Je l'ai découvert sous les arbres, dans le petit parc qui limite le jardin. À l'époque, il mesurait à peine une soixantaine de centimètres. C'était le cadeau d'un oiseau, un noyau de cerise devenu un prunus de Schubert, tout de rouge vêtu, malgré son jeune âge.

Je l'ai découvert sous les arbres, dans le petit parc qui limite le jardin. À l'époque, il mesurait à peine une soixantaine de centimètres. C'était le cadeau d'un oiseau, un noyau de cerise devenu un prunus de Schubert, tout de rouge vêtu, malgré son jeune âge.

J'ai surveillé sa croissance sous les frênes durant quelques années, jusqu'au moment où il a atteint la taille voulue pour être transplanté en plein soleil, dans un endroit où sa beauté serait bien en évidence. Aujourd'hui, «mon» prunus mesure autour de 5 m et, évidemment, il est beaucoup plus beau que ses cousins que l'on rencontre un peu partout dans les rues avoisinantes. Cet hybride naturel possède des feuilles plus lustrées au coloris plus intense que le Schubert ordinaire. Orgueil!

Sur le marché depuis les années 50, le cerisier de Schubert est l'un des arbres décoratifs les plus vendus au Québec avec le lilas japonais «Ivory Silk». Et pour cause. Il est très rustique (zone 2), pousse rapidement dans tous les types de sols ou presque, n'a aucune exigence particulière si ce n'est une bonne ration quotidienne de soleil, et peut atteindre une dizaine de mètres. Avec l'âge, sa forme devient ronde, très symétrique. Mais c'est son feuillage exceptionnel qui retient l'attention.

Au printemps, ses feuilles sont vert tendre. Puis, progressivement, elles passent au pourpre très foncé, coloris qui persiste jusqu'à leur chute. Plus encore, les nouvelles pousses de l'année conservent leur couleur verte un long moment avant de rougir à leur tour, si bien que l'arbre nous offre durant des semaines deux colorations bien distinctes.

Au printemps, il donne aussi des fleurs blanches qui produiront au cours de l'été une multitude de petites cerises rouge foncé, presque noires, des fruits dont raffolent les oiseaux, notamment les merles et les jaseurs. Son appellation scientifique de Prunus virginiana «Schubert» rappelle d'ailleurs qu'il s'agit d'un hybride du cerisier de Virginie, mieux connu chez nous sous le nom de cerisier à grappes, un arbre qui pousse en abondance dans nos campagnes et qui a aussi produit deux ou trois autres hybrides à feuillage pourpre («Canada Red», Midnight»).

D'ailleurs, le cerisier de «Schubert» a aussi hérité de quelques défauts de ses parents. Il est parfois sujet à une maladie fongique assez courante chez les prunus, le nodule noir du cerisier, qui produit un chancre sur l'écorce des branches ou du tronc. Dans ce cas, on élimine la branche quand les feuilles sont tombées, de préférence à la fin de l'automne ou tôt au printemps, en la coupant à environ 30 cm du chancre, pour éviter que les spores ne contaminent d'autres parties de l'arbre. Les branches malades devraient être mises aux ordures ménagères. On peut aussi extirper le chancre du tronc. Cet arbre produit également quelques drageons qu'il faut éliminer au fur et à mesure de leur apparition. Le passage de la tondeuse suffit habituellement à la tâche.

Un dernier mot: le cerisier de Schubert ne doit pas son nom au grand musicien viennois Franz Schubert comme on serait porté à le croire mais plutôt au naturaliste allemand Gotthilf Heinrich von Schubert qui enseignait l'histoire naturelle à Munich. Le scientifique qui aussi mené des expéditions botaniques en Égypte, en Palestine, et en Grèce, a vécu à la même époque que le compositeur.