À la mi-avril, c'est le moment ou jamais de tailler vos arbres fruitiers et de traiter vos arbres et arbustes à l'huile de dormance.

À la mi-avril, c'est le moment ou jamais de tailler vos arbres fruitiers et de traiter vos arbres et arbustes à l'huile de dormance.

La plupart des pommiers et poiriers exigent en effet une taille annuelle, en mars ou avril, pour obtenir une bonne production de fruits. Sinon, les branches se multiplieront, ce qui réduira d'autant la lumière à l'intérieur de l'arbre. Si bien que votre pommier, par exemple, pourra se délester d'un bon nombre de ses fruits bien avant leur maturité, souvent en juin. Il faut donc couper gourmands, branches secondaires et drageons.

Agronome et professeur à l'Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe, Guy Laliberté conseille même de faire une coupe au centre de l'arbre, de façon à former une cheminée ou encore un cône renversé exempt de feuillage. Non seulement les fruits seront plus gros si les branches productrices sont moins nombreuses, mais plus le feuillage sera aéré, plus les feuilles sécheront rapidement à la suite d'une pluie et moins elles seront vulnérables à la tavelure.

Il est toujours conseillé de désinfecter son sécateur à chaque coupe dans une solution d'alcool, surtout si plusieurs arbres sont taillés au cours de la même opération. On n'utilise jamais de produits cicatrisants même si on en compte des dizaines sur le marché. Ils sont inutiles.

Il ne faut surtout pas s'improviser élagueur. Si vous en êtes à votre première expérience, il importe de consulter un bon ouvrage sur le sujet avant de vous mettre à la tâche, ou encore d'engager un arboriculteur professionnel, d'observer attentivement son travail et surtout de ne pas hésiter à lui poser des questions sur la méthode à suivre.

 Un professionnel travaille souvent en équipe, il possède habituellement une déchiqueteuse et de bonnes assurances. Ses tarifs varient en fonction du travail à accomplir, mais il faut compter de 125$ à 300$ pour élaguer un pommier de taille moyenne et parfois plus encore pour rajeunir un arbre afin que sa production soit maximale. Évidemment, s'il suffit de quelques fruits pour vous contenter, pas besoin de vous donner tout ce mal.

Rappelons que plusieurs autres feuillus peuvent aussi être taillés à cette époque de l'année, mais il faut procéder avant que les bourgeons n'ouvrent. Bon moment aussi pour tailler votre haie de thuyas, souligne pour sa part l'agronome-conseil Claude Gélinas (www.phyto.qc.ca). On égalise le feuillage en coupant un ou deux centimètres de tige, ce qui favorisera une nouvelle pousse plus dense, beaucoup plus courte, tout en éliminant les mineuses qui auraient pu hiverner dans le bout des feuilles. On peut évidemment tailler la haie plus tard en saison, du début à la mi-juin ou encore, de la mi-août à la mi-septembre. Dans ce dernier cas, on peut couper la moitié de la nouvelle pousse.

Évidemment, si on taille un arbuste ou un arbre à floraison printanière, on devra se priver de sa floraison.

Brosse et concoction naturelle

Par ailleurs, il vous reste encore une semaine ou deux pour traiter vos arbres et arbustes avec de l'huile de dormance, car il faut procéder, là aussi, avant le débourrement des bourgeons.

En vente partout, très faciles à appliquer avec un vaporisateur, ces huiles minérales ne sont pas nocives pour l'environnement en raison de leur rapide dégradation. Elles asphyxient oeufs, larves et insectes, ce qui permet d'éviter les invasions potentielles et, par conséquent, l'usage ultérieur de pesticides. Il faut suivre les indications du fabricant (ce produit ne convient pas à toutes les espèces d'arbres) et se vêtir en conséquence lors du traitement (gants de caoutchouc, lunettes, etc.). Il est aussi conseillé de mouiller les branches jusqu'au point d'égouttement. Le traitement se fait par temps calme en s'assurant qu'il n'y aura ni pluie ni gel au cours des 48 prochaines heures.

Précisons toutefois que ces arrosages n'ont pas d'effet contre l'apparition de maladies fongiques, comme la tavelure, et n'empêchent pas l'apparition de plusieurs insectes qui s'en prennent aux fruits au cours de l'été. Dans ce cas, il faut recourir à d'autres méthodes de contrôle.

 À ce temps-ci, Guy Laliberté conseille en outre d'utiliser une autre vieille méthode de prévention pour les arbres fruitiers : la brosse d'acier. Attention! Ne vous emportez pas. Il ne faut pas arracher l'écorce mais plutôt la brosser légèrement afin de déloger ou détruire plusieurs bestioles. Évidemment, le traitement ne s'applique pas sur l'écorce tendre.

Autre suggestion plutôt inusitée de l'agronome : le pipi. «L'urine humaine est de plus en plus considérée comme un bon insecticide naturel, fait-il valoir. Le problème est d'en obtenir une quantité suffisante et de la conserver.» Un problème, dites-vous ?

Pour ceux qui veulent faire l'expérience, il est donc possible d'utiliser, au lieu de l'huile de dormance, de l'urine pure en vaporisation avant le débourrement, puis de procéder à un deuxième traitement avec une solution composée de trois parties d'eau trois semaines plus tard. L'automne, avant la chute des feuilles, un autre arrosage avec une concoction identique leur sera salutaire. L'urine est aussi un excellent répulsif contre les cerfs de Virginie, insiste-t-il. Mais encore là, l'approvisionnement peut représenter un problème.

Rappelons que l'urine donne de bons résultats pour contrer le blanc ou oïdium (toujours appelé à tort mildiou). S'il est parfois facile de donner un traitement «spontané» sur une touffe de phloxs ou un rosier, par exemple, un solution à base de lait devrait s'avérer plus pratique et tout aussi efficace. On recommande une partie de lait pour neuf parties d'eau, mais certains préconisent du un pour trois.

Photo Rémi Lemée, La Presse

Élagage dans un pommier qui en a bien besoin. L'arboriculteur