L'exposition International Flora est bel et bien enterrée. Après deux saisons, la corporation à but non lucratif, promoteur de l'événement, a décidé de mettre un terme à l'exposition horticole, a indiqué à La Presse Pierre Fortin, vice-président au marketing de la Société du Vieux-Port de Montréal. Et la Société n'a ni les capacités financières ni l'expertise pour maintenir les lieux dans leur forme actuelle, insiste-t-il.

 «Nous sommes en négociations avec deux nouvelles organisations qui ont manifesté un intérêt pour l'endroit à cause de ses magnifiques jardins. Mais on ne parle plus d'une exposition horticole. Chose certaine, nous ne voulons pas que les aménagements se détériorent. Pas question de laisser le site en friche comme cela s'était produit après les Mosaïcultures», fait valoir M. Fortin.

 Cet été, à peine 55 000 visiteurs payants ont franchi les tourniquets de Flora, presque trois fois moins que l'année précédente. À ces chiffres, il faut ajouter entre 20 000 et 25 000 visiteurs «invités». Pourtant, de l'avis unanime des participants et des organisateurs, la cinquantaine de jardins et aménagements paysagers étaient beaucoup plus attrayants cette année qu'en 2006. Et le temps était radieux.

 «Nous sommes très déçus de la tournure des événements, dit le vice-président de la Société du Vieux-Port. Pour l'occasion, nous avions même changé officiellement le nom du site (pour en faire Le Jardin des Écluses) afin de confirmer la vocation de ce grand jardin exceptionnel, en plein centre-ville, au pied du fleuve, au bout d'une rue McGill qui s'est refait une beauté. On s'explique mal ce dénouement.»

 Désintéressement du public envers les jardins, prix d'entrée trop élevé, manque de publicité, prolifération de festivals à Montréal durant l'été, absence de soutien financier des diverses instances gouvernementales et municipales, chicanes entre le promoteur et les organismes de financement... Autant de raisons qui peuvent expliquer l'échec de Flora, selon plusieurs exposants interrogés par La Presse.

 «Rendre populaire un événement de cette nature exige du temps, indique pour sa part Michel Gauthier, directeur général de Flora, une des deux personnes encore à l'emploi de l'organisation. Nous voulions créer une exposition avant-gardiste. L'argent promis n'est pas venu; nous n'avons pu organiser toutes les activités prévues. Nous avons manqué de temps. Mais les créateurs veulent continuer et les jardins sont là.»

 L'objectif était ambitieux: International Flora devait se prolonger durant 10 ans. L'an dernier, l'exposition s'était terminée par un déficit de l'ordre six millions, absorbé en bonne partie par les exposants et les fournisseurs de services. Malgré la participation de soeur Angèle et du sculpteur Armand Vaillancourt cette saison, les organisateurs ne sont pas parvenus à soulever l'enthousiasme du public.