Les pesticides de gazon, en vente dans les magasins de détail et gardés sous clé, ont beau être écologiques désormais ou faiblement toxiques, les particuliers commencent à leur tourner le dos, selon ce qu'a appris Le Soleil lors de visites récentes chez quelques détaillants de Québec.

Les pesticides de gazon, en vente dans les magasins de détail et gardés sous clé, ont beau être écologiques désormais ou faiblement toxiques, les particuliers commencent à leur tourner le dos, selon ce qu'a appris Le Soleil lors de visites récentes chez quelques détaillants de Québec.

«Fini les insecticides chimiques durs tels Diazianon ou Cygon, et les herbicides Killex ou Weed-Out qu'on pouvait épandre sur de grandes surfaces», se félicite René Boissonneault, chef de service au magasin Canadian Tire du boulevard Hamel. Car ils gênaient l'environnement.

Il existe hélas peu de produits supplétifs naturels ou à base de savon pour d'importantes infestations d'insectes qui peuvent, à l'occasion, avoir lieu.

L'espace imparti, dans cet établissement, pour les pesticides de gazon et de jardin en tous genres a diminué presque de moitié en un an.

«Plusieurs produits chimiques, comme Killex, ont été mis hors la loi, tandis que les consommateurs, plus sensibles que jamais à l'environnement, changent leurs habitudes culturales», déclare le directeur du magasin, Alain Boivin.

Un gazon bien fourni, dans un sol au pH équilibré et fertilisé d'engrais organiques, rend souvent les pesticides superflus.

Sensibilité

Il est clair, selon Ginette Massicotte, directrice du Centre Jardin Hamel de L'Ancienne-Lorette, que la sensibilité à la sauvegarde de l'environnement et au développement durable fait son chemin.

«Pour donner des misères aux insectes et aux mauvaises herbes, on est plus nombreux à réclamer des produits naturels. Cela, nous le ressentons, cette année, plus que de coutume», poursuit-elle.

En revanche, elle est d'avis que nul ne doit en faire usage sans un enseignement préalable de la part des commis de magasins. D'autant que les citadins sont réputés ne pas suivre souvent les modes d'emploi et ont tendance à en mettre plus que nécessaire. «Le Code des pesticides n'est pas étranger à cette propension qu'ont eue les particuliers d'administrer trop de chimie», pense Alain Boivin chez Canadian Tire.

Exception

Tous les produits chimiques d'autrefois ont-ils disparu des comptoirs? demande Le Soleil à Mme Massicotte. Non! répond-elle. Le Malathion est au nombre des insecticides qu'interdit le Code de gestion des pesticides du Québec, entré en vigueur en 2003 et qui proscrit l'emploi de certains pesticides à des fins esthétiques, donc sur les gazons.

«Or, l'industrie réussit à l'imposer, sans transgresser la loi. Car elle le propose, non pour le gazon, mais pour les légumes, les fruits, les fleurs et plantes ornementales», déplore-t-elle. Il vaut tout de même mieux, d'après elle, ne pas l'employer.

Biopesticides

Quelques solutions biologiques s'offrent aussi aux consommateurs. L'emploi, par exemple, de vers prédateurs (nématodes) ou de hannetons (vers blancs), lesquels raffolent des racines du gazon, et le ravage.

C'est sous la marque Bioprotec nem qu'AEF Global de Lévis les produit et les distribue. Dans sa réclame, AEF dit que ces vers se retrouvent à l'état naturel dans l'environnement, mais que certains sont ennemis des plantes. Ce n'est pas le cas de ceux qu'elle «cultive», se défend l'entreprise. Bioprotec nem est donc considéré comme un biopesticide.