pas l'enlever lors de la transplantation, mais plutôt placer le plant de façon à ce que les futures tiges puissent passer facilement et s'agripper au tuteur que vous aurez installé à demeure.

> Flétrissement: cette plante est très sensible au flétrissement, une maladie fongique qui peut faire faner une tige en l'espace de 24 heures. On coupe alors la tige malade au niveau du sol. L'important, si on veut éviter ce problème, est de ne pas malmener le plant pendant la transplantation, ce qui pourrait occasionner des plaies, autant de portes d'entrée du champignon maléfique.

> Les plus populaires: «Jackmanii» avec ses fleurs bleu violet reste la plus populaire. Les variétés anciennes comme «Ville de Lyon» aux fleurs rouges et «Comtesse de Bouchaud» (fleurs roses) sont toujours très en demande. «Josephine» (rose), «Miss Batman (blanc), «H.F. Young» (bleu), «Crystal Fountain» (bleu, double, très jolie), «Multi Blue» (bleu foncé, double) auraient le vent dans les voiles.

Faire durer le plaisir

Les clématites fleurissent habituellement du début juin jusqu'en juillet, selon les espèces et les variétés. On pourra prolonger le plaisir en plantant des variétés hâtives et des hybrides un peu plus tardifs.

Dominic Angers conseille parmi les hâtives: «Stolwijk Gold» au feuillage jaune et petites fleurs bleues, Clematis tangutica (fleurs jaunes), «Radar Love» (fleurs jaunes), «My Angel» aux pétales roses à l'extérieur et jaunes à l'intérieur.

Puis ce sera au tour de «Josephine», d'«Asao» (fleurs rose foncé) et de «Piilu», de couleur rose pâle. Et ensuite, des variétés plus traditionnelles qui commencent à fleurir vers la fin juin. On en compte des dizaines de cultivars.