Les narcisses «Paperwhite» sont originaires du pourtour de la Méditerranée. On les retrouve à l'état sauvage au Maroc et dans plusieurs pays d'Europe, notamment en Grèce, dans le sud de l'Espagne, de la France et de l'Italie. Ils fleurissent en hiver, de décembre à mars.

Les narcisses «Paperwhite» sont originaires du pourtour de la Méditerranée. On les retrouve à l'état sauvage au Maroc et dans plusieurs pays d'Europe, notamment en Grèce, dans le sud de l'Espagne, de la France et de l'Italie. Ils fleurissent en hiver, de décembre à mars.

 Ce sont des bulbes tendres, vivaces dans une grande partie de l'Europe (ils peuvent vivre des années durant dans les platebandes de la région parisienne), ou encore dans une grande partie des États-Unis. Dans les jardins du sud du Texas, par exemple, ils fleurissent dans le temps de Noël. Les narcisses des fleuristes, comme on les appelle parfois dans l'Hexagone, sont très frileux et deviennent sérieusement endommagés si on les expose à une température de deux degrés. Voilà pourquoi, dans le commerce, ils sont presque exclusivement utilisés comme bulbes à forcer.

 Ils font donc leur apparition dans les magasins au cours de l'automne afin de pouvoir fleurir dans le temps des Fêtes. On en trouve une dizaine d'espèces et de variétés sur le marché, mais la plupart, du moins celles de couleur blanche, sont vendues sous le nom générique de «Paperwhite». Ce sont d'ailleurs les préférées, et de loin. Par contre, «Chinese Sacred Lily», d'origine chinoise, et «Grand Soleil d'Or», un hybride d'origine française datant du XVIIIe, tous deux de couleur jaune, répondent officiellement à leurs noms et sont souvent vendus à l'unité sous leur appellation.

Même si on parle de bulbes à forcer, le terme ne convient pas vraiment aux narcisses des fleuristes. Tout simplement, parce que contrairement aux autres narcisses, aux tulipes ou encore aux crocus, ils n'ont pas besoin de subir de période de dormance pour fleurir. On peut les planter dans un terreau ordinaire, en laissant la pointe sortir du sol, mais bon nombre d'amateurs préfèrent les faire pousser dans un vase étroit ou dans des billes de verre afin de voir le système racinaire se développer. D'ailleurs, ils sont parfois vendus en kit, déjà prêts à fleurir.

 La plupart produisent plusieurs hampes florales qui portent une douzaine de petites fleurs odorantes, parfois beaucoup trop, comme c'est le cas de «Ziva», qu'il faut parfois mettre à l'écart tellement son parfum est intense. C'est aussi le cas de Narcissus papyraceus, l'espèce qui a donné son nom au «Paperwhite». Tous deux donnent des fleurs blanches qui atteignent environ 45 cm et mettent environ cinq semaines pour fleurir. Les nouveaux hybrides blancs, «Inbal» et «Ariel», ont une taille d'environ 30 cm, leur parfum est moins intense et ils exigent autour de six semaines de croissance pour s'épanouir. De couleur blanche, lui aussi, le cultivar «Gallilee» peut fleurir un peu plus rapidement. Il atteint 35 cm et son parfum est supportable.

Dans le cas de «Grand Soleil d'Or» et de «Chinese Sacred Lily», il est conseillé de les entreposer au frigo durant trois semaines avant de les planter, indique Paul Jensen, agronome et représentant de la maison Simple Pleasures au Québec, un grossiste bien connu. Cela permettra à tous vos bulbes de fleurir en même temps, fait-il valoir. Ils doivent aussi être exposés à la lumière vive pour éviter que les tiges ne s'allongent indûment.

 Un dernier mot: n'entreposez jamais des bulbes de narcisses des fleuristes avec des fruits car l'éthylène qu'ils produisent naturellement fera avorter la floraison. Et puis, rappelons qu'à la fin de leur cycle, les «Paperwhite» doivent être jetés au compost ou aux ordures car ils ne refleuriront pas.

 Difficultés linguistiques

 Le terme anglais «Paperwhite» nous vient de l'appellation scientifique Narcissus papyraceus, qui rappelle le papier égyptien fait avec le Cyperus papyrus, une plante semi-aquatique qui pousse sur le bord du Nil. La blancheur de la fleur a inspiré le nom de «Paperwhite». Mais en français, c'est la confusion.

 Dans la langue de Molière, on dit «narcisse Paperwhite» ou narcisse à bouquet, une autre adaptation de l'anglais (Bunch-Flowered Narcissus). Dans le sud de la France, on parle de narcisse des fleuristes puisque la plante est cultivée sur une grande échelle à pour le marché des fleurs coupées. J'ai aussi lu le terme narcisse papyracé . Pour leur part, les Espagnols utilisent l'expression narcisse de papier (narciso de papel) inspiré aussi du vocable scientifique.

 Autre sujet de confusion: doit-on dire narcisse ou jonquille? La jonquille, Narcissus jonquilla, de son nom scientifique, est une espèce à petites fleurs jaunes qui vit aussi autour de la Méditerranée (Afrique du Nord, sud de l'Europe). Une plante fragile qui ne peut résister au climat québécois dans des conditions normales. Elle peut croître aux États-Unis, à partir du sud du Maine, là où le climat est beaucoup plus doux qu'ici. La jonquille reste une plante assez rare dans le commerce puisqu'elle est produite sur une petite échelle et offerte dans des catalogues spécialisés. Ce sont donc des narcisses qui poussent dans nos jardins et dans la maison.

Un petit cognac pour votre narcisse?

 Un des problèmes les plus fréquents chez les narcisses des fleuristes, c'est qu'ils ont tendance à trop s'allonger, ce qui amène le plant à tomber sous le poids des fleurs. Pourtant, il suffit d'un petit verre de cognac, de gin ou de calvados pour régler le problème. Vous avez bien lu.

 Des études menées l'an dernier à l'Université Cornell, de l'État de New York, ont en effet démontré que l'alcool était un régulateur de croissance efficace chez ce type de plante bulbeuse. À vrai dire, c'est à la suite d'une lettre d'un amateur de jardinage au New York Times que l'hypothèse a été vérifiée. Le lecteur soutenait qu'il réussissait à réduire la taille de ses narcisses en versant du gin dans leur eau de culture.

 Après des expériences, les chercheurs de Cornell en sont venus à la conclusion qu'une solution d'alcool peut réduire la taille de votre plant du tiers ou parfois de moitié. Un traitement qui n'affecte d'aucune façon le nombre, la taille, le parfum ou encore la longévité des fleurs.

 La recette est simple: une semaine après avoir placé votre bulbe dans son vase ou sur son lit de pierres ou de billes, vous éliminez l'eau pour la remplacer par une solution contenant de 4 à 6% d'alcool. Si vous utilisez effectivement du gin, de la vodka ou du rhum, des spiritueux qui affichent 40 degrés d'alcool, la dilution sera de 1-7 (une partie pour sept parties d'eau). Le vin et la bière sont à proscrire en raison de leur teneur en sucre.

 Attention! La modération a bien meilleur goût. Si la solution dépasse 10% d'alcool, le narcisse connaîtra des troubles importants de croissance et pourra même s'intoxiquer gravement. Rien de plus triste qu'un narcisse alcoolo

 Évidemment, on n'achète pas des narcisses pour partager avec eux notre cognac. Rassurez-vous, l'alcool à friction fait aussi très bien l'affaire. Dans ce cas, comme la teneur en alcool atteint habituellement 70%, vous devrez en diluer une partie pour 11 parties d'eau. Dans le cas d'un narcisse qui pousse dans un terreau, l'arrosage régulier avec une solution identique devrait théoriquement produire les mêmes résultats.

 Selon les chercheurs, il semble que l'alcool provoque un stress chez la plante rendant l'absorption de l'eau plus difficile, ce qui réduit d'autant la croissance des tiges et du feuillage sans pour autant affecter la dimension et la longévité des fleurs. Qui sait si un jour, la Société des alcools ne se mettra pas à vendre des narcisses...

 

Photo fournie par Paul Jensen

Comme son nom l'indique, «Chinese Sacred Lily» est d'origine chinoise. Il est cultivé depuis des siècles.