Il est important, pour un architecte paysagiste, d'avoir une bonne écoute. «Nous pouvons créer de superbes espaces, mais s'ils ne répondent pas aux besoins et aux demandes du client, nous échouons à notre mandat, avance Danie Savoie, architecte paysagiste chez Hodgins&Associés. En proposant des options, nous faisons voir les différentes avenues possibles. Mettre en valeur une vue ou un élément existant est souvent la clé d'un aménagement réussi.»

«Les massifs de graminées sont dans l'air du temps, observe Mme Savoie. Elles répondent à la demande d'entretien minimum, tout en apportant une grande variété de couleurs, de hauteurs et de textures.»

Au-delà des modes, une bonne organisation de l'espace et des matériaux authentiques, de qualité, ne se démodent jamais, estime Danie Savoie. «Certaines plantations et le mobilier peuvent être remplacés, mais des espaces bien structurés, avec des matériaux durables, constituent un investissement.»

Tout dans la cour avant

Un des projets de Mme Savoie met en valeur un espace restreint sur le terrain avant d'un triplex de Montréal. Baptisé «Un petit luxe», ce jardin répond au désir du propriétaire de mettre en valeur le bâtiment, tout en permettant un accès direct aux deux entrées indépendantes, l'une au rez-de-chaussée et l'autre à l'étage. Comme la maison n'a pas de cour arrière, le propriétaire voulait également la doter, à l'avant, d'un espace extérieur intime, verdoyant et relaxant. Il désirait des matériaux authentiques et des plantations luxuriantes. «Un petit luxe» a raflé deux prix au récent concours de l'Association des architectes paysagistes du Québec.

Astuce inattendue, un treillis en souples branches de saule vivantes - oeuvre de Kim Vergil - dissimule la vue sur l'entrée du voisin. La terrasse, au même niveau que le rez-de-chaussée, mais 30 pouces plus bas que le trottoir, place ainsi le regard d'une personne qui y est assise à la hauteur des pneus de la voiture du voisin. Cette terrasse en contrebas a besoin de drainage, ce que procure un pavage de pierre perméable, posé sur un puits sec. Le banc fait partie du muret structural.

La sélection des végétaux, notamment des annuelles comme le bananier, crée une ambiance tropicale et intime, tout en étant adaptée à l'environnement ombragé.

«Cet aménagement, qui tient dans 918 pi2, aurait pu se réaliser pour environ 20 000 $, tout inclus, avec des matériaux plus simples, comme du pavé uni, dit Mme Savoie. Avec des matériaux nobles et authentiques, on compte facilement le double.»

PHOTO FOURNIE PAR BONNALLIE-BRODEUR

La terrasse, vue du balcon de l'étage, fait 15 pieds sur 25.