Dicksonia fibrosa n'est pas une fougère comme les autres. Originaire de la Nouvelle-Zélande, il s'agit d'une curiosité de la nature que l'on découvre habituellement dans un jardin botanique.

Dicksonia fibrosa n'est pas une fougère comme les autres. Originaire de la Nouvelle-Zélande, il s'agit d'une curiosité de la nature que l'on découvre habituellement dans un jardin botanique.

Son étrange système racinaire est composé d'un tronc dont le centre est ligneux, très dur, de couleur brune, recouvert des reliquats des vieilles feuilles — les frondes comme ont dit dans le cas des fougères —, d'où émergent les racines fibreuses. Dans son milieu naturel, ce tronc peut atteindre de 3 à 4 m et il est surmonté d'un bouquet de frondes vertes, élancées et gracieuses, d'une longueur variant de 1 à 2m, une sorte de parasol géant.

Cultivée en pot, Dicksonia fibrosa a un charme très particulier, mais ses dimensions sont évidemment beaucoup plus modestes. La Nouvelle-Zélande interdit habituellement l'exportation de plantes patrimoniales. Mais les Dicksonia fibrosa sont déterrées dans de vieilles plantations de conifères qui ne sont pas indigènes au pays, notamment de sapins de Douglas, des plantations qui datent souvent d'un siècle et sont considérées parmi les plus grandes au monde.

Leur superficie totalise près de 300 000 hectares. Au cours des années, différentes espèces de fougères se sont implantées dans ces sous-bois et elles sont aujourd'hui déracinées pour exportation avant l'abattage des arbres. Privées de l'ombre des grands Douglas verts, elles seraient condamnées. Les fougères sont déterrées à la main et livrées un peu partout sur le globe en conteneur quand elles sont en dormance.

À la livraison, il suffit de les «réveiller» gentiment en serre pour qu'elle reprennent vie et qu'apparaissent de nouvelles frondes. Dicksonia fibrosa est offerte au Québec depuis près d'un an par le grossiste Francis Lemaire de Kinsey Falls (819-363-2828 ou flemaireivic.qc.ca). Elle était en vente notamment au dernier Rendez-vous horticole du Jardin botanique de Montréal. Étonnante et originale, Dicksonia fibrosa n'est cependant pas une plante d'intérieur facile. Elle exige de l'attention et conviendra surtout aux amateurs avertis, ceux qui aiment relever les défis.

Plus encore, elle est coûteuse: environ 100$ pour un spécimen dont le tronc atteint 30cm de hauteur. Une plante qui est toutefois âgée d'un minimum de 10 ans puisque que sa croissance est très lente, de 1 à 3 cm par année. Avec leurs frondes, les petits plants atteignent environ 60cm. La nouvelle venue néo-zélandaise apprécie les températures fraîches.

Dans son habitat naturel, elle peut résister à -5 degrés Celsius et se retrouve souvent en altitude. Au Jardin botanique de Montréal, la température de la serre où elles poussent est de 19 degrés Celsius le jour et de 17 la nuit, mais elles peuvent supporter des écarts de température beaucoup plus importants. La plante se plaira à l'extérieur durant tout l'été à la condition de l'installer à l'ombre.

Dans la maison, elle apprécie une lumière vive mais jamais le soleil direct, exception faite d'un ensoleillement matinal au cours de l'hiver. La fougère exotique doit être fertilisée régulièrement avec un engrais balancé (10-10-10 ou 20-20-20), de préférence à libération lente. Un arrosage adéquat est essentiel pour obtenir une plante en santé qui produira une douzaine de frondes. Un apport d'eau qui prend toute son importance si la température ambiante est relativement chaude et sèche, comme c'est souvent le cas en hiver dans nos appartements.

Le terreau doit être humide en tout temps et le tronc nécessite d'être arrosé régulièrement en évitant toutefois de mouiller le coeur des frondes. L'hiver, il est conseillé de vaporiser le tronc quotidiennement, et même de l'immerger complètement dans l'eau de temps à autre, ou encore de l'arroser un bon moment à grande eau — un traitement que la plante appréciera aussi en été par temps chaud. D'ailleurs, comme on le fait pour les orchidées, il est recommandé de placer le pot sur un lit de pierres baignant dans l'eau, ce qui permettra de maintenir un taux d'humidité plus élevé pour la fougère.

L'honneur de James Dickson

Le groupe des dicksonia, qui compte une vingtaine d'espèces de fougères doit son nom à James Dickson (1738-1822), naturaliste et grand chercheur de nouvelles plantes, notamment en Écosse. On lui doit un traité en quatre volumes sur les mousses, fougères et autres végétaux qui ne produisent pas de fleurs. Il est aussi un des fondateurs de la célèbre Royal Horticultural Society.