Saviez-vous qu'un arbre ou un arbuste ne peut jamais être une mauvaise herbe? C'est cependant une question de sémantique et non pas d'horticulture. Car un arbre ou un arbuste peut bien être envahissant et indésirable, mais il ne peut jamais être une herbe.

Saviez-vous qu'un arbre ou un arbuste ne peut jamais être une mauvaise herbe? C'est cependant une question de sémantique et non pas d'horticulture. Car un arbre ou un arbuste peut bien être envahissant et indésirable, mais il ne peut jamais être une herbe.

 Une herbe, par définition, est non ligneuse: sa partie aérienne n'est pas faite de bois ou, en termes plus savants, n'est pas ligneuse. Une herbe peut être annuelle ou vivace, mais sa partie aérienne ne forme jamais de bois.

Au contraire, les arbres ou les arbustes, par définition, forment nécessairement du bois. D'où la constatation qu'un arbre ou un arbuste, aussi indésirable qu'il puisse être, ne peut jamais être une mauvaise herbe.

Mais un arbre ou un arbuste peut être agressif et envahissant. Ça, tous les jardiniers le savent sinon ils l'apprendront tôt ou tard. Et l'on peut éviter bien des problèmes quand on le sait avant de planter.

Les arbres et arbustes drageonnants

Un drageon est une plante qui se développe à une certaine distance de la plante-mère, sur un stolon ou une racine de celle-ci. Et un drageon peut vite en produire d'autres. Donc ce qui était un arbre ou arbuste isolé devient peu à peu, si on le laisse faire, une forêt.

Les conifères ne drageonnent jamais. Vous pouvez donc présumer que le conifère que vous plantez aujourd'hui restera toujours à sa place. Et la plupart des arbres et arbustes à feuilles caduques ne drageonnent pas non plus, mais il y a plusieurs exceptions. Ces plantes produisent des «bébés» partout: dans le gazon, la plate-bande, le potager, etc. Souvent leurs racines peuvent même courir sous une allée ou un trottoir pour produire des drageons de l'autre côté! Vous vous demanderez bientôt pourquoi vous les aviez plantées!

Les drageons qui paraissent près de la plante-mère sont généralement vus par les jardiniers comme peu dérangeants: la plante devient plus dense avec le temps, voilà tout. Mais d'autres végétaux produisent des drageons loin de la plante-mère: un mètre, deux mètres, même plus. Le champion mondial de l'agressivité est notre propre peuplier faux-tremble (Populus tremuloides). Ces drageons apparaissent couramment à 20 m de l'arbre d'origine et parfois jusqu'à 80 m!

Drageonnement naturel ou provoqué?

Curieusement, tous les végétaux mentionnés ne sont pas drageonnants en toute occasion. Plusieurs ne deviennent «agressifs» que si l'on blesse leurs racines. Donc, là où on a l'habitude de sarcler -dans une plate-bande, par exemple- , ces plantes prolifèrent. Là où on ne sarcle pas, comme dans une pelouse, ils ne posent pas de problème. Aussi, les jardiniers plus modernes qui utilisent du paillis dans leurs plates-bandes au lieu de sarcler n'ont pas non plus de problèmes avec ces envahisseurs «provoqués».

Contrôler les drageons

On peut bien sûr contrôler les drageons après le fait en les coupant et les arrachant là où ils poussent. Mais cela fait de jolis dégâts dans une pelouse! Et quand vous éliminez des drageons, cela stimule la plante-mère à en produire encore davantage. Comme dans tout, il est plus facile de prévenir que de guérir.

Ainsi, on peut tout simplement éviter les plantes ligneuses envahissantes. Par exemple, plutôt que de planter le sorbaria à feuilles de sorbier (Sorbaria sorbifolia), très drageonnant, on pourrait choisir son cousin, le sorbaria d'Aitchison (S. tomentosa angustifolia, aussi vendu sous le nom S. aitchisonii) qui ne produit que rarement des drageons. Et de tous les lilas, seul le lilas commun, appelé aussi lilas français (Syringa vulgaris) est drageonnant. Le tout nouveau vinaigrier doré (Rhus typhina «Bailtiger» Tiger Eyes) ne drageonne pas alors que les autres vinaigriers (R. typhina et R. glabra) sont tous très drageonnants.

Si malgré tout vous appréciez tellement un arbuste ou arbre drageonnant pour ses autres qualités que vous tenez à le planter quand même, il est possible de le contrôler. Pour cela, on profite d'un curieux phénomène: seulement les racines superficielles des ligneuses drageonnent. Celles qui descendent plus en profondeur ne le font jamais. Si on peut limiter la croissance des racines superficielles sans empêcher les autres racines de pousser, on peut cultiver la plante pour ses autres attraits sans s'inquiéter de son agressivité.

Il s'agit de la planter à l'intérieur d'une barrière infranchissable. Pour un arbuste, un gros seau de plastique dont on a coupé le fond convient. Pour un arbre, il faut chercher quelque chose de plus gros encore, comme une grosse cuvette en plastique ou même (sans farce !) un gros tuyau d'égout placé debout. À la plantation, donc, on creuse d'abord un trou assez large et profond pour placer notre «barrière» en laissant dépasser seulement une mince marge de 2,5 à 5 cm (on couvrira cette partie de paillis plus tard).

Quand vous plantez des ligneuses envahissantes à l'intérieur d'une telle barrière, elles peuvent parfois remplir cet espace de drageons, mais le terrain autour en sera complètement libre.

Quand drageonner est une bonne chose

En ville, on apprécie rarement les plantes trop entreprenantes et les ligneuses drageonnantes ont donc mauvaise presse. Mais sur les bords de l'eau où l'érosion est un problème, ou sur une dune de sable, elles sont des amies précieuses. En effet, par leur drageonnement, elles stabilisent les rives et les dunes et préviennent l'érosion future.

Donc, drageonner peut être bien ou mauvais, selon votre situation, mais au moins vous saurez la vraie nature de la plante la prochaine fois que vous magasinerez un arbre ou un arbuste pour votre terrain!

EXEMPLES D'ARBRES ET D'ARBUSTES DRAGEONNANTS

- Amélanchier du Canada (Amelanchier canadensis), zone 4

- Amélanchier stolonifère* (Amelanchier stolonifera), zone 3

- Aronie (Aronia spp.), zone 4

- Argousier faux-nerprun* (Hippophae rhamnoides), zone 2b

- Cerisier à grappes* (Prunus virginiana), zone 2b

- Cerisier de Pennsylvanie*(Prunus pennsylvanica), zone 2

- Chalef argenté* (Elaeagnus commutata), zone 1b

- Cornouiller blanc (Cornus alba), zone 2

- Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), zone 3

- Cornouiller stolonifère* (Cornus sericea, syn. C. stolonifera), zone 2

- Framboisier* (Rubus idaeus) zone 3

- Gadelier odorant (Ribes odoratum), zone 2

- Lilas commun* (Syringa vulgaris), zone 2b

- Myrique baumier* (Myrica gale), zone 2

- Peuplier baumier (Populus balsamifera), zone 2

- Peuplier de Lombardie* (Populus nigra «Italica»), zone 4

- Peuplier faux-tremble* (Populus tremuloides), zone 2

- Robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia), zone 4b

- Ronce* (Rubus spp.), zone 3

- Rosier rugueux*, certains cultivars (Rosa rugosa), zone 3

- Shepherdie argenté* (Shepherdia argentea), zone 2

- Sorbaria à feuilles de sorbier* (Sorba ria sorbifolia), zone 2

- Sumac aromatique* (Rhus aromatica), zone 3

Les végétaux marqués d'un astérisque (*) sont les plus «agressifs»: ils envahissent même quand on fait attention de ne pas les perturber.

 

Photo Horticom/Le Soleil

Amélanchier du Canada (<i>Amelanchier canadensis</i>)