Dès l'an prochain, les citadins québécois pourraient cultiver des légumes sur leur toit, sans voir les plants se flétrir aux premières chaleurs. Un groupe de biologistes a conçu, avec l'aide d'Agriculture Canada, un système de bacs permettant d'entretenir un véritable potager en hauteur, sans tout perdre à la première canicule.

Dès l'an prochain, les citadins québécois pourraient cultiver des légumes sur leur toit, sans voir les plants se flétrir aux premières chaleurs. Un groupe de biologistes a conçu, avec l'aide d'Agriculture Canada, un système de bacs permettant d'entretenir un véritable potager en hauteur, sans tout perdre à la première canicule.

 À l'essai sur le toit du Complexe Reine Elizabeth, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, le système de culture mis au point par Biotop Technologies déborde de légumes. Le temps exceptionnellement chaud de la semaine dernière permettait aux dernières tomates encore vertes de mûrir.

 Malgré le temps sec de l'été, les plants sont toujours vigoureux. Le secret de Marc-André Valiquette, le biologiste concepteur du système? De l'eau circulant dans le double-fond d'un bac de plastique.

 En passant d'un récipient à l'autre, l'eau amène les plantes à développer deux types de racines: les premières se nourrissent dans les nutriments de la terre et les secondes s'abreuvent à même l'eau dans le fond des bacs.

 «Ça rend les plants extrêmement résistants et il n'est pas nécessaire de les arroser plusieurs fois par jour en cas de canicule, explique M. Valiquette. Comme les plantes se nourrissent plus facilement, leur croissance est impressionnante.»

 Avec 40 bacs, Biotop et les groupes communautaires qui ont participé à l'expérience ont pu récolter 100 kg de légumes. Le même matériel approvisionnerait largement une famille, ou même les copropriétaires d'un édifice plus grand.

 Le biologiste et son équipe développent ce concept depuis près de 15 ans. L'idée de base est de permettre la culture maraîchère dans des conditions extrêmes. Sur un toit, le mercure atteint régulièrement 40° l'été et le vent favorise l'évaporation. Difficile, donc, d'y faire croître des plants en santé.

 «Une bonne solution pour faire pousser des légumes sur un toit plat, en ville, serait d'aménager un toit vert d'au moins huit pouces d'épaisseur, explique Xavier Laplace, président des Toits Vertige. Par contre, la structure des vieux édifices ne peut supporter une telle charge. Ce système est une bonne solution de rechange pour ceux qui tiennent à produire des légumes en ville.»

 Les amateurs de pommes de terre et d'autres légumes-racines devront toutefois se résoudre à les cultiver au sol. La profondeur des bacs ne permet pas ce type de culture et en concevoir de plus grands annulerait l'avantage de la légèreté.

 Des melons... à quel prix?

 Les Toits Vertige évalueront cet hiver les coûts d'un système comme celui de Biotop, qui n'a pour l'instant jamais été fabriqué à grande échelle. «Nous n'avons aucune idée du prix que ça pourrait coûter à l'unité pour des consommateurs, affirme Marc-André Valiquette. Les bacs de plastique ne valent pas une fortune. Par contre, la dépense se situerait surtout au niveau de l'installation et de l'entretien par des professionnels.»

 Xavier Laplace croit que ce système coûtera beaucoup moins qu'un toit vert conventionnel. «Nous en saurons plus long au cours de l'hiver, mais comme il n'y a pas de modification de structure à faire pour ce type de toit, ce sera avantageux pour beaucoup de propriétaires qui veulent un toit vert.»

 Pour la culture à plus petite échelle, l'organisme communautaire Alternatives a conçu un système similaire, sans la circulation d'eau d'un bac à l'autre. Ces bacs de plastique à double-fond permettent de cultiver des légumes sur un balcon, par exemple, sans craindre la sécheresse.