Comment obtenir tout le confort d'une cour de banlieue en milieu urbain ? L'architecte Sylvain r. Simard, qui a quitté Laval pour Montréal, nous révèle comment il a reproduit son aménagement dans un jardin six fois plus restreint.

Les clés d'un aménagement réussi

En 2003, l'architecte montréalais Sylvain r. Simard fait l'acquisition d'une maison dans le quartier Duvernay, à Laval. «Un coup de coeur! admet-il. Dans notre cour de 6000 pi2, une piscine creusée avait été aménagée, ainsi qu'une zone réservée à la cuisson (avec barbecue), une aire consacrée au bain de soleil, un espace pour prendre les repas et un coin "lounge" voué à la détente.»

Cinq ans plus tard, le couple et ses deux enfants quittent l'île Jésus. Raison? «Je voulais ouvrir ma propre agence à Montréal», justifie le concepteur. Ce dernier déniche alors une propriété à vocation résidentielle et commerciale, dans l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville. Construite en 1945, la résidence est située près d'une rue passante et la cour fait 950 pi2.

Tour de force. L'architecte optimise l'espace disponible et, surtout, y loge tout ce qui faisait le charme de la cour de Laval: une piscine creusée autour de laquelle se déploient plusieurs zones bien définies. En prime, une ambiance apaisante y règne tout l'été. Un îlot de fraîcheur où la clameur de la ville est atténuée. Mais comment a-t-il pu tout «compacter» sans rien sacrifier? Découvrez les solutions futées de cet aménagement réussi.

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PRENDRE LE TEMPS

C'est à l'été 2012 que Sylvain r. Simard aménage sa cour urbaine. Au préalable, il avait mis plus d'un an pour concevoir le plan. Pourquoi autant de temps? «Il importe de laisser "mûrir" un plan», souligne le fondateur de l'agence Simard architecture. C'est pendant cette phase de maturation que surgissent, souvent, les meilleures solutions. «Pendant l'hiver, nous avons eu l'idée de déplacer la porte existante, qui reliait, à l'époque, la verrière à la cour. Malgré l'ampleur des travaux, ce fut notre meilleur coup!»

Aujourd'hui, une porte double et vitrée permet de circuler plus aisément entre la cuisine de la maison et le balcon, où se trouve le barbecue.

«Cette rénovation nous a aussi donné la chance d'exploiter la section latérale de la cour, qui était inutilisée.»

DÉLIMITER DES ZONES

À l'instar des pièces d'un logement, les zones à l'extérieur possèdent leur fonction: cuisine, salon, salle à manger... L'architecte a d'ailleurs reproduit celles de sa cour en banlieue. En raison des dimensions de son terrain en ville, il a toutefois dû user de stratégies pour les rapprocher sans compromettre le confort et l'ergonomie. «Chaque pouce carré a été utilisé», affirme-t-il. En prime, une aire de services, où sont regroupés le bac de recyclage, la poubelle, l'équipement de piscine et des rangements, a été créée.

OBSERVER LA COURSE DU SOLEIL

L'ensoleillement guide la disposition des espaces extérieurs. Ici, celui réservé au bain de soleil - qui est constitué d'une longue banquette - se trouve en plein soleil. Même chose pour la piscine. Quant au coin détente, il est ombragé, car situé contre l'un des murs du garage. Les occupants peuvent ainsi relaxer tout en évitant les coups de chaleur.

PRÉVOIR L'EMPLACEMENT DU MOBILIER

Il vaut mieux choisir ses meubles d'extérieur avant d'aménager une cour exiguë. «Ce sont les dimensions du mobilier qui dictent l'organisation spatiale. Ils nous donnent des repères», rappelle Sylvain r. Simard. Ce dernier a d'ailleurs pu réaliser un coin «lounge» après avoir déniché un canapé d'angle de la taille souhaitée. Le meuble devait convenir à un espace de 6 pi 3 po de profondeur seulement. Aussi, il fallait une table carrée pour meubler la «salle à manger» de 12 pi sur 12 pi. «Finalement, nous l'avons fabriquée nous-mêmes avec des retailles de cèdre rouge de l'Ouest, utilisé pour la clôture », précise-t-il. Autre bon réflexe à adopter: déterminer la position du parasol, s'il y a lieu, avant que la terrasse ou le pavé ne soit réalisé. «J'avais prévu un ancrage dissimulé sous le pavé afin d'y insérer le mât du parasol [désaxé] qui avoisine la table pour les repas», confie le propriétaire. Résultat? Aucun socle ne vient gêner la circulation.

MULTIPLIER LES USAGES

Doubler les fonctions d'un aménagement figure parmi les meilleures solutions pour gagner de la place et profiter des espaces perdus. Ici, par exemple, la banquette consacrée au bronzage - de 12 pi de longueur sur 2 pi de profondeur - fait aussi office de rangement pour les accessoires de piscine. Le même principe a été adopté lors de la confection du «meuble» barbecue. Multifonctionnel, celui-ci sert non seulement de support à l'appareil de cuisson, mais il camoufle, derrière des panneaux ouvrants, le bac de recyclage, la poubelle, ainsi que les dispositifs de commande de l'éclairage et de la chute d'eau.

MISER SUR L'INTÉGRATION

Le secret pour créer une sensation d'espace? L'intégration des éléments d'une composition. «Il est souhaitable d'éviter la surcharge et de favoriser les alignements», recommande-t-il. Concrètement? «Tout ce qui a été confectionné dans ma cour semble former un seul et même "meuble": la clôture, les rangements, la banquette, le bac de plantation, les marches d'escalier... L'ensemble exprime un seul geste.»

S'OFFRIR UNE PISCINE EN VILLE

L'un des plus grands souhaits de l'architecte était de pouvoir profiter d'une piscine creusée en ville.

«Pendant la belle saison, toute la famille aime vivre dehors et une piscine s'avère une précieuse source de fraîcheur. Sans compter qu'elle agit comme point focal et élément rassembleur», dit-il. L'architecte a investi dans une piscine préfabriquée, en fibre de verre. «C'est un choix économique. Autrement, une piscine en béton aurait coûté plus cher», explique-t-il. Après avoir abondamment cherché, il a acheté un modèle de 11 pi sur 24 pi, de l'entreprise américaine San Juan. «C'était la plus grande que je pouvais m'offrir dans les limites de mon terrain. J'ai pu l'installer tout en respectant la réglementation municipale, puisqu'elle se trouve à 1 m de toute ligne de propriété.»

DU BÉTON POUR DIMINUER L'ENTRETIEN

Le sol de la cour est entièrement pavé de dalles de béton. Un matériau qui exige moins d'entretien que le bois, fait remarquer Sylvain r. Simard. Pas question non plus de différencier les zones avec de la pelouse ou du bois. «Elles étaient trop rapprochées, il valait mieux uniformiser le sol.» Aussi, les dalles surplombent quelque peu la piscine, ce qui permet de dissimuler sa bordure. Autre considération: le choix de dalles de béton, au style le plus épuré possible, évite la «surcharge» avec le parement en pierre naturelle du garage et de la maison.

UNE CHUTE POUR ASSOURDIR LE BRUIT

Comment assourdir le bruit des voitures? «Un jet d'eau, assez puissant», répond le concepteur, qui a doté sa piscine d'une chute d'eau (de 2 pi de largeur). «Elle crée un bruit de fond qui atténue celui de la circulation automobile.»

DE LA VÉGÉTATION EN GUISE D'ÉCRAN

Ici, quatre saules nains ont été plantés à proximité du plan d'eau. «Ils poussent rapidement et leurs branches convergent vers la piscine, ce qui participe à rehausser l'aménagement et à favoriser une plus grande intimité.» Dans la continuité de la clôture, un bac de plantation accueille de la végétation.

Le cuistot aux commandes du barbecue est ainsi à l'abri des regards des voisins et des passants.

DE L'ÉCLAIRAGE POUR L'AMBIANCE

Dans cette cour, une atmosphère tamisée a été créée. Deux «fenêtres» ludiques ont été posées sur l'enceinte. En clair, deux panneaux en fibrociment, peints en jaune éclatant, sont surmontés de spots encastrés.