De tous les hortensias cultivés au Québec, «Annabelle» reste de loin le plus populaire. On le voit partout et à Montréal notamment, ses grosses boules blanches enjolivent une foule de parterres. Il faut dire qu'il n'est guère exigeant.

De tous les hortensias cultivés au Québec, «Annabelle» reste de loin le plus populaire. On le voit partout et à Montréal notamment, ses grosses boules blanches enjolivent une foule de parterres. Il faut dire qu'il n'est guère exigeant.

Mais pourquoi parler d'«Annabelle» en plein mois de février?

Parce que la belle a produit récemment deux rejetons qui seront en vente cette année, des cultivars qui s'annoncent aussi exceptionnels que le plant mère. Ces hybrides seront offerts vraisemblablement en quantité très limitée. Aussi, si cela vous intéresse, je vous conseille de réserver votre plant auprès de votre pépiniériste pour être un des premiers à mettre la main dessus.

Le nouveau «Incrediball» nous offre des fleurs de trois à quatre fois plus volumineuses que celles d' «Annabelle». Comme les branches sont aussi plus grosses et plus solides, elles supportent bien le poids des fleurs en corymbe, nous disent les promoteurs de la plante. On peut obtenir des plants par le catalogue postal Horticlub, mais quelques pépinières devraient vendre des hortensias beaucoup plus gros en début d'été. Encore faudra-t-il découvrir où car, malheureusement, à peine 2000 à 3000 plants devraient ainsi être offerts dans la province.

Le deuxième rejeton est encore plus spectaculaire. Tout de rose vêtu, il s'appelle «Invincibelle Spirit». Une première parmi les Hydrangea arborescens, l'espèce à laquelle appartient «Annabelle». Une beauté, du moins si on se fie aux photos. «Invincibelle» serait très prolifique et produirait des fleurs une grande partie de l'été jusqu'au gel. Cet arbuste est le fruit de plusieurs années d'hybridation menée à l'Université de la Caroline du Nord. Le hic maintenant: les premiers plants devraient être disponibles au Québec à la fin de l'été ou au début de l'automne seulement. La mise en marché massive est prévue pour le printemps 2010.

Dans les deux cas, les conditions de culture sont les mêmes que celles d'«Annablelle». L'hortensia préfère un sol riche qui retient l'humidité. Il peut se contenter d'une position mi-ombragée, mais donne beaucoup plus de fleurs en plein soleil. Par contre, en fin d'après midi, quand les rayons se font brûlants, les feuilles fanent temporairement, comme c'est aussi le cas de la plupart des hortensias. Rustique en zone 3, il doit être rasé au niveau du sol une fois par année, l'automne ou au printemps, sinon, avec le temps, il aurait tendance à être moins productif.

 Une belle histoire

«Annabelle» et sa progéniture appartiennent à une espèce indigène originaire des États-Unis, qui pousse dans les bois humides de l'État de New York jusqu'à la Floride. Les centaines de fleurs qui forment la boule (le corymbe) sont stériles alors que les fleurs fertiles, elles, n'ont pas de pétales et sont à peine visibles.

La plante aurait été découverte en 1910 par Harriet Kirkpatrick lors d'une promenade à cheval dans une forêt de l'Illinois. Harriet et sa soeur ont décidé de transplanter cet arbuste aux fleurs blanches et énormes dans leur jardin, à Anna, un petit village du sud de l'État.

En 1960, J.C. McDaniel, hybrideur reconnu et professeur d'horticulture à l'Université de l'Illinois, a «découvert» la plante dans un jardin et retrouvé finalement son village d'origine où elle était cultivée presque partout. Il lui a alors donné de nom d'Anna et de belle, en souvenir des deux dames qui l'avaient transplantée à l'époque dans leur platebande. «Annabelle» a finalement été lancée sur le marché en 1962 et serait aujourd'hui l'hortensia le plus vendu au monde.

Un dernier mot: au Québec on désigne souvent les hortensias par le nom hydrangée. Pourtant, il s'agit d'un terme anglais qui a été emprunté directement au latin. Je ne comprends pas pourquoi on persiste chez nous à dire hydrangée, un terme qui ne figure dans aucun dictionnaire francophone, alors que le mot hortensia existe en français depuis les débuts des années 1800.