Il y a une quinzaine d'années, elles ont fait une entrée discrète au jardin, mais aujourd'hui, la porte leur est grande ouverte. Faciles à cultiver, de taille, de coloris et souvent de textures différentes les unes des autres, les graminées présentent aussi une inflorescence particulière, souvent en forme de plumeau délicat qui flotte au vent, un spectacle qui se poursuit même une bonne partie de l'hiver.

Il y a une quinzaine d'années, elles ont fait une entrée discrète au jardin, mais aujourd'hui, la porte leur est grande ouverte. Faciles à cultiver, de taille, de coloris et souvent de textures différentes les unes des autres, les graminées présentent aussi une inflorescence particulière, souvent en forme de plumeau délicat qui flotte au vent, un spectacle qui se poursuit même une bonne partie de l'hiver.

Plusieurs se parent de leurs plus beaux atours à la fin d'août ou en septembre, mais d'autres, habituellement de plus petite taille, attirent l'attention par leur feuillage bleuté ou panaché dès la fin de juin. Elles sont vivaces, vivent longtemps et sont parfois très envahissantes si on laisse libre cours à leurs ambitions.

Quelques-unes sont annuelles sous notre climat, mais en dépit de leur vie éphémère, elles redoublent d'intensité pour nous plaire. C'est le cas notamment de Pennisetum setacum «Rubrum», au feuillage rougeâtre et à l'épi floral duveteux, qui pousse facilement en pot.

C'est toutefois dans une plate-bande qui lui sera réservée exclusivement qu'il donnera sa pleine mesure. Effet visuel assuré. Il y a deux ou trois ans, un nouveau cultivar a tenté de lui voler la vedette, un proche cousin, le pennisetum «Burgundy Giant». En vain. Le jardinier n'est pas dupe. On ne remplace pas la grâce par un géant musclé sans aucune finesse.

L'avenir d'un autre proche cousin, qui a fait officiellement son entrée au jardin l'an dernier, est plus prometteur. Pas de comparaison cette fois, même s'il s'agit toujours d'un membre de la famille. Ce millet décoratif, qui répond au nom de pennisetum «Purple Majesty», s'est mérité les grands honneurs de l'organisation All-America Selections en raflant une médaille d'or en 2003, un prix convoité par tous les producteurs de plantes en Amérique du Nord -et qui n'est d'ailleurs pas attribué chaque année.

Il atteint une taille de 1,5 m, et son feuillage, qui n'est pas sans rappeler celui du maïs, est de couleur pourpre, très foncé. La tige se termine par un épi encore plus pourpre, presque noir, dont la forme rappelle une massette de quenouille. À planter en massif. Spectaculaire à partir de la mi-juillet et jusqu'à la fin de septembre. Attention! Achetez de jeunes plants qui grandiront au jardin. Si vous vous procurez des plantes qui ont déjà leur épi floral comme on les vend parfois, elles vous décevront, puisque leur croissance sera presque terminée.

Ces dernières années, les miscanthus, surtout les cultivars de Miscanthus sinensis, sont devenues les graminées ornementales les plus populaires chez nous. On en compte des dizaines de variétés, et la plupart sont rustiques en zone 4 s'il y a un bon couvert de neige. Mais le plus beau de tous, Miscanthus sinensis «Variegatus», mérite une protection hivernale, ne serait-ce que par précaution, pour éviter qu'un hiver intense ne mette fin à ses jours après des années au service de la beauté. Ce cultivar offre un feuillage fin vert dont la bordure plus ou moins large est jaunâtre.

Les feuilles arquées atteignent un peu plus de 1,5 m de hauteur, et vont produire en septembre, si l'été a été ensoleillé, une inflorescence d'une quinzaine de cm de longueur aux graines dorées. De toute beauté.

Les plus résistants de tous, Miscanthus sacchariflorus et Miscanthus purpurascens, sont rustiques en zone 3 et rivalisent aussi de beauté avec leurs cousins. Ils atteignent 1,75 m de hauteur. Je cultive le premier depuis presque 20 ans et chaque année, à partir de la fin d'août, ses plumeaux argentés offrent un spectacle sans pareil, surtout en fin de journée, quand ils sont caressés par le soleil couchant. Mais il y a un hic: il est extrêmement envahissant. Le problème est facile à régler: il suffit tout simplement de l'installer bien en évidence, au milieu du gazon.

Le passage régulier de la tondeuse limitera son expansion. On pourra aussi lui préférer des variétés très semblables mais un peu moins rustiques comme le Miscanthus sinensis «Silberfeder». Pour sa part, M. purpurascens se couvrir d'une jolie teinte rougeâtre au cours de l'automne mais habituellement plus tard que tôt.

Une foule d'autres graminées ont aussi trouvé une place dans nos plates-bandes, dont certaines au feuillage panaché, une caractéristique encore très recherchée, comme les phalaris (ils sont habituellement envahissants), ou encore les calamagrostis «Overdam», au feuillage extrêmement fin qui atteint environ 80 cm de hauteur. Parmi les Calamagrostis, notons le cultivar «Karl Foerster», qui forme un bouquet très compact aux tiges florales dorées, et qui est une plante exigeant très peu d'entretien, souvent utilisée par les municipalités.

Plusieurs offrent aussi un feuillage bleuté, notamment les populaires fétuques (festuca), plusieurs panicums, de même que Helictotrichon sempervirens et Koeleria glauca, une plante de très petite taille, très rustique, dont la hampe florale ne dépasse guère les 50 cm. D'autres, comme Spartina pectinata «Aureomarginata», ont un feuillage jaunâtre alors que plusieurs autres panicums sont rougeâtres.

N'oublions pas les carex. Ils forment un monde à part, puisqu'on en compte plus de 1500 espèces. Par contre, ils commencent à peine à faire leur entrée dans la plate-bande, mais certaines variétés considérées annuelles de Carex buchananii (carex de Buchanan) sont déjà très prisées. Ils forment des tiges délicates, rougeâtres, si étroites qu'on les croirait rondes, touffues, très exotiques, d'une hauteur ne dépassant guère les 60 cm. Ils conviennent très bien aux pots de grès et pourront passer l'hiver si on les transplante dans un endroit protégé et bien drainé. D'autres carex verdâtres ou panachés, comme Carex siderosticha, sont très rustiques en zone 5. Ils prennent rapidement de l'ampleur et leur petite taille (15 à 25 cm) leur permet de jouer le rôle de couvre-sol.

Les graminées peuvent donc convenir à tous les aménagements paysagers. Une mise en garde toutefois: contrairement à la croyance populaire, si plusieurs espèces et variétés peuvent résister à une période de sécheresse, la plupart, particulièrement les variétés de grande taille, ont besoin d'un bon arrosage en profondeur quand l'eau se fait rare. La sécheresse affectera leur développement. D'ailleurs, plusieurs espèces affectionnent les lieux humides, alors que d'autres sont plus polyvalentes. C'est le cas des fétuques, de certaines melicas et panicums, du calamagrostis «Karl Foerster» et de Koeleria glauca. La majorité affectionne le plein soleil. Une belle exception: hakonechloea macra et ses cultivars. Avec leur feuillage jaunâtre, ils enflammeront vos coins d'ombre.

Sandra Barone et Friedrich Oehmichen, les auteurs de l'ouvrage Les Graminées (éd. de L'Homme), conseillent de fertiliser une fois par année, notamment avec une couche de 2 à 3 cm de compost appliquée au cours de l'automne. Pour ma part, je vous conseille de les raser avant l'hiver ou encore au début de mars pour éviter que les tiges sèches et brisées par le poids de la neige ne s'envolent au vent un peu partout sur votre terrain et sur ceux des voisins.

En plus du volume cité, voici un autre ouvrage fort intéressant, encore plus complet et vendu autour de 80 $: The Color Encyclopedia of Ornemental Grasses, par Rock Darke.