Quand on pense aménagement paysager, on songe d'abord à la végétation, à la décoration (meubles, matériaux inertes et accessoires de toutes sortes) et évidemment à la maison elle-même, mise en valeur par son écrin végétal. Pour des propriétaires friands de profiter de leur jardin en tout temps, l'éclairage s'impose de plus en plus comme un incontournable. Bienvenue dans la quatrième dimension, celle d'un jardin à la beauté magnifiée, où l'on peut vivre de jour comme de nuit et qui garde pendant les quatre saisons un charme bien à lui.

Quand on pense aménagement paysager, on songe d'abord à la végétation, à la décoration (meubles, matériaux inertes et accessoires de toutes sortes) et évidemment à la maison elle-même, mise en valeur par son écrin végétal. Pour des propriétaires friands de profiter de leur jardin en tout temps, l'éclairage s'impose de plus en plus comme un incontournable. Bienvenue dans la quatrième dimension, celle d'un jardin à la beauté magnifiée, où l'on peut vivre de jour comme de nuit et qui garde pendant les quatre saisons un charme bien à lui.

Il ne suffit plus de recréer la lumière du jour ou de poser des lumières ici et là pour illuminer un peu. Au contraire, l'éclairage extérieur réussi se veut maintenant subtil, élégant, révélateur de beautés insoupçonnées et parfois même théâtral. À l'Avenir, dans les Bois-Francs, le jardin de France Jutras et Jocelyn Bathalon constitue l'exemple parfait du virage théâtral que peut prendre l'éclairage d'ambiance. Électricien de formation, M. Bathalon a travaillé pendant des années comme éclairagiste de scène, notamment au Gésu. Avec lui, Mme Jutras s'est occupée longtemps d'une compagnie de théâtre jeune public. L'envie d'éclairer leur jardin, une autre passion qu'ils partagent, les a menés vers l'éclairage d'ambiance et la création de leur entreprise, les Jardins Lumières.

«Je découpe le jardin en plusieurs scènes qui s'animent sous l'action de la lumière, explique Mme Jutras. D'une urne en fleurs, on peut faire un lampadaire végétal. Le mobilier extérieur peut être teinté par la lumière d'une couleur inspirée de la pièce de la maison qui est connexe. On va aller chercher une girouette sur une maison ou les petites pointes d'une clôture.» Étrangement, elle adopte avec les proprios la même démarche qu'avec des acteurs: elle essaie de cerner leur personnalité, parle avec eux du lieu, du contexte. «Où vivent-ils dans le jardin? Qu'est-ce qui les touche le plus dans leur environnement? Parfois, c'est une petite cabane d'oiseaux qui a une histoire particulière, une plante qu'ils chérissent. Ou ce meuble qu'ils ont rapporté de la Nouvelle-Angleterre. Ici, ils lisent le soir. Ce pommier, ils l'ont planté quand leur garçon est né. Le jardin parle de l'âme des proprios.» Alors que la plupart de leurs concurrents travaillent en bas voltage, Jardins Lumière utilise diverses technologies, y compris la fibre optique, habituellement limitée à l'environnement-piscine.

Dans la région montréalaise, Clément Pagé, de Splendeurs de Nuit, constitue pour plusieurs la référence en matière d'éclairage. Horticulteur, il a commencé à s'y intéresser en 1985 puis s'y est consacré exclusivement à compter de 1995 avec son fils, électricien: «Trop souvent, l'éclairage ne rend pas justice à la beauté du décor, déplore-t-il. Il faut savoir exploiter le côté artistique de la propriété et de son environnement et pour cela, on va jouer avec lumière et obscurité.»

 Sa clientèle, ce sont surtout de hauts salariés ou des chefs d'entreprise qui travaillent tard et qui, sans éclairage adéquat, ne pourraient pas vraiment profiter de leur aménagement extérieur: «Il ne suffit pas de mettre une lumière en haut d'un poteau et d'inonder la place avec une lumière drue. Un érable japonais qui lui-même semble illuminer autour de lui, une fontaine avec des angelots qu'on éclaire du haut et dont la texture ressort, une fougère qui devient gigantesque quand son ombre mouvante est projetée sur la maison, c'est un art.»

Quoi éclairer, de quel angle, avec quelle intensité, quel type d'éclairage employer, comment harmoniser les textures, les couleurs (même le blanc offre des teintes et des effets diffrents), sans compter la connaissance des plantes, essentielle puisque celles-ci grossissent, changent de forme et de couleur, etc., les questions sont complexes et souvent techniques. «Vendre du matériel d'éclairage, c'est payant et le faire installer, c'est facile, mais faire quelque chose d'artistique, c'est la coche de plus qui fait toute la différence. Et ça, c'est difficile», dit M. Pagé.

Longtemps formateur en éclairage des professionnels d'aménagement paysager, Sylvain Hétu, de Botaris, opine: «Il y a sans doute 10 entreprises qui en vivent au Québec et beaucoup qui y touchent, mais les vrais designers professionnels du domaine se comptent sur les doigts de la main.» Selon lui, il est facile de tomber dans le panneau: «Monsieur et madame Tout-le-Monde se laissent facilement impressionner par la forme et la beauté du luminaire plutôt que par l'effet qu'il va produire.»

Or, tous les spécialistes semblent s'accorder: si l'on excepte le luminaire-sculpture utilisé comme élément décoratif en soi (et encore, il ne devrait pas faire plus de cinq-six pieds tout compris pour ceux qui y tiennent), les sources lumineuses devraient être dissimulées. «Ce qu'on veut voir, ce sont les points focaux, les éléments vedettes, pas les projecteurs», dit M. Hétu.

Chez Art et Jardins, Marie-Andrée Fortier a une démarche artistique qui allie souvent sculpture et aménagement. Un éclairage adéquat devient alors essentiel: «La nuit, les objets prennent des dimensions différentes. Le tronc tordu d'un vieux lilas devient sculptural. Éclairée de bas en haut, une plante de six pieds change de personnalité. L'éclairage doit diriger les promeneurs, leur permettre de circuler sans trébucher, animer les aires de vie et mettre en valeur certains plantes ou objets de choix.»

Manon Tougas, de Verdi Design, aborde maintenant la question de l'éclairage dès la planification. «On ne pouvait pas en parler il y a 10-15 ans. À cette étape, les gens n'étaient pas prêts. Maintenant, ils en réalisent l'importance.»

Combien coûte un éclairage d'ambiance professionnel? Au moins 3000$ s'il s'agit d'un petit terrain urbain.

Erreurs à éviter et conseils de pros

 Si vous avez envie de vous lancer vous-mêmes dans le concept et la réalisation de votre éclairage d'ambiance, il y a tout de même certains écueils à éviter. Écoutons les professionnels:

 > Le pire concept, honni de tous les pros: «la piste d'atterrissage»: ces petites lampes vendues en kit et placées en rang d'oignons aux abords des sentiers et trottoirs. Elles n'éclairent rien, qu'elles-mêmes. Si l'on y tient absolument, se limiter à un seul modèle et distribuer les lampes autrement (pour cela, éviter les lampes attachées l'une à l'autre).

 > Pas question non plus de lampes solaires qui ne sont pas au point et constituent une dépense inutile puisqu'elles n'attirent l'attention que sur elles-mêmes.

 > Éviter aussi les projecteurs installés dans les corniches et qui forment un effet de triangle. Éblouissants et pas vraiment discrets.

 > Quand il est question de lumière extérieure, on en fait habituellement trop. Choisir les éléments à mettre en valeur et éviter d'installer une lumière partout où il y a un trou. De la même façon, on abuse trop souvent de l'intensité. On ne veut pas recréer la lumière du jour, mais rendre l'ambiance nocturne agréable. La sécurité sera tout de même assurée.

 > Dissimuler les sources lumineuses pour mettre plutôt en valeur les objets ou les plantes choisis.

 > Avoir un plan, un concept d'éclairage avant de se lancer dans les achats, déterminer d'abord la vocation de chaque aire du jardin et réfléchir à ce qu'on veut.

 > Commencer par l'arrière, où vous vivez le plus souvent.

 > Acheter du matériel de bonne qualité, pour éviter les bris et les dommages.

 > Au moment de l'aménagement paysager, faire installer des manchons sous les structures pour permettre le passage éventuel de filage. À cette étape, les coûts sont minimes et l'opération évitera d'immenses frais et maux de tête plus tard.

 

Photo fournie par Jardins Lumière

L'éclairage d'ambiance permet de profiter du jardin aussi bien la nuit tombée qu'en plein jour.