L'identification formelle du champignon microscopique responsable de la prolifération de la tache goudronneuse chez les érables de la région de Montréal devrait être complétée d'ici peu. Un travail long et délicat réalisé par le professeur Vladimir Lujanovich, de l'Université de la Saskatchewan.

L'identification formelle du champignon microscopique responsable de la prolifération de la tache goudronneuse chez les érables de la région de Montréal devrait être complétée d'ici peu. Un travail long et délicat réalisé par le professeur Vladimir Lujanovich, de l'Université de la Saskatchewan.

La tache goudronneuse a suscité tout un émoi, l'automne dernier, chez des milliers de propriétaires de la région de Montréal qui ont constaté que les feuilles de leurs érables étaient presque toutes couvertes de grosses taches noires et épaisses. Le phénomène inusité a affecté plus particulièrement les érables de Norvège, l'espèce la plus répandue en milieu urbain, mais aussi, dans une moindre mesure, les érables argentés, les érables rouges et les érables à sucre.

L'inquiétude était d'autant plus grande que les autorités municipales avaient observé, elles aussi, que plusieurs érables de Norvège du mont Royal avaient perdu toutes leurs feuilles en août à cause de la fameuse tache, une période de l'année où les réserves énergétique des arbres sont habituellement complétées. Heureusement, le tort est surtout esthétique et il est très rare que l'arbre meure à la suite d'une attaque majeure.

C'est en raison d'un printemps très pluvieux que les spores du champignon ont pu affecter la nouvelle feuillaison. Les taches sont en réalité des tissus épais et très résistants, des stromas, selon le terme en mycologie, qui permettent justement aux spores de résister aux conditions adverses. Plusieurs experts estiment d'ailleurs que ces stromas peuvent résister sans problème aux températures de 60ºC ou 70ºC atteintes lors du compostage, bien qu'aucune recherche spécifique n'ait été réalisée sur le sujet. Mais si la chose s'avérait, les villes comme Montréal qui compostent des tonnes de feuilles contribueraient à la propagation de la maladie, comme le soutient d'ailleurs un des responsables de l'Arboretum Morgan de Sainte-Anne-de-Bellevue, John Watson.

Chercheur à l'Institut de recherche en biologie végétale de l'Université de Montréal et expert en fongus, Marc Saint-Arnaud explique, pour sa part, que les champignons responsables de la tache noire sont très peu étudiés parce que l'érable de Norvège n'est pas considéré comme ayant une grande valeur économique même s'il a été planté par centaines de milliers en Amérique du Nord comme arbre d'ornement. La tache noire est cependant provoquée par plus d'une espèce de fongus, et celui qui affecte l'érable de Norvège nous viendrait d'Europe, comme son hôte d'ailleurs.

Le champignon aurait été signalé pour la première fois aux États-Unis dans les années 40. En 1984, la ville d'Ithaca, dans l'État de New York, a vu plusieurs de ses érables complètement défoliés par la tache. La maladie est présente un peu partout en Nouvelle-Angleterre, notamment à Boston. Il va sans dire qu'en raison notamment de la taille des arbres, la maladie est presque impossible à traiter. Un nettoyage des feuilles, l'automne et tôt au printemps, devrait ralentir la propagation et l'intensité de la maladie, mais il suffit que quelques feuilles soient oubliées ici et là ou encore qu'un voisin ne prête pas attention au problème pour que la tache se manifeste encore. Pas de doute, la tache noire de l'érable est là pour rester.