Après une longue absence, la tulipe «Québec» effectue un retour au jardin cet automne. Il y a quatre ans, la firme Vanhof and Blokker (qui vend ses bulbes sous la marque Simple Pleasures) a fait appel à un bulbiculteur néerlandais afin de remettre en production le cultivar pour le 400e anniversaire de la ville de Québec, en 2008. Il devait donc faire son apparition sur le marché l'an prochain, mais la plante s'est avérée beaucoup plus productive que prévu.

Après une longue absence, la tulipe «Québec» effectue un retour au jardin cet automne. Il y a quatre ans, la firme Vanhof and Blokker (qui vend ses bulbes sous la marque Simple Pleasures) a fait appel à un bulbiculteur néerlandais afin de remettre en production le cultivar pour le 400e anniversaire de la ville de Québec, en 2008. Il devait donc faire son apparition sur le marché l'an prochain, mais la plante s'est avérée beaucoup plus productive que prévu.

Voilà pourquoi on peut actuellement s'en procurer un peu partout au Québec. Plus encore, la tulipe commence une carrière internationale, car elle est aussi en vente en Europe, notamment en Angleterre, en France et en Russie. Baptisée à l'époque en l'honneur de la Vieille Capitale, et non de la province, la tulipe «Québec» produit une fleur au coeur jaune. Le centre du pétale est orné d'une grande flamme rouge vif sur fond jaune. Le stigmate est jaune mais les anthères sont pourpres. La plante atteint une trentaine de centimètres, ses feuilles sont larges mais la bordure légèrement ondulée.

En prime, chaque hampe florale donne plusieurs fleurs. Comme elle est relativement hâtive, son feuillage est déjà jauni au moment de planter les annuelles ou lorsque les vivaces commencent à se manifester. Voilà qui permet au bulbe d'accumuler suffisamment de réserves pour fleurir l'année suivante, ce qui lui assure du même coup une bonne longévité. Malheureusement dans le cas d'une foule de tulipes un peu plus tardives, et elles sont légion, les jardiniers pressés ont tendance à couper le feuillage vieillissant avant qu'il ne soit entièrement jaune, ce qui réduit d'autant la prochaine floraison.

La tulipe «Québec» a été enregistrée en 1991 auprès du KAVB, l'acronyme néerlandais de l'Association royale des bulbiculteurs, qui gère l'enregistrement et la classification des bulbes de tulipes dans le monde. Curieusement, le nom officiel de «notre» tulipe s'écrit sans accent, selon la forme anglaise. Pourtant, dans le dernier registre officiel des noms de tulipes du KAVB, on retrouve quelques noms avec des accents, des appellations habituellement originaires de France.

Fait pour le moins cocasse, le cultivar «Québec» est le résultat d'une mutation de la tulipe «Toronto», une variété enregistrée en 1963 qui connaît toutefois une réputation mondiale. Il s'agit du cultivar à fleurs multiples le plus vendu. Il faut dire que la compétition est féroce dans le beau monde des tulipes. Le choix est considérable et les goûts des consommateurs varient grandement d'un pays à l'autre.

Si on compte 5600 noms dans le Registre international des noms de tulipes, plus de la moitié de ces plantes sont cultivées seulement à des fins de collection ou de conservation du patrimoine génétique. Plusieurs sont aussi carrément disparues faute d'intérêt. Par contre, des milliers d'autres ont été enregistrées depuis sa dernière parution en 1996 parce qu'elles offraient un potentiel commercial intéressant.

Récemment, un producteur a enregistré pas moins de 100 nouveaux cultivars en une seule année. Mais en réalité, une foule d'entre eux ne seront jamais mis en marché pour une raison ou une autre. D'autres comme la tulipe «Ice Cream», dont je vous parlais l'an dernier, sont voués à un marché limité parce que, à mon avis, ils sont plus spectaculaires en photo qu'au jardin. Rappelons par ailleurs qu'il faut souvent une quinzaine d'années avant qu'un nouveau cultivar de tulipe ait produit suffisamment de bulbes pour être vendu sur une grande échelle.

TULIPES GÉOPOLITIQUES

Si la ville de Québec peut se vanter d'avoir une tulipe à son nom, elle n'est pas la seule. Une revue du Registre international des noms de tulipes indique qu'il existe des dizaines de cultivars portant le nom d'une ville, dont évidemment certaines célébrités comme Paris, New York, Berlin, Rome, Pékin ou encore Bagdad, Anchorage, Montevideo, Nairobi, Casablanca et Johannesburg. Au Canada, l'honneur revient à Toronto, Calgary, Ottawa et Montréal. Malheureusement, faute d'être commercialisé, le patrimoine génétique de Montréal s'est perdu depuis un bon moment, la tulipe ayant été créée il y a plus de 50 ans, explique Paul Jansen, représentant de la maison Vanhof and Blokker au Canada.

Il existe aussi une tulipe «Hamilton» et «Dorval», mais en raison de leur lointaine période d'enregistrement, il y a fort à parier que les appellations sont plutôt associées à des personnages célèbres du même nom. M. Jansen raconte que les noms de villes ont été populaires au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et durant quelques décennies, mais la mode est passée depuis un bon moment. Il existe un seul cultivar «provincial», celui de l'Ontario, mais une douzaine d'autres portent le nom d'États américains alors que certains, beaucoup plus rares répondent à un nom de pays comme l'Autriche la Norvège et bien sûr les États-Unis.