Il avait fait une timide apparition au Québec, il y a quelques années, mais sans succès. Puis il est disparu. Pourtant, le chrysanthème d'automne «My Favorite» me semblait promis à un bel avenir. C'est que des contraintes commerciales ridicules empêchaient la vente de la plante au Canada.

Il avait fait une timide apparition au Québec, il y a quelques années, mais sans succès. Puis il est disparu. Pourtant, le chrysanthème d'automne «My Favorite» me semblait promis à un bel avenir. C'est que des contraintes commerciales ridicules empêchaient la vente de la plante au Canada.

Imaginez! Un grossiste désireux d'offrir le chrysanthème devait acheter un minimum de 25 000 boutures à 1$%US pièce de la firme australienne Tesselaar, alors propriétaire des droits de commercialisation à l'échelle internationale. S'ajoutaient évidemment à la facture les frais de production, les pots, les étiquettes, les coûts de transport chez les détaillants. Autant dire une petite fortune. Voilà qui explique pourquoi aucun grossiste canadien ne s'était lancé dans l'aventure.

Le contrat avec Tesselaar est terminé. Enfin! Le chrysanthème entreprend une nouvelle carrière. La plante est maintenant vendue dans plusieurs pépinières et jardineries québécoises. Mais elle porte un nouveau nom: Mammoth. Cela lui va très bien. Dans le monde des chrysanthèmes, il s'agit d'un vrai monstre. En un seul été, un plant peut atteindre presque un mètre de diamètre et de 70 à 90cm de hauteur.

Un monstre qui produit une profusion de fleurs- qui se comptent par centaines -, à partir de la fin d'août ou début septembre, comme c'est le cas cette année. Mais pourquoi tant insister sur «Mammoth»? Tout simplement parce que j'ai hérité de deux cultivars en 2000, soit un an avant sa mise en marché officielle sur le continent. Et depuis cette époque, ils ont résisté à tous les hivers sans protection aucune, même dans des endroits très exposés au gel.

De plus, ils n'ont jamais été divisés (la plupart des chrysanthèmes d'automne, considérés comme vivaces, exigent d'être divisés régulièrement, sans quoi ils dégénèrent rapidement). Résistants aux maladies et aux insectes, mes plants n'ont fait l'objet d'aucun soin particulier, si ce n'est un généreux apport annuel en compost. La floraison persiste jusqu'aux premiers gels «forts». Difficile de demander plus à un chrysanthème d'automne.

Des centaines de fleurs

Le seul défaut que je lui ai trouvé jusqu'à maintenant, c'est qu'en raison de son envergure et du poids des fleurs, les branches ont tendance à pencher vers l'extérieur laissant le centre du plant dégarni. Cette situation serait causée par un excès d'engrais azoté, ce qui a un effet sur la rigidité des tiges ou encore, par une situation un peu trop ombragée, cette dernière hypothèse me semblant la plus vraisemblable. «Mammoth» est le résultat des recherches du professeur Neil Anderson et de son équipe de l'Université du Minnesota, une institution reconnue pour ses travaux horticoles. On lui doit entre autres les nombreuses lignées de plantes rustiques en zone froide, comme les célèbres azalées de la série «Lights». Évidemment, notre mammouth végétal est rustique en zone 3 et 4, comme son nom l'indique, mais dans les régions froides où il neige peu, il est recommandé de lui offrir une protection hivernale après avoir coupé les tiges au niveau du sol. Je vous rappelle que chez moi sur la Rive-Sud, il n'a jamais été protégé même si la neige est souvent peu abondante.

Les premières tentatives d'hybridation ont commencé à la fin des années 80 pour ensuite s'accélérer en 1992. La mise en marché a débuté en 2001 mais depuis, plusieurs nouveaux cultivars se sont ajoutés à la liste initiale, cultivars qui correspondent à autant de coloris. À l'heure actuelle, la lignée compte sept variétés qui ne sont malheureusement pas toutes offertes au Québec. Les deux cultivars testés chez moi correspondent au «Mammoth Coral Daisy» et «Mammoth Red Daisy», mais ce dernier ne sera offert que l'an prochain. Ces chrysanthèmes se vendent normalement entre 15 et 20.

Attention de ne pas confondre avec les chrysanthèmes vendus ces temps-ci en potées fleuries. Ils sont évidemment beaucoup moins coûteux, mais non vivaces. Rappelez-vous aussi que si le plant acheté cet automne vous semble relativement petit, il atteindra facilement 1 à 1,5 m d'envergure, l'an prochain. Prévoyez un espace convenant à ses ambitions. Un dernier mot: la publicité officielle mentionne qu'à maturité, un seul plant peut donner jusqu'à 5000 fleurs. C'est énorme! Inflation publicitaire? Même si on divise le chiffre par cinq, le résultat reste énorme. Gros mammouth va!