Seriez-vous surpris si on vosu disait qu'un arbre que vous pouvez cultiver dans votre cour est un fossile vivant, qu'il existe (sans avoir changé) depuis 270 millions d'années, soit bien avant l'époque des dinosaures? C'est pourtant le cas du ginkgo, ou arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba).

Seriez-vous surpris si on vosu disait qu'un arbre que vous pouvez cultiver dans votre cour est un fossile vivant, qu'il existe (sans avoir changé) depuis 270 millions d'années, soit bien avant l'époque des dinosaures? C'est pourtant le cas du ginkgo, ou arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba).

 À cette époque, il y avait des ginkgos un peu partout à travers le monde, jusque dans l'Arctique canadien, où on trouve encore des fossiles. Mais les scientifiques européens les croyaient disparus depuis des millions d'années, jusqu'à ce qu'un botaniste allemand, Engelbert Kaempfer, redécouvre cet arbre curieux dans les jardins des temples en Asie en 1692. L'arbre provoqua un tel émoi quand il fut importé en France qu'il s'est vendu pour 40 écus d'or, un prix inestimable à l'époque. D'ailleurs, le premier arbre importé en France, à Montpellier, existe toujours et des spécimens en Asie ont plus de 2500 ans!

Le ginkgo est curieux sur toute la ligne. Sa méthode de multiplication est très primitive. L'embryon est exposé à l'air libre, sans recouvrement, ce qui place l'arbre dans la grande famille des gymnospermes, avec les conifères, mais ces derniers sont des arbres beaucoup plus modernes. L'arbre femelle forme de gros fruits jaunes, de la taille d'une prune, qui n'ont pas encore été pollinisés au moment de leur formation. Ainsi, s'il n'y a pas d'arbre mâle dans le secteur, le fruit se formera sans embryon fertile, comme un oeuf de poule sans poussin à l'intérieur. Les Orientaux adorent les fruits et les consomment crus et cuits. En Occident, on ne les tolère pas, car ils puent quand ils commencent à pourrir. On préfère cultiver des ginkgos mâles.

Le feuillage du ginkgo est unique : en queue de poisson, à deux lobes. On ne peut le confondre avec aucune autre plante. Les feuilles tombent à l'automne, un autre détail surprenant pour un proche parent des conifères.

 Jusqu'à tout récemment on racontait que le ginkgo était inconnu à l'état sauvage, qu'il aurait été sauvé de l'extinction par des moines bouddhistes il y a très longtemps. Cependant, en 1956, on a retrouvé dans deux petites forêts de Chine des peuplements de ginkgo sauvages, et des études très récentes de l'ADN des arbres confirment qu'ils ont une diversité génétique bien plus grande que celle des ginkgos en culture, indiquant que c'est véritablement une population sauvage et non pas des arbres échappés de la culture.

Une culture facile mais lente

 Les jardiniers québécois peuvent cultiver ce fossile vivant chez eux, car il est de zone 4. C'est d'ailleurs un arbre de culture très facile, s'adaptant au plein soleil et à divers sols bien drainés. Même s'il peut atteindre 20 m de hauteur, la croissance est très lente : quelques centimètres par année. Achetez un arbre de bonne taille si vous voulez créer un effet intéressant de votre vivant! Les arbres vendus au Québec sont produits par greffage ou bouturage et sont tous des mâles.

Pas besoin de traitements antiparasitaires pour cet arbre : au cours de son histoire il a survécu à tous ses prédateurs. On ne connaît aucun insecte, aucune maladie, aucun animal qui l'attaque. Il est même indifférent aux radiations, comme le prouve la survie de ginkgos au centre d'Hiroshima en 1945.

 J'ai une suggestion à vous faire : le ginkgo est l'arbre idéal à planter à la naissance d'un enfant. Ainsi, à son 100e anniversaire, il aura une belle histoire à raconter à ses arrière-petits-enfants!