Il y a un jardin du 400e anniversaire que peu de gens connaissent. Et pourtant, c'est l'un des plus fascinants. Il s'agit du Potager de la Nouvelle-France.

Il y a un jardin du 400e anniversaire que peu de gens connaissent. Et pourtant, c'est l'un des plus fascinants. Il s'agit du Potager de la Nouvelle-France.

Ce jardin, développé par l'ethnologue Louise St-Pierre, en collaboration avec Radio-Canada, le parc des Champs-de-Bataille et l'école Fierbourg, est situé sur les plaines d'Abraham, près du kiosque Edwin-Bélanger. Il s'agit d'une recréation d'un potager du début de la colonie. Spécifiquement, Mme St-Pierre s'est inspirée de Louis Hébert, considéré comme le premier colon de la Nouvelle-France. Bien qu'il ne laissa aucun écrit, on peut présumer que, vu son métier d'apothicaire, il aurait expérimenté avec les légumes connus alors en France et sans doute aussi avec ceux des Amérindiens.

Clôturé de branches entrelacées

Si le jardinage en carré est de nouveau en vogue, on découvre en visitant le Potager de la Nouvelle-France que c'est loin d'être une technique nouvelle. En se basant sur des potagers français du XVIIe siècle ainsi que des fouilles faites à la Petite-Ferme de Cap-Tourmente, un site datant de 1626 à 1628, Mme St-Pierre a conçu quatre rectan-gles surélevés par de simples planches entourées de trois lots plus longs et plus étroits formant un U. Le jardin est clôturé avec des branches entrelacées, ce qui aurait servi à éloigner les animaux sauvages et domestiques. Clôture en moins, ce petit potager pourrait facilement représenter un potager moderne.

Les plantes du potager sont à la fois connues et inconnues. Choux, laitues et fèves côtoient pourpiers, pimprenelles et bétoines. Et mêmes les légumes que nous connaissons aujourd'hui ne portent pas nécessairement les mêmes noms. Facile de deviner qu'une laitue est une laitue et un poireau un poireau, mais qui aurait reconnu sous le vocable pastenade la carotte ou sous le nom raiffort non pas le raifort, mais le radis?

Même quand on reconnaît le nom, la plante est souvent fort différente du légume moderne. Les carottes de l'époque n'étaient pas orange, mais bien rouges, jaunes ou blanches; les radis, les betteraves et les navets n'étaient pas ronds, mais fusiformes. Et le céleri d'alors ressemblait davantage à un persil.

Ce potager est d'autant plus fascinant par ce qu'il ne contient pas que par ce qu'il contient : la tomate, le poivron et la pomme de terre, par exemple, sont absents, n'étant pas encore connus des jardiniers du début de la colonie. D'ailleurs, nos ancêtres n'adoptèrent la tomate qu'à la fin du XIXe siècle!

Mme St-Pierre a fait une recherche poussée sur les légumes de l'époque et nous présente soit des légumes typiques de cette période, soit des variétés similaires, souvent avec des noms évocateurs : laitue Blonde de Paris, chou Frisé à pied court, etc. La plupart des légumes proviennent de programmes de préservation de variétés ancestrales.

À l'instar d'un vrai potager de l'époque, le Potager de la Nouvelle-France n'est pas grand : seulement cinq toises par trois toises (environ 10 m X 6 m). Il n'y a aucun animateur, mais Mme St-Pierre sera sur place les vendredis 15 et 22 août entre 13h et 16h pour ceux qui veulent davantage de renseignements. De plus, il est question d'un goûter aux produits du potager à la toute fin de l'été, mais aucune date pour cet événement n'a encore été arrêtée.

Si vous êtes un passionné du potager ou féru d'histoire, je vous recommande fortement une visite. Vous ferez de surprenantes découvertes!